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  Vol. 299 No. 4, 30 janvier 2008 TABLE OF CONTENTS
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Peter Johannes Brandl (1668-1739)

Jean Gavaudan, MD

Peintre longtemps oublié, redécouvert avec la fin du communisme et la chute du rideau de fer, Peter Johannes Brandl appartient au baroque tardif. Transition entre le baroque et le style rococco.


Figure 1
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Peter Johannes Brandl, Saint Paul, vers 1725, Allemand ©Galerie Nationale, Prague


Brandl était un peintre célèbre en Bohème. Allemand, il est aujourd'hui classé avec les peintres tchèques. Les frontières qui se déplacent font-elles varier l'appartenance des artistes ? Probablement pas.

Brandl était bien allemand comme la majorité des élites citadines en Bohème.

Né en 1668 au moment où Vermeer est à son apogée dans les Provinces Unies, il semble qu'il soit arrivé dans une famille d'artisans et que son père ait été orfèvre.

Il fait son apprentissage entre 1683 et 1688 avec Kristián Schröder (1655-1702), peintre et administrateur des collections de peintures du Château de Prague, peintre à la Cour, qui formera de nombreux peintres et sculpteurs bohémiens. Kristián Schröder est aussi connu pour être devenu le beau-père de Jan Blazej Santini-Aichel, en lui donnant sa fille, Véronique-Elizabeth en mariage. Jan Blazej Santini-Aichel, architecte et élève de son beau-père, sera l'inventeur du baroque gothique.

Le baroque, du portugais barocco, désignait initialement une perle irrégulière. Ce n'est que plus tard (au 19ème siècle) que le terme fut accolé à un style par les critiques d'art.

Ce style, qui a comporté des peintres célèbres comme le Caravage ou Rubens, a connu ses prémices avec le grand Michel-Ange. Faits d'empâtements souvent lourds, le style comporte une tension, une exubérance et une grandeur qui tendent à le rendre pompeux. Dramatique, chargé, il convient à l'église catholique qui désire mettre en scène de manière spectaculaire, les grandes épopées de la Bible. Se manifestant ainsi, il devient l'expression de l'art catholique, un art de contre-réforme contre lequel un art protestant verra le jour dans les régions du nord de l'Europe. Mais le Baroque qui a sévi sur deux siècles a connu trois périodes, l'une ancienne, l'une moyenne et enfin la dernière tardive qui se prolongera par le rococco et le néo-classicisme.

Brandl appartient à la dernière période du baroque. Comme tout peintre baroque, Brandl utilise un clair-obscur accentué avec des empâtements chargés et des compositions dramatiques. Bien que les oeuvres de Brandl soient inspirées pour la plupart par des thèmes religieux, il a également peint des motifs de la vie de tous les jours ainsi que de nombreux portraits.

J.Q. Jahn écrivit de Brandl: « Il modelait dans la boue des personnages et des groupes entiers de personnages, pour mieux y lire réfraction de la lumière et le jeu des ombres. »

Aujourd'hui réhabilité et mieux connu grâce à la chute du rideau de fer, il restera surtout célèbre pour ses compositions religieuses ou ses portraits comme le « Buste d'un apôtre » que l'on retrouve au Musée de Prague ou « Saint Paul » également au Musée de Prague que nous présentons en couverture.

Composition dramatique, chargée d'émotion et de tension. Saint-Paul, vêtu de riches draperies, où le bleu rappelle le ciel, pointe son doigt vers le haut. Il harangue probablement une foule, peut-être les Corinthiens.

Paul ou Saül de Tarse était né en Cilicie, mais pour d'autres il serait né en Judée et aurait migré avec ses parents en Cilicie à Tarse, actuellement en Turquie, et s'était converti après que Jésus lui soit apparu. Né juif, il avait été envoyé par ses parents vers 12-13 ans à Jérusalem. Défenseur ardent de la foi juive, il rejoignit les rangs des persécuteurs des premiers disciples du Christ. Il participa à cette période à la lapidation d'Étienne et se rend à Damas vers 33 A.D. pour participer à la persécution des premiers disciples du Christ, mais sur la route de Damas, le Christ lui apparaît. Il reste aveugle pendant 3 jours, puis guéri par Ananie, disciple du Christ, se convertit définitivement au christianisme et part prêcher auprès de ses coreligionnaires juifs l'arrivée du Messie, car son prêche s'adresse d'abord aux Juifs, puis timidement aux non juifs, non circoncis, alors considérés comme impurs.

En revenant à Jérusalem, après son troisième voyage, qui l'avait mené de la Turquie à la Grèce, des conflits éclatent avec ses compatriotes juifs et amènent son arrestation, mais arguant de sa citoyenneté romaine, il est déporté vers Rome pour y être jugé par l'Empereur. Il y mourra décapité, en 63 ou 64 A.D, sous le règne de Néron, après l'incendie de Rome.

En 50, lors de son deuxième voyage, il passe par Thessalonique, alors cité libre. La ville est florissante, très cosmopolite. Paul tentera de rallier dans ses épitres de nombreux païens, prosélytes et juifs à la nouvelle foi chrétienne. Son oeuvre est brutalement interrompue par la réaction de la colonie juive. Certains provoquent des troubles et accusent les prédicateurs d'agir contre les décrets impériaux, traînant certains chrétiens devant les magistrats.

Paul décide de fuir vers Bérée et de Bérée à Corinthe.

Il quitte une communauté à peine naissante ; ce demi-échec explique peut-être son inquiétude et la violence de son ton avec les Juifs.

On retrouve là encore dans le tableau de Brandl tous les ingrédients nécessaires à la propagation de la foi catholique, peut-être devrait-on dire à la propagande de la foi catholique romaine. Un Paul exhortant, tonnant, montrant du doigt, puissant et inquiétant. Il est Dieu. D'un balcon, il domine. Ce tableau est extrêmement différent de celui peint par Rembrandt qui nous montre un Paul, assis, devant un livre, calme et serein, très intellectualisé dans la peinture de Rembrandt, très physique dans celle de Brandl. Les compositions de Brandl dégageront toujours cette force physique, synonyme de la toute puissante église catholique romaine.

A 33 ans, Brandl épouse la fille d'un peintre avec laquelle il aura trois enfants. Artiste connu, il vit aisément, mais mène un train de vie élevé et une vie instable. Vers la fin de sa vie, il s'établit dans les Kuttenberg, où il meurt, malgré son succès, dans la pauvreté.







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