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  Vol. 298 No. 17, 7 novembre 2007 TABLE OF CONTENTS
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Jean-Baptiste Greuze (1725-1805)

Jean Gavaudan, MD

Né en Bourgogne à Tournus, un été pluvieux, marqué par des dégâts et l'installation d'une disette dans le Nord de la France, Greuze ne savait évidemment pas lors de sa naissance qu'il finirait sa vie pratiquement dans les mêmes conditions que celles ayant marqué sa naissance.

Ce jour-là, Greuze arrive pourtant au monde dans une famille aisée de Bourgogne, à l'époque d'un jeune roi, Louis XV, qui, quelques jours après la naissance de Greuze, épousait une polonaise, Marie Leszczynska, fille du roi de Pologne Stanislas Leszczynski. Il restait 64 ans à vivre à la Royauté.

Mozart n'était pas encore né, mais Jean Sébastien Bach offrait ses « Suites Anglaises ».

Le monde était dur, la noblesse dorée, le peuple souffrait de disette, les états avaient provisoirement remis leur épée au fourreau. Une certaine stabilité s'était installée dans le pays et en Europe.

Et Greuze dans tout cela?

Sera-t-il peintre? Rien n'était moins certain. De nombreux biographes ont écrit qu'il s'était formé lui-même, sans aucune aide. Probablement pas. Un certain Grandon, peintre portraitiste lyonnais, a contribué à sa formation et lui a permis, en l'emmenant avec lui, de découvrir Paris, mais aussi de suivre des cours à l'Académie Royale.

Greuze aurait pu commencer plus mal. Il a une bonne étoile qui veille sur lui. Il arrive ainsi dans la vie que certains aient une voie toute tracée, une chance qui s'acharne sur eux. Destin ou circonstances? Que la chance se soit acharnée sur Greuze, c'est vraiment le terme. Car, Greuze aura toujours eu un caractère difficile et ses relations avec l'Académie Royale où il finira par entrer n'auront jamais été des relations cordiales et faciles.

J.B. Greuze est un têtu, il veut être considéré comme un peintre historique. On le prend pour un peintre de genre. Il s'entête et présente à l'Académie "Sévère et Caracalla". Ce tableau est voisin de deux autres de ses compositions: le portrait de "Jeaurat" et son admirable "Petite Fille au chien noir". Heureusement pour lui. L'Académie l'accepte comme l'un de ses membres, en tant que peintre de... genre.

Greuze est furieux, mais se contient, surtout lorsque le Directeur de l'Académie, le jour de sa réception lui dit: « Monsieur, l'Académie vous a reçu, mais c'est comme peintre de genre; elle a eu égard à vos anciennes productions, qui sont excellentes, et elle a fermé les yeux sur celle-ci, qui n'est digne ni d'elle ni de vous. » La phrase était dure, mais on savait encore à cette époque dire les choses telles qu'elles étaient et non pas telles qu'on voulait les entendre. A partir de ce jour, Greuze ne cessera de se quereller avec ses pairs. Il finit par ne plus exposer.

Greuze a été à la fois fortement critiqué (voir Diderot) et adulé dans sa vie. La force de sa peinture tient dans ses peintures de genre, mais, plus que sa peinture, que beaucoup trouveront artificielle, Greuze trouve sa force en ses modèles. On lui reprochera une exagération mélodramatique. Son dessin est toutefois fin et brillant, sa peinture est fraîche, sensuelle, vigoureuse à certains moments, et ses sujets donnent une impression de douceur, de santé, de jeunesse. Quand on voit ses autoportraits, on peut se demander si Greuze n'a pas peint ce qu'il n'était pas ou a peint ce qu'il aurait voulu être. A une époque de libertinage, Greuze a souvent pris le thème de la virginité comme élément de ses tableaux. Virginité brisée et évoquée de façon symbolique par des cruches brisées ou autres allusions. La peur de dire tout haut ce qu'il pensait tout bas en somme. Le peintre cachait un homme qui cachait ses désirs.

Dans le portrait présenté, Greuze a-t-il peint Mozart lorsque celui-ci est venu à Paris dans un anonymat quasi-complet, un Paris qui ne le verra pas ou qui l'ignorera? Ce portrait est d'une origine douteuse comme beaucoup de portraits de Mozart. Il est daté de 1763-1764. Mozart aurait donc eu 4 ou 5 ans. En dépit de la précocité de son génie, aidé par son père Léopold, le jeune garçon du portrait paraît plus âgé. Effet de la maturité ou faux portrait de Mozart? Ceci n'a jamais été confirmé et le doute est de rigueur bien que le style s'apparente à celui de Greuze.

Mais, la Révolution est là, Greuze n'est pas noble. Il sauvera sa tête. En 1804, l'Académie ouvre ses portes à tout le monde, l'époque de Greuze est passée. Malgré un portrait de Napoléon Bonaparte, il meurt au Louvre dans un grand dénuement le 4 mars 1805.

La chance l'avait abandonné ou son caractère l'avait rattrapé. Une époque tourmentée avait emporté un autre siècle et ses sujets avaient disparu avec lui. Le temps des tambours, du canon et des drapeaux était venu. Greuze, le sophistiqué, celui des derniers rois, disparaissait à 80 ans avant de voir Austerlitz. Le Louvre l'avait recueilli, Le Louvre aujourd'hui l'expose. C'est une invitation à aller le revoir et admirer son style, si contemporain de Louis XV.







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