Contexte De nombreux programmes d'assurance maladie ont mis en place
un partage des dépenses de santé pour décourager
l'utilisation des traitements les plus coûteux et pour réduire
les dépenses dues aux médicaments.
Objectif Déterminer comment ces changements liés au
partage des dépenses affectent l'utilisation des classes
médicamenteuses les plus couramment utilisées chez les patients
ayant une assurance privée et chez les patients atteints d'une
affection chronique.
Schéma, environnement et participants Etude américaine
rétrospective, menée entre 1997 et 2000, ayant comparé
les données issues des demandes de remboursement de médicaments
aux bénéfices projetés par des programmes d'assurance
maladie de 30 employeurs et par 52 programmes d'assurance maladie. Les
participants étaient 528969 bénéficiaires ayant une
assurance privée, âgés de 18 à 64 ans et inclus
pendant un à quatre ans (960791 personnes-année).
Principal critère de jugement Modification relative du nombre
de jours de médicaments fournis (par membre, par année) lorsque
le partage des paiements doublait dans un programme d'assurance santé
prototype ayant pour objectif de faire des bénéfices.
Résultats Le doublement du partage des paiements a
été associé à des réductions de
l'utilisation de 8 classes thérapeutiques. Les diminutions les plus
importantes ont été observées pour les antiinflammatoires
non stéroïdiens (AINS) (45 %) et les antihistaminiques (44 %). Des
réductions du nombre global de jours de médicaments fournis pour
les hypolipémiants (34 %), les anti-ulcéreux (33 %), les
anti-asthmatiques (32 %), les antihypertenseurs (26 %), les
antidépresseurs (26 %) et les antidiabétiques (25 %) ont
été aussi observées. Chez les patients ayant une
pathologie chronique et recevant des soins, la consommation a moins
répondu aux modifications du partage des règlements. La
consommation d'antidépresseurs par les patients déprimés
a diminué de 8 %; celle des antihypertenseurs des patients hypertendus
a diminué de 10 %. Des réductions plus importantes ont
été observées chez les patients arthrosiques prenant des
AINS (27 %) et chez les patients allergiques prenant des antihistaminiques (31
%). Les patients ayant un diabète ont réduit l'utilisation des
antidiabétiques de 23 %.
Conclusions L'utilisation de médicaments tels que les
antihistaminiques et les AINS, qui sont pris de façon intermittente
pour traiter les symptômes a réagi de façon sensible aux
changements apportés par le partage des coûts. D'autres
traitements, antihypertenseurs, antiasthmatiques, antidépresseurs,
hypolipémiant, antiulcéreux et antidiabétiques, ont
également répondu significativement. La réduction de
l'utilisation des traitements pour les patients ayant un traitement chronique
a été plus modeste. Toutefois, les augmentations significatives
du partage des coûts soulèvent des questions sur les
conséquences possibles sur la santé de coûts plus
importants, en particulier chez les patients diabétiques.
JAMA. 2004;291:2344-2350.