Contexte En raison de limitations méthodologiques, les
résultats des quelques études prospectives ayant
évalué les effets cognitifs à long terme d'une exposition
prénatale à la cocaïne sont inconstants.
Objectif Evaluer les effets d'une exposition prénatale
à la cocaïne et la qualité de l'environnement des soins sur
le pronostic cognitif à 4 ans.
Schéma Etude longitudinale, prospective avec comparaison
masquée sur une cohorte entre la naissance (septembre 1994-Juin 1996)
et la 4e année.
Environnement Laboratoire de recherche d'un hôpital
universitaire d'un conté urbain aux Etats-Unis.
Participants Au total, 415 nourrissons inclus consécutivement
identifiés dans une population à risque élevé,
ayant subi un dépistage pour utilisation de drogues au moyen
d'interrogatoires cliniques, d'analyses d'urine et de méconium.
L'inclusion de quatre-vingt-treize pour cent des survivants à
l'âge de 4 ans a permis de conserver 376 enfants (190 exposés
à la cocaïne et 186 non exposés).
Critère principal de jugement Les échelles Wechsler
révisées d'intelligence préscolaires et primaires.
Résultats Après ajustement sur les covariables,
l'exposition prénatale à la cocaïne n'était pas
associée à des scores plus faibles du QI global (exposition
à la cocaïne [80,7] vs absence d'exposition [82,9];
p = 0,09) ou des scores du QI verbal (exposition à la
cocaïne [79,9] vs exposition à la cocaïne [81,9];
p = 0,11) ou du QI de performance (exposition à la
cocaïne [85,5] vs exposition à la cocaïne [87,5];
p = 0,18) à l'âge de 4 ans. Toutefois, l'exposition
à la cocaïne était associée à des
déficits faibles mais significatifs de plusieurs sous-échelles
(moyenne [ES]): performances visuo-spatiales (exposition à la
cocaïne [7,3 (0,22)] vs absence d'exposition [8,2 (0,22)];
p = 0,01), connaissance générale (exposition à
la cocaïne [6,1 (0,18)] vs absence d'exposition [6,7 (0,17)];
p = 0,04) et performances arithmétiques (exposition à
la cocaïne [6,2 (0,20)] vs absence d'exposition [6,8 (0,20)];
p = 0,05). Une exposition à la cocaïne était aussi
associée à une probabilité plus faible d'avoir un QI
supérieur aux moyennes normales (odds ratio: 0,26 [IC 95 %: 0,10-0,65];
p = 0,004). La qualité de l'environnement des soins
était le facteur prédictif indépendant du pronostic le
plus puissant. Les enfants exposés à la cocaïne mis en
placement ou adoptés dans un milieu différent de leur famille
vivaient dans des environnements plus stimulants, avaient des personnes
prenant soin d'eux ayant des scores de vocabulaire meilleurs et atteignaient
des scores à l'échelle globale du QI et à
l'échelle des performances du QI (respectivement 83 et 87) similaires
à ceux des enfants non exposés étant aux soins de leur
mère biologique ou d'un parent (QI global: 82; QI des performances: 88)
et plus élevés que les enfants exposés à la
cocaïne étant restés aux soins de leur mère
biologique ou d'un parent (QI global: 79; QI des performances: 84).
Conclusions L'exposition prénatale à la cocaïne
n'est pas associée à des scores plus faibles du QI global ou du
QI des performances, mais est associé à une augmentation du
risque d'atteinte cognitives spécifiques et à une
probabilité plus faible d'avoir un QI supérieur à la
moyenne de la normale à 4 ans. Un meilleur environnement familial est
associé à des scores du QI similaires pour les enfants
exposés à la cocaïne à ceux des enfants non
exposés.
JAMA. 2004;291:2448-2456.