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  Vol. 299 No. 5, 6 février 2008 TABLE OF CONTENTS
  Éditorial
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La maladie périodontique destructrice, usage du tabac et du cannabis

Philippe P. Hujoel, PhD

La péridontolyse est une maladie qui se caractérise par une perte des éléments de soutien des dents et qui peut entraîner une mobilité, une migration et un déchaussement éventuel des dents. Chez 20 % des patients atteints de parodontie et ayant recours aux soins d’un spécialiste, la maladie a un impact négatif sur les plaisirs de la vie (tels que manger, se détendre, sortir) de même que sur la jouissance d’un état général sans douleur, gêne et conscience de soi.1 Aux États-Unis, la prévalence de la parodontie destructrice ou péridontolyse est passée de 7 % en 1988 à 4 % en 1999 et 2000.2 En 1999, les coûts de traitement et de prévention de la péridontolyse atteignaient environ 14 milliards de dollars.3

Pendant la plus grande partie de la seconde moitié du XXe siècle, la péridontolyse a été considérée comme une maladie apparaissant après l’âge de 35 ans, causée principalement par la plaque dentaire et sans véritable relation avec les habitudes de vie d’un individu. Ces hypothèses étaient pour la plupart fondées sur des études effectuées sur des animaux, sur des études sur la gingivite et des études descriptives, et non pas sur des études épidémiologiques contrôlées sur la péridontolyse.

Dans ce numéro de JAMA, Thomson et ses collaborateurs4 présentent les conclusions d’une étude de cohorte pouvant potentiellement contribuer à éliminer certaines idées bien ancrées et à adopter une approche plus factuelle pour comprendre l’étiologie de la péridontolyse, notamment le rôle joué par l’usage du cannabis dans la maladie. Cette étude de cohorte portait sur 903 participants et les données sur l’usage du tabac et du cannabis enregistrées par les participants eux-mêmes étaient réunies à 18, 21, 26 et 32 ans. Des examens dentaires de la moitié de la bouche et de la bouche complète ont aussi été effectués à l’âge de 26 et 32 ans respectivement. La mesure de la fréquence moyenne de l’usage du cannabis à chacun des 4 examens était associée à une perte d’attache ou déchaussement (une mesure linéaire de la destruction du soutien parodontal), qui est une mesure de substitution de la péridontolyse. À l’aide de cette mesure de substitution, les auteurs ont découvert que l’usage du tabac et du cannabis était associé à une incidence accrue de la péridontolyse avant l’âge de 32 ans, alors que cette association n’existait pas pour la plaque dentaire.

Les points forts de cette étude comprennent notamment une cohorte de naissance représentative, la forte proportion de participants ayant bénéficié d’un suivi dentaire (88 %), les relations fréquence/effet entre l’usage du cannabis et la péridontolyse chez les participants n’ayant jamais fumé de tabac. La limite inférieure de confiance du risque relatif étant proche d’une valeur nulle, des biais causés par les facteurs de confusion tels que les facteurs de mode de vie associés à l’usage du cannabis et à la causalité inversée sont à envisager. La plaque dentaire et le statut socio-économique ont été mesurés après la ligne de base et après que la destruction parodontale se soit produite, et non pas à la ligne de base ou avant la maladie incidente, comme c’est généralement le cas dans les études de cohortes. Puisque les examens parodontaux ont été effectués 8 ans après la ligne de base, la cohorte, à la ligne de base, peut avoir été composée d’un groupe d’individus présentant ou non des signes de péridontolyse, au lieu de se composer d’individus sains au début du suivi.

Les soins dentaires et la perte d’attache ont été constatés entre 26 et 32 ans, de sorte qu’il est difficile de déterminer ce qui s’est produit en premier. La perte des dents à la ligne de base ou pendant le suivi (le résultat dentaire final) et sa relation potentielle avec l’usage du cannabis n’ont pas été signalées. En raison de ces facteurs, la séquence temporelle cause/effet a été difficile à démêler et peut avoir contribué aux biais. Comme les auteurs l’indiquent, il sera important de vérifier ces nouvelles conclusions sur l’usage du cannabis par des études parallèles auprès d’autres populations. Si des études ultérieures confirment que l’usage du cannabis est un facteur potentiel contribuant à la péridontolyse, celles-ci peuvent alors fournir l’occasion de déterminer quels éléments communs au tabac et au cannabis sont liés aux dommages parodontaux.

