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  Vol. 300 No. 3, 16 juillet 2008 TABLE OF CONTENTS
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Pont Alexandre III


Figure 1
Helène Goutay, Pont Alexandre III, français. © Galerie Atelier B, 9, rue Terrasse Clermont-Ferrand, France

La ville est restée un sujet architectural pendant de nombreux siècles et les représentations que nous en avons sont soit idéalisées dans des délires mélangeant l’inspiration hellénique et romaine à des thèmes bibliques ou mythologiques soit des plans rigides et froids, œuvres d’architecte exécutées sur commande.

On comprend bien entendu que cette vue restreinte de la vie ait été la conséquence d’une liberté étroitement surveillée à des périodes incertaines et des âges où l’artiste ne disposait que de peu d’espace créatif.

Il fallu attendre le 19ème siècle pour que la ville s’installe définitivement dans le cadre de la peinture libre. Les grandes rénovations de Paris sous Napoléon III ont sans aucun doute joué un rôle important dans cette orientation.

C’est d’abord Caillebotte qui peint le pont de l’Europe, c’est Monet qui multiplie les vues de la gare Saint-Lazare. Pissaro nous fait plonger sur le boulevard de Montmartre et sur celui de l’Opéra. La ville devient un lieu de flânerie, on y marche, on s’y promène, les premiers embouteillages sont couchés sur la toile. Les femmes arborent des toilettes élégantes. Les peintres cachent les cicatrices et les misères d’une ville en transformation.

La France exhibe avec fierté sa Tour Eiffel, qui défie le ciel et qui inspirera de nombreux artistes (Seurat 1889, Delaunay, 1912-14)

Ce que nous voyons de la ville est alors un progrès formidable vers les siècles de la modernité. Le tissu social est uniforme. On montre le beau, on oublie le laid et les murs lépreux. Les impressionnistes entrent en scène, leur ville est idéalisée. Le sujet ayant moins d’importance que la couleur, c’est cette dernière qui enrobe et cache ce que l’on ne veut pas voir. Les banlieues ne sont pas encore celles des graffitis. Les ponts traversent des rivières où la lumière vient jouer en taches légères. Nous sommes loin du tumulte de la ville.

Le siècle se déroule lentement et pour la première fois, une réflexion commune réunit les artistes et les architectes : Mondrian et Van Desburg oeuvrent ensemble dans le mouvement De Stijl (Pays-Bas), Kandinsky et Gropius au Bauhaus (Allemagne), Malevitch et Lissitzky dans le constructivisme russe.

Avec le progrès on prend de la hauteur, Crali, nous offre un « En piqué sur la ville » (1939) dans lequel se projette le spectateur, tel un avion qui plonge vers les immeubles. Les peintres américains introduisent le réalisme loin du constructivisme russe, mais qui met en valeur les côtés sombres de la ville. Hopper traîne sa mélancolie dans des villes fantômes où rien ne se passe.

Mais la ville progresse et vit, elle bouillonne, la circulation automobile l’envahit. Ce ne sont plus les calèches qui la traversent, mais ces artères qui la trouent et l’alimentent comme de grands vaisseaux qui irriguent un corps qui palpite. Hans Stein, avec « Autoroutes urbaines au coeur de Berlin » (1973) l’enferme dans un anneau qui se replie sur lui-même.

La ville est aussi un lieu de vie et de contestation. On y travaille, on y dort, on s’y déplace, mais on y proteste aussi. L’expression moderne sous la forme de tags et de graffitis est précédée par Villegié qui crée à partir de signes hiéroglyphiques « L’alphabet de la guérilla urbaine » (1983).

Dans le tableau présenté sur cette couverture. Hélène Goutay, jeune peintre franco-américaine, peint le pont Alexandre III. Le danger de ce tableau aurait été de nous donner le Paris des touristes, de ces gravures tant et tant reproduites.

Hélène Goutay a choisi de le voir autrement. Le pont Alexandre III est ici un défi au ciel qui nous entoure. Les colonnes se dressent vers les cieux comme un poing qui troue les nuages et parlent de mythologie. Les chevaux ailés, le meilleur ami de l’homme, s’envolent aussi dans l’éther. Dans ce mélange de couleurs vives, à la fois agressives et harmonieuses, Hélène Goutay nous donne sa vision du pont Alexandre III. Avec des racines profondément enfoncées dans le sol par ses piliers, le pont s’élance dans sa splendeur et tutoie la voute céleste. Cette magnifique réalisation récemment exposée (voir www.atelierb.org) nous rappelle que l’homme peut être aussi capable de réalisations qui dépassent et transcendent les petitesses dont il est coutumier.

Hélène Goutay est née à Paris en 1967 et après un diplôme en architecture intérieure de l'école Camondo (Paris), elle part aux Etats-Unis où elle travaille 4 ans pour différents architectes.

Elle se consacre désormais uniquement à la peinture.

Après ses premières toiles inspirées de son expérience nord-américaine, elle nous fait ici partager sa vision de la ville que nous devons apprendre à regarder et à aimer.

Jean Gavaudan, MD







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