Contexte Les patients ayant un cancer ont souvent d'autres
pathologies, ou comorbidités. Ces comorbidités peuvent avoir un
impact sur la prise de décision thérapeutique, le pronostic et
l'évaluation de la qualité des soins.
Objectif Evaluer si les informations sur les comorbidités
peuvent fournir d'importants renseignements pronostiques à partir d'un
registre hospitalier des néoplasies.
Schéma, environnement et participants Etude d'observation,
prospective d'une cohorte à l'aide des données sur les
comorbidités recueilllies par des médecins résidents
hospitaliers en cancérologie. L'information sur les comorbidités
était obtenue à partir de la revue des dossiers médicaux
au moyen de la Adult Comorbidity Evaluation 27, un outil
validé se basant sur les dossiers pour évaluer les
comorbidités. Au total, ont été inclus 17712 patients
ayant reçu des soins entre le 1er janvier 1995 et le 31
janvier 2001 après un diagnostic initial de cancer de la prostate, du
poumon (non à petites cellules), du sein, du système digestif,
gynécologique, urinaire, de la tête et du cou.
Principal critère de jugement Durée en mois de la
survie globale.
Résultats Au total, 19268 patients ont été
inclus dans l'étude; la durée médiane du suivi a
été de 31 mois. Parmi ces patients, 1556 (8,0 %) ont
été exclus en raison de données manquantes ou inconnues.
La sévérité de la comorbidité a fortement
influencé la survie de manière dose-dépendante et
l'impact de la comorbidité était indépendante du stade du
cancer. Comparé aux patients sans comorbidité, le risque relatif
ajusté associé à la comorbidité était de
1,21 (intervalle de confiance à 95 % [IC]: 1,13-1,30), pour une
comorbidité modérée de 1,86 (IC 95 %: 1,73-2,00) et pour
une comorbidité sévère de 2,56 (IC 95 %: 2,35-2,81). Les
courbes de survie de Kaplan-Meier ont révélé qu'à
tout moment les patients ayant un niveau plus important de comorbidité
ont eu une moindre survie (chi 23 partiel dû à la
comorbidité: 523,54; p < 0,001). La discrimination des
modèles allait de 0,71 pour la tête et le cou à 0,86 pour
les cancers de la prostate.
Conclusions La comorbidité est un important facteur
pronostique indépendant chez les patients ayant un cancer. L'inclusion
de la comorbidité dans les registres hospitaliers des néoplasies
augmentera la valeur et l'utilité des recherches observationnelles.
JAMA. 2004;291:2441-2447.