Les conclusions de l’étude menée par Thomson et ses collaborateurs ne font que s’ajouter aux nombreuses autres prouvant que la péridontolyse apparaît à un âge beaucoup plus jeune qu’on l’avait supposé. L’obésité a été associée à des signes de parodontopathie chez des individus âgés de 17 à 21 ans.5 Une déficience du métabolisme du glucose a été associée à la péridontolyse chez des individus âgés de 12 à 18 ans.6 L’étude menée par Thomson et ses collaborateurs confirme non seulement que le tabagisme est associé à l’apparition de la parodontopathie destructrice avant l’âge de 35 ans4,7, mais qu’il peut être le « facteur de risque comportemental primaire » de la péridontolyse.8 Toutefois, dans l’étude menée par

Thomson et ses collaborateurs, la plaque dentaire était, pour paraphraser Sir Arthur Conan Doyle, « le chien qui ne jappait pas » ou du moins pas très fort. La péridontolyse incidente n’était pas associée à la plaque dentaire, alors que la péridontolyse prévalente était liée de manière inconstante à la plaque dentaire (tableau 5 de l’article). L’absence d’une association solide entre la plaque dentaire et la péridontolyse est cohérente avec un examen systématique de ce sujet.9 Bien que la plaque dentaire puisse jouer un rôle dans la prévention secondaire de la péridontolyse, il devient de plus en plus évident qu’une approche factuelle de la prévention primaire de cette maladie doit inclure la prévention et l’abandon du tabagisme de même que l’adoption de bonnes habitudes alimentaires.

Tout comme la mort du canari dans la mine de charbon annonçait une situation potentiellement très grave, la péridontolyse pourrait être un signe avant-coureur d’une maladie chronique non transmissible, comme il l’a été suggéré il y a de cela 34 ans.10,11 Le tabagisme et les mauvaises habitudes alimentaires entraînent une péridontolyse de même que des maladies chroniques non transmissibles telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires et certains cancers se développant à un âge adulte avancé. La présence d’importants facteurs causals communs suggère la nécessité d’une approche synergique visant à prévenir une grande proportion des cas de péridontolyse et de maladies chroniques non transmissibles. La prévention primaire de la péridontolyse devrait contribuer à faire chuter la prévalence des maladies chroniques non transmissibles et la prévention primaire de ces dernières devrait contribuer à faire chuter la prévalence de la péridontolyse. Le dernier cas est peut-être déjà une réalité. En effet, la réussite des programmes de prévention et d’abandon du tabac destinés à réduire le taux de mortalité lié au cancer et aux maladies cardiovasculaires peut avoir fait diminuer par inadvertance l’incidence de la péridontolyse avant même que le tabagisme n’ait été reconnu comme étant une cause de la péridontolyse.

De manière similaire, les politiques et priorités de recherche en matière de soins dentaires destinées à la prévention primaire de la péridontolyse peuvent contribuer à faire diminuer l’occurrence de maladies chroniques non transmissibles. Les organisations de professionnels des soins dentaires se sont impliquées dans les politiques et programmes en informant le public sur les « aliments vides » bourrés du sucre et sur les soins dentaires, en faisant la promotion de programmes d’abandon du tabac dans les cabinets de dentiste, en modifiant les habitudes de vie, en augmentant la disponibilité et la consommation d’aliments sains11 dans les programmes scolaires, et en référant les patients à un médecin lorsque des signes dentaires semblent suggérer un usage abusif des drogues, par exemple, les caries associées à la prise de méthamphétamines. Les conclusions rapportées par Thomson et ses collaborateurs suggèrent que l’usage du cannabis peut s’ajouter à la liste des drogues à usage récréatif ayant des conséquences potentielles sur la santé des dents.

La prévention primaire de la péridontolyse (et de la carie dentaire) peut engendrer des bienfaits allant bien au-delà de la santé dentaire et avoir de plus grandes implications pour la santé générale que ce que nous avions cru.

En résumé, Thomson et ses collaborateurs ont fait état de conclusions indiquant que l’usage du tabac et (potentiellement) celui du cannabis étaient associés à des signes certains de péridontolyse pouvant être détectée chez les jeunes adultes, bien avant qu’apparaissent d’autres maladies liées au tabagisme telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires et certains cancers. Compte tenu de la prévalence élevée des soins dentaires chez la population jeune des États-Unis, la profession dentaire a l’occasion de détecter les signes cliniques précoces d’habitudes de vie malsaines, notamment l’usage abusif potentiel de drogues, et peut ainsi contribuer, en collaboration avec les médecins, à relever le défi que représente la réduction des maladies chroniques non transmissibles.11,12

Les éditoriaux représentent l’opinion des auteurs et du JAMA, non celle de l’American Medical Association.


Informations sur les auteurs

Correspondance : Philippe P. Hujoel, PhD, Department of Dental Public Health Sciences, School of Dentistry, University of Washington, Box 357475, Seattle, WA 98195 (hujoel{at}u.washington.edu).

Liens financiers: Aucun signalé.

Affiliation de l’auteur : Department of Dental Public Health Sciences, School of Dentistry, University of Washington, Seattle.

Voir aussi p 525.


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