Contexte Parmi les nombreux facteurs impliqués dans la
prolongation de l'intervalle QT et les torsades de pointes, les erreurs
d'utilisation de traitements pouvant prolonger cet intervalle méritent
une attention particulière.
Objectif Résumer systématiquement les données
cliniques disponibles sur l'intervalle QT et proposer des recommandations
améliorées pour utiliser les traitements allongeant
l'intervalle.
Sources des données Nous avons cherché dans la banque
de données MEDLINE de 1966 à 2002 toutes les publications de
langue anglaise associées à l'intervalle QT. Les autres sources
de données incluaient les bibliographies d'articles identifiés
sur MEDLINE, une enquête d'experts et les données
présentées à un meeting d'experts sur le syndrome du QT
long.
Sélection des études Nous avons
sélectionné des revues et des séries de cas examinant
l'évolution clinique des patients ayant une prolongation de
l'intervalle QT et l'effet de différentes méthodes de mesure du
QT sur l'évolution des patients. Dix études ont
été identifiées parmi lesquelles 6 ont été
incluses dans l'analyse.
Recueil des données La qualité des données
était déterminée par la publication dans la
littérature "peer- reviewed" (avec comité de
relecture par des experts après soumission des études).
Synthèse des données La mesure optimale de
l'intervalle QT est problématique en raison de l'absence de
standardisation et de l'absence de données concernant la meilleure
façon d'ajuster en fonction de la fréquence cardiaque. Les
informations fiables sur une utilisation correcte des médicaments
prolongeant le QT sont peu répandues. Bien qu'il a été
montré qu'un intervalle QT d'au moins 500 millisec. est
généralement corrélé à un risque plus
élevé de torsades de pointes, il n'existe pas de seuil
établi audessous duquel la prolongation de l'intervalle QT est
considérée libre de risque arythmogène. Le risque de
torsades de pointes doit être évalué chez les patients sur
le point de prendre un traitement allongeant le QT. Bien que des études
cliniques inadaptées empêchent la prédiction d'un risque
absolu chez le patient individuellement, des situations à risque
particulièrement élevé peuvent être définies
en se basant sur les variables cliniques. Nous proposons des recommandations
pour la surveillance correcte de l'intervalle QT chez les patients recevant un
traitement prolongeant l'intervalle QT.
Conclusion Bien que l'utilisation de traitements prolongeant le QT
puissent prédisposer aux torsades de pointes, il existe un manque
relatif d'information pouvant aider les praticiens et les patients pour
prendre des décisions en étant informés de façon
optimale sur la manière de minimiser le risque de complication
sévère.
JAMA. 2003 ; 289 : 2120-2127.