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  Vol. 298 No. 14, 10 octobre 2007 TABLE OF CONTENTS
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Francisco Goya (1746-1828)

Jean Gavaudan, MD

Goya reste pour beaucoup d'amateurs de peinture un peintre hermétique, distant, dont le travail a du mal à être appréhendé. Une des raisons est peut-être parce que l'on connaît de lui d'abord des portraits, des quantités de portraits, portraits de silhouettes peu harmonieuses, de visages figés, de regards tristes. Vie des personnages de la Cour dans une Espagne traversant une période troublée et qui connut trois ou quatre royautés, une guerre civile, une guerre de libération, une réaction autocratique. Une autre raison est que l'on retient de Goya les tableaux sombres de la fin de sa vie, ceux marqués par le mystère religieux, les arts magiques, les âmes noires ou grises, les tortures.

Mais la raison principale est que l'œuvre de Goya semble présenter de nombreuses contradictions. Ces contradictions, nous les devons à sa vie et à sa pensée.

Goya, c'est toute la clarté de l'Espagne, les couleurs, la vie, la poussière et les cris des corridas, la fureur des combats. C'est ce peintre-là dont il faut voir les tableaux. Ceux-ci nous racontent l'histoire de son époque. De la vie à la Cour d'Espagne avec les descendants des Habsbourg, de Madrid transformée par les Bourbons, des courses de taureaux dans l'arène ou dans la ville qui nous disent l'histoire et le patrimoine de cette péninsule. Goya, c'est aussi ces femmes en mantille, sur les balcons ou dans les salons, ce sont ces regards noirs et fiers, c'est ce peuple espagnol qu'il fait vivre en opposition aux personnages de la Cour, ternes, effacés, tristes. Car Goya est là.

Libre penseur, il a su avec habileté passer à travers les mailles de l'Inquisition, de la royauté de Ferdinand lorsque celle-ci pleine de morgue s'installe à Madrid avec l'appui des français, puis se réinstalle après le départ de ceux-ci.

Et pourtant, Goya reste un libre penseur qui déteste l'autorité sous toutes ses formes, qu'elle soit militaire, politique ou religieuse. Goya n'aura de cesse de la peindre en la caricaturant et on peut avec raison se demander comment ce peintre a pu proposer ces œuvres sans que personne ne s'offusque de ce qu'il peignait. Il a bien été inquiété lorsqu'il a peint la Maja nue, mais si peu. Il a bien été interrogé après la chute de Napoléon, mais n'avait-il pas peint Joseph Bonaparte à partir d'une médaille et non pas en pied. Bref, un maître du pinceau, mais aussi un maître de l'esquive.

Goya est et reste un peintre social, un avant-gardiste dans l'utilisation des couleurs et des scènes et bien qu'il demeure figuratif, une part de rêve commence à s'introduire dans son œuvre.

Goya influencera un nombre considérable de peintres européens, à commencer par Edouard Manet, mais aussi Courbet, Millet, Delacroix et bien d'autres encore.

C'est peut-être là le paradoxe. Voilà un peintre qui marque son époque, mais qui ne sera vraiment révélé au grand public qu'à la fin du 19ème siècle lorsque ses œuvres seront exposées. Ce n'est qu'en 1900 que l'Espagne reconnaîtra son génie en lui consacrant toute une exposition.

Goya aura eu une vie sociale agitée et pleine, des enfants de différentes femmes, une pension royale confortable et une retraite bordelaise tranquille bien que courte.

Pour ceux qui s'intéressent au fonctionnement sensoriel, faut-il croire, comme certains le disent, que Goya n'est devenu grand qu'après sa maladie de 1792 qui allait le priver de ses capacités auditives. Probablement pas.

Goya a peint précocement des fresques religieuses, dont l'inspiration doit beaucoup aux écoles italiennes, notamment Tiepolo, des tableaux pleins de vie et de couleurs comme ses « Petits Géants » ou son « Mannequin de paille » ou ses « Quatre saisons ».

Mais, il est certain que cette infection qui allait le priver d'audition reste pour beaucoup un tournant dans la vie de Goya. On ne sait d'ailleurs pas ce qui s'est exactement passé. Goya a développé de la fièvre, a été à peine conscient pendant de nombreux jours et ne pouvait à son réveil ni parler ni entendre. On a parlé à cette occasion d'infection de l'oreille, il est plus probable qu'il a peut-être eu une méningo-encéphalite.

Ce n'est pas sa peinture qui changera après cet épisode, c'est sa vision du monde. Il deviendra beaucoup plus introspectif, plus solitaire, comme beaucoup de malentendants et c'est un dialogue avec lui-même que le peintre entamera. Il sera un spectateur déchiré de l'Espagne écartelée. Son expression sera la peinture.







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