Contexte Les régimes pauvres en hydrates de carbone sont
devenus populaires sans preuve évidente de leur efficacité ou de
leur tolérance. La littérature ne montre pas un consensus net
sur la quantité quotidienne d'hydrates de carbone qui constitue un
régime pauvre en hydrates de carbone.
Objectif Evaluer les modifications du poids, des lipides
plasmatiques, de la glycémie à jeun et de la pression
artérielle chez des adultes ayant un régime pauvre en hydrates
de carbone dans un contexte ambulatoire.
Sources de données Nous avons réalisé des
recherches dans la banque de données MEDLINE et des recherches
bibliographiques concernant les études de langue anglaise
publiées entre le 1er janvier 1966 et le 15 février
2003 pour les mots clés suivants: low carbohydrate, ketogenic
et diet.
Sélection de l'étude Nous avons inclus les articles
décrivant des patients ambulatoires adultes ayant un régime
pauvre en hydrates de carbone pendant 4 jours ou plus et 500 kcal/jour ou plus
et qui rapportaient à la fois la quantité d'hydrates de carbone
et les calories totales consommées. Les recherches dans la
littérature ont identifié 2 609 articles potentiellement
pertinents sur des régimes pauvres en hydrates de carbone. Nous avons
inclus 107 articles décrivant 94 interventions
diététiques rapportant les données de 3 268 participants;
663 participants avaient des régimes de 60 g/jour ou moins en hydrates
de carbone - parmi lesquels seulement 71 recevaient 20 g/jour ou moins en
hydratesde carbone. Les variables de l'étude (c'est-à-dire, le
nombre de participants, le schéma de l'évaluation alimentaire),
les variables des participants (c'est-à-dire, l'âge, le sexe, le
poids initial, la glycémie à jeun), les variables du
régime (c'est-à-dire, la quantité d'hydrates de carbone,
de calories et la durée) ont été recueillies dans chaque
étude.
Extraction des données Deux auteurs revoyaient
indépendamment les articles répondant aux critères
d'inclusion et recueillaient les données sur des formulaires
prédéfinis.
Synthèse des données Les études incluses
avaient une grande hétérogénéité de leur
schéma, de la quantité d'hydrates de carbone (extrêmes: 0
- 901 g/jour), de la quantité totale en calories (extrêmes: 525-4
629 kcal/jour), de la durée du régime (extrêmes: 4-365
jours) et des caractéristiques des patients (extrêmes du poids
initial: 57-217 kg). Aucune étude n'a évalué des
régimes de 60 g/jour ou moins en hydrates de carbone chez des
participants ayant un âge moyen de plus de 53,1 ans. Seules 5
études (non randomisées et sans groupe de comparaison) ont
évalué ces régimes sur plus de 90 jours. Chez les
patients obèses, la perte pondérale était associée
à une durée plus longue du régime (p = 0,002),
à une restriction de l'apport calorique (p = 0,03), mais pas
à une diminution de la quantité en hydrates de carbone
(p = 0,90). Les régimes pauvres en hydrates de carbone n'ont
eu aucun effet indésirable significatif sur les lipides
sériques, la glycémie à jeun et l'insulinémie
à jeun ou la pression artérielle.
Conclusions Il existe des preuves insuffisantes pour faire des
recommandations en faveur ou contre l'utilisation de régimes pauvres en
hydrates de carbone, en particulier chez les participants de plus de 50 ans,
en ce qui concerne une utilisation de plus de 90 jours, ou des régimes
de 20 g/jour ou moins en hydrates de carbone. Parmi les études
publiées, la perte pondérale des participants lors de
l'utilisation de régimes pauvres en hydrates de carbone a
été principalement associée à une diminution de
l'apport calorique et à l'augmentation de la durée du
régime, mais pas à une réduction de la quantité
d'hydrates de carbone.
JAMA. 2003 ; 289 : 1837-1850.