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  Vol. 298 No. 12, 26 septembre 2007 TABLE OF CONTENTS
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Que savons-nous de l'art? (... à 2007)

Jean Gavaudan, MD

L'art est indéfinissable. Il n'y a pas de début à l'art et personne ne peut décider de ce qui est beau et de ce qui ne l'est pas. Nous avons présenté chaque semaine des oeuvres avec une grande diversité. On ne peut toutefois réduire l'art à la dimension picturale que nous avons choisie pour illustrer les couvertures du JAMA-français. L'art va bien au-delà. Il est la pensée, le rêve, les sentiments de celui qui s'exprime par la palette, le canevas et les couleurs, mais aussi la musique, la forme, la dimension du monde qui nous entoure.

Dans l'art s'exprime à la fois la dimension sociale, l'éducation et le sentiment subjectif de chacun, de l'artiste à celui qui regarde.

Les époques ont parfois dicté l'expression. Des premiers hommes qui racontaient avec lyrisme leurs aventures sur les murs des grottes et qui nous ont laissé des souvenirs de la société primitive aux contraintes religieuses du Moyen-Age, l'art a malheureusement souvent été un outil aux mains (ou au profit) de quelques uns. Il a loué la grâce imaginaire des dieux de l'Antiquité dans un monde que l'on voulait philosophique par rapport à des mo eurs barbares, il a été érigé en témoignage de la puissance des rois du Nil, il a véhiculé la puissance de Rome et les exemples ne manque pas jusqu'au réalisme d'état des régimes fascistes ou au réalisme social des régimes communistes.

Mais l'art qui est toute forme d'expression, n'est-il pas aussi dans la simplification propre aux dessins de l'enfance et lorsque le poète s'exclame: « au fond de cette coupe où je buvais la vie, peut-être restait-il une goutte de miel », exprimet-il une souffrance différente qu'un Jason Pollock perdu dans l'univers emmêlé de ces grands tableaux au fil sans fin ou de l'interrogation d'un Rothko essayant d'équilibrer et de fixer un univers dans de grands rectangles.

Lorsque Bruckner et Gustav Mahler souffrent à Venise, ils nous livrent des pages sublimes. Mais cette souffrance dépressive qu'ils expriment par la musique, n'est-ce pas la même que l'on retrouve dans les peintures de certains malades mentaux qui livrent non seulement leur état d'âme, mais aussi le besoin de communication vers l'autre. Et lorsque l'artiste nous propose un point sur un fond sombre, n'est-ce pas un appel à communiquer avec celui qui regarde ce point?

En définitive, doit-on souffrir pour exprimer une forme artistique?

La réponse est probablement non. Franz Hals et les sourires de ses personnages nous invitent à la fête. Canaletto nous livre le témoignage d'un voyage au fil des canaux de Venise. Vivaldi est aussi le rire de l'Italie.

L'art n'est donc pas seulement souffrance, il est toutes formes.

Alors pourquoi l'art fut-il si monolithique à certaines époques? L'art a subi, comme toute forme de production, les nécessités fonctionnelles de la vie. Un artiste vivait et vit encore de son oeuvre. Les mécènes ont aidé l'art à se développer, mais ils l'ont aussi contraint. Les innombrables scènes de famille, portrait des uns et des autres, sont là pour nous rappeler que certaines artistes ont sacrifié à la nécessité du matérialisme et ceci nous permet de mieux apprécier la force de caractère et l'âme trempé d'autres artistes qui, à des époques de conformisme et d'académisme, ont tenu bon pour bouleverser les tendances et imposer la nouvelle vision de leur art. Le génie peut exister en dépit de tout.

Lorsqu'Einstein en 1916 décrivit la loi de la relativité, il allait contre les théories de son époque.

Lorsque Redon peignait le rêve, il était précurseur de la psychanalyse.

Enfin, lorsque Mondrian déstructure le monde et nous invite à le suivre dans son voyage infernal, il modernise la physique optique.

Ces réflexions nous incite à beaucoup de modestie vis-à- vis de l'oeuvre artistique. Il est encore trop fréquent d'entendre dire: « c'est horrible, ce n'est pas de l'art. » Qu'en sait-on et si cette forme d'art ne stimule aucune réaction chez le spectateur, n'est-ce pas aussi parce que celui-ci ne fait pas un effort de réflexion devant une chose inconnue, n'est-ce pas aussi parce ce même spectateur est figé dans ses contraintes sociales et éducatives qui l'empêchent d'accéder aux sentiments et à la pensée de l'artiste qui se dévoile devant lui. N'est-ce pas enfin un manque de communication?

On comprend souvent avec les bases de ce que l'on sait et si l'on sait peu, on comprend peu.

La compréhension de l'art demande un certain effort et une démarche qui se doit se faire sans préjugés.

En face d'une oeuvre, laissons-nous aller et essayons de comprendre ce qu'a voulu dire l'artiste et si l'on ne comprend toujours pas, faisons l'effort de parler et de discuter avec autrui, faisons-nous expliquer les raisons, les sentiments ou les rêves. Nous aurons alors franchi un grand pas vers la compréhension du monde qui nous entoure.

Faisons l'effort de comprendre ce qui se cache derrière la couleur et la forme.







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