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  Vol. 299 No. 6, 13 février 2008 TABLE OF CONTENTS
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Après la pose


Figure 1
Sven Richard Bergh, Après la pose, 1884, suédois. © Musée de Göteborg

Quelle relation entre Richard Bergh et Grez-sur-Loing près de Fontainebleau. Quelles relations entre Karl Nordström, Anders Zorn, Carl Larsson, Bruno Liljefors, August Strindberg, Richard Bergh, Hanna Pauli, Karin Bergö, Julia Beck et Grez-sur-Loing ? Comment une telle colonie de peintres nordiques a-t-elle pu arriver dans ce petit village où se trouve aujourd’hui la fondation « Chevillon » de Göteborg. Il y a une dizaine d’années, cette Fondation achetait l’hôtel de la mère Chevillon à Grez-sur-Loing et après une rénovation complète, inaugurait l’hôtel Chevillon en 1994 qui contient aujourd’hui trois ateliers, six appartements, deux chambres simples. Pour comprendre cet itinéraire, il faut revenir dans les pays nordiques, et notamment en Suède, vers 1850-1860.

La Suède est alors un pays rude, à majorité paysanne, rustique et, dans le domaine de la peinture, sous l’influence de l’école allemande de Düsseldorf et de ses tendances semi-réalistes depuis 1850-1860.

C’est un sentiment nationaliste qui va pousser l’art suédois vers une forme d’impressionnisme nordique. Le premier, Alfred Wahlberg, sur les conseils du souverain de l’époque, Karl XV, part pour Paris. Karl XV, peintre de talent, éprouvait une aversion profonde pour Bismarck. Partisan du Scandinavisme, il ne pouvait que s’opposer à Bismarck. Il n’était d’ailleurs pas le seul en Europe à détester celui qui fut malgré tout un grand personnage de l’histoire allemande.

Les peintures d’Alfred Wahlberg joueront un rôle prépondérant. Elles inspirent Carl Fredrik Hill, l’un des grands peintres paysagistes suédois, qui vient à Paris, et rencontre Corot, Manet et certains autres impressionnistes. Pour Hill, l’impressionnisme est le courant le plus « réaliste ».

Mais c’est réellement en Finlande, en 1870, que les prémices du mouvement impressionniste naissent dans les pays nordiques. Bernt Lindholm, peintre finlandais, dans un article journalistique, narre sa rencontre à Paris avec des peintres, « partisans du chromatisme ». En 1874, ces peintres, qui mettent en valeur les couleurs au détriment du motif deviendront les impressionnistes.

Leur influence est nette sur les paysagistes du nord de l’Europe.

Dès 1880, ils sont plusieurs à migrer vers la France et à se regrouper à Grez-sur-Loing, près de la forêt de Fontainebleau.

Les Norvégiens d’abord avec Christian Skredsvig et Christian Krogh, puis une importante colonie suédoise : Karl Nordström, Anders Zorn, Carl Larsson, Bruno Liljefors, August Strindberg, Richard Bergh, Hanna Pauli, Karin Bergö, Julia Beck.

Tous se regroupent soit à la pension « Laurent » soit à l’hôtel de la mère Chevillon.

L’école de Grez-sur-Loing était ainsi créée.

Richard Bergh est né en 1858 à Stockholm, dans un milieu d’artistes aisés. Il étudie à l'Académie des beaux-arts de Stockholm, avant de se laisser tenter par l’aventure française. C’est ainsi qu’il retrouve en 1880, à Paris, en Bretagne et à Grez-sur-Loing, les peintres scandinaves.

Bergh, comme tant d’autres, avait été profondément influencé par la visite de Claude Monet en Norvège et par celle de Gauguin au Danemark, sa femme, Mette, étant danoise. Gauguin avait d’ailleurs laissé une importante collection personnelle de tableaux impressionnistes lors d’un séjour au Danemark. Cette collection personnelle permettra de mettre sur pied une exposition en 1893 à Copenhague sur le thème, Gauguin-Van Gogh.

Richard Bergh arrive en France à une époque où commence à percer le symbolisme. Les peintres nordiques vont vite adhérer à cette nouvelle forme d’expression et Bergh va évoluer vers une peinture proche de l’intuition et de l’imagination.

Il dirige alors le mouvement d'opposition contre l'Académie suédoise.

Mais Richard Bergh, comme de nombreux peintres de cette époque, est sujet aux « ismes » des mouvements de peinture. Il penche un temps pour le réalisme, puis pour l’impressionnisme, s’oriente enfin vers un symbolisme très expressif. En 1893-1896, il fonde avec Karl Nordström et Nils Kreuger " l'école de Varberg ", sous l'influence de Gauguin.

Ses peintures deviennent monumentales, comme dans Soir d’été du Nord. Certaines demeurent plus intimistes comme celle présentée : Après la pose (1899-1900, Musée de Göteborg). Il existe une particularité nordique dans l’impressionnisme développé par ces peintres. Certains ont parlé de l’expression de l’impressionnisme. D’autres ont dit que les peintres nordiques étaient passés directement du réalisme au symbolisme. Il est probable qu’ils ont emprunté aux peintres de cette époque un peu de tout pour créer l’impressionnisme nordique. « Ils y trouveront le chromatisme des couleurs, l’intensité des coloris, la technique par petites touches et les taches de couleur pour obtenir une vision subjective de la réalité. » (Torsten Gunnarsson).

Ils viennent de fonder le romantisme nordique.

Ce particularisme se retrouve dans les ambiances créées (crépuscule, soleil de minuit, nuit polaire). Dans le tableau Après la pose, ce genre d’atmosphère est très prégnante, journée longue, soirée tardive, couleurs chaudes, une jeune fille après avoir posé pour un tableau, écoute un violoniste jouer (peut-être le peintre lui-même). Elle va passer ses bas, seule présence de bleu dans ces couleurs du nord de l’Europe. Le bois dont est constituée la maison, comme de nombreuses maisons nordiques actuelles, achève de donner une intimité particulière à ce tableau. Mais, dans cette intimité, on ressent la nostalgie des pays aux longs hivers et aux courts étés. L’ensemble évoque le calme et la paix, peut-être trop de calme et trop de paix. Seule la musique du violon pourrait briser ce silence pictural et studieux.

Bergh poursuit ses recherches et théorise beaucoup sur le sens de sa lutte qu’il assimile aux travaux d’Ibsen d’une part et à la montée des mouvements sociaux européens d’autre part.

On sait ce qu’il advint. Parallèlement aux mouvements sociaux de cette époque troublée, la montée des nationalismes allait emporter le monde du 19ème siècle et le faire entrer de façon sanglante dans le 20ème siècle.

Mais Bergh, depuis, a évolué. Son activité principale concerne maintenant le portrait.

Il devient professeur et préconise des formes d'enseignement non conformistes.

Puis, nommé Directeur du Musée National de Stockholm, à partir de 1915, il réforme radicalement la pédagogie de l'art et l'initiation du peuple à la culture.

Bergh s’éteint à Stockholm en janvier 1919. Il a 61 ans.

Un grand peintre venait de passer. Connu dans le monde entier aujourd’hui, il est moins célèbre que les impressionnistes français ou américains. Mais le changement radical qu’il a apporté à l’art pictural nordique laissera une profonde trace et ouvrira la voie au symbolisme.

Jean Gavaudan, MD







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