Contexte La mesure de la pression artérielle (PA) en
consultation à l'aide d'un sphygmomanomètre à mercure est
une méthode qui présente de nombreux inconvénients. En
comparaison, la mesure de la PA à domicile augmente la précision
et la reproductibilité de celleci. Il n'existe cependant pas
suffisamment de données sur la valeur pronostique de cette
deuxième méthode.
Objectif Evaluer la valeur pronostique de la mesure de la PA
à domicile avec celle de la mesure de la PA en consultation de
médecine générale, dans une population européenne
de patients âgés traités pour hypertension
artérielle (HTA).
Plan expérimental, cadre et participants Une mesure de la PA
en consultation et une mesure de la PA à domicile accompagnées
d'une évaluation des facteurs de risque cardiaque, ont
été faites initialement au sein d'une cohorte de 4 939 patients
hypertendus traités (âge moyen: 70 ans [DS: 6,5 ans]; 48,9 %
d'hommes) recrutés et suivis par leur médecin
généraliste habituel sans recommandations spécifiques
concernant leur prise en charge. La cohorte a été suivie durant
une période moyenne de 3,2 ans (DS: 0,5). Les seuils définissant
une HTA non contrôlée étaient fixés à 140/90
mm Hg pour la PA en consultation et à 135/85 mm Hg pour la PA à
domicile.
Principaux critères de jugement Le critère de jugement
principal était la mortalité cardio-vasculaire. Les
critères de jugement secondaires étaient la mortalité
globale et un critère composite comprenant les événements
suivants: décès d'origine cardio-vasculaire, infarctus du
myocarde non mortel, accident vasculaire cérébral non mortel,
accident ischémique transitoire, hospitalisation pour angor ou
insuffisance cardiaque, angioplastie coronaire transluminale percutanée
et pontage aorto-coronarien.
Résultats A la fin du suivi, le statut clinique de 99,9 % des
patients était connu. 324 patients avaient eu au moins un
événement cardio-vasculaire (incidence: 22,2/1000
patients-année). Pour la PA par automesure à domicile, chaque
augmentation de 10 mm Hg de la PA systolique augmentait le risque de survenue
d'un événement cardio-vasculaire de 17,2 % (intervalle de
confiance [IC] à 95 %: 11,0 % - 23,8 %) et chaque augmentation de 5 mm
Hg de la PA diastolique augmentait le risque de 11,7 % (IC à 95 %: 5,7
% - 18,1 %). Inversement, pour la mesure de la PA en consultation, pour les
mêmes augmentations de PA, aucune augmentation significative du risque
de survenue d'un événement cardio-vasculaire n'a
été observée. Dans un modèle multivarié,
avec pour référence les patients ayant une HTA
contrôlée (PA normale au domicile et en consultation), les
risques relatifs d'événement cardio-vasculaire étaient de
1,96 (IC à 95 %: 1,27-3,02) chez les patients ayant une PA non
contrôlée (PA élevée avec les 2 méthodes de
mesure), de 2,06 (IC à 95 %: 1,22-3,47) chez les patients ayant une PA
normale en consultation et élevée à domicile et de 1,18
(IC à 95 %: 0,67-2,10) chez les patients ayant une PA
élevée en consultation et normale à domicile.
Conclusions Ces données suggèrent que la mesure de la
PA à domicile a une meilleure fiabilité pronostique que la
mesure de la PA en consultation. La pression artérielle devrait
être systématiquement mesurée à domicile chez les
patients recevant un traitement antihypertenseur.
JAMA. 2004;291:1342-1349.