Contexte Il a été montré dans les études
randomisées que la warfarine est efficace pour prévenir les
thrombo-embolies de la fibrillation auriculaire (FA), mais son
efficacité et sa tolérance en pratique clinique sont moins
évidentes.
Objectif Evaluer l'effet de la warfarine sur le risque
thrombo-embolique, hémorragique et de décès dans la
fibrillation auriculaire dans un environnement normal de soins.
Schéma Etude de cohorte regroupée entre le
1er juillet 1996 et le 31 décembre 1997 et suivi jusqu'au 31
août 1999.
Contexte Importante organisation de soins en Californie du nord.
Patients Parmi les 13 559 adultes ayant une fibrillation auriculaire
non valvulaire, 11 526 ont été évalués, dont 43%
étaient des femmes, avec un âge moyen de 71 ans, sans
contre-indications connues à une anticoagulation initialement.
Critères principaux de jugement Accident vasculaire
cérébral (AVC) ischémique, embolie
périphérique, hémorragie et décès en
fonction de l'utilisation de la warfarine et du statut de comorbidité,
déterminé par les banques de données
informatisées, la revue des dossiers médicaux et les registres
de mortalité de l'état.
Résultats Chez les 11 526 patients, 397 nouveaux
événements thrombo-emboliques (372 AVC ischémiques, 25
embolies périphériques) sont survenus au cours de 25 341
personnes-années de suivi et le traitement par la warfarine a
été associé à une diminution de 51% (intervalle de
confiance à 95% [IC]: 39%-60%) du risque de thrombo-embolisme par
rapport à l'absence de traitement par warfarine (soit absence de
traitement antithrombotique soit aspirine) après ajustement sur les
facteurs confondants potentiels et la probabilité de recevoir de la
warfarine. La warfarine a été efficace pour diminuer le risque
thrombo-embolique en présence ou en absence de facteurs de risque
d'AVC. Une analyse cas-témoins a estimé à 64% la
réduction des chances de thrombo-embolisme avec la warfarine par
rapport à l'absence de traitement antithrombotique. La warfarine a
été également associée à une diminution du
risque de mortalité de toutes causes (risque relatif ajusté:
0,69; IC 95%: 0,61-0,77). Les hémorragies intra-crâniennes ont
été peu fréquentes, mais la fréquence a
été modérément plus élevée chez ceux
prenant la warfarine par rapport à ceux n'en prenant pas (0,46 vs 0,23
pour 100 personnes-années, respectivement; P = 0,003, risque
relatif ajusté: 1,97; IC 95%: 1,24-3,13). Cependant, la warfarine n'a
pas été associée à une augmentation du risque
ajusté d'hémorragie majeure non intra-crânienne. Les
effets de la warfarine ont été similaires lorsque les patients
ayant des contre-indications ont été analysés
séparément ou regroupés avec ceux sans contre-indications
(cohorte totale: 13 559).
Conclusions La warfarine est très efficace en pratique
clinique dans la prévention des AVC ischémiques chez les
patients ayant une fibrillation auriculaire alors que l'augmentation absolue
du risque d'hémorragie intra-crânienne est faible. Les
résultats des essais randomisés sur l'anticoagulation se
reflètent bien en pratique clinique chez les patients ayant une FA.
JAMA. 2003;290:2685-2692.