|
|
Administration précoce d'inhibiteurs des glycoprotéines IIb/IIIa comparée à une administration plus tardive lors d'une angioplastie coronaire percutanée primaire dans l'infarctus aigu du myocarde avec sus-décalage du segment STUne méta-analyse
Gilles Montalescot, MD, PhD;
Maria Borentain, MD;
Laurent Payot, MD;
Jean Philippe Collet, MD, PhD;
Daniel Thomas, MD
Affiliations des auteurs: Institut de Cardiologie, Hôpital
Universitaire de la Pitié-Salpêtrière, Paris,
France.
Correspondance: Gilles Montalescot, MD, PhD, Institut de Cardiologie,
Bureau 2-236, Hôpital universitaire de la
Pitié-Salpêtrière, 47 Boulevard de l'Hôpital, 75013
Paris, France
(gilles.montalescot{at}psl.ap-hop-paris.fr).
RÉSUMÉ
| |
Contexte Les inhibiteurs des glycoprotéines IIb/IIIa (Gp
IIb/IIIa) améliorent la reperfusion myocardique et le pronostic
clinique des patients bénéficiant d'une angioplastie coronaire
percutanée primaire (PCI), mais le moment optimal de leur
administration reste indéterminé. Aucune revue
systématique n'a comparé de manière approfondie les
effets d'une administration précoce aux effets d'une administration
retardée de ces traitements.
Objectif Réaliser une méta-analyse des essais
randomisés ayant évalué une administration intraveineuse
précoce (avant le transfert au laboratoire de
cathétérisation) vs une administration tardive (au moment de la
PCI) d'inhibiteurs Gp IIb/IIIa dans l'infarctus aigu du myocarde avec
sus-décalage du segment ST (STEMI).
Sources des données Recherche dans la banque de
données MEDLINE et le Registre Cochrane des essais comparatifs de la
littérature au cours des 10 dernières années; articles
présentés lors des congrès majeurs de cardiologie;
consultation avec des confrères à l'échelle nationale et
internationale de même qu'avec les laboratoires pharmaceutiques
produisant les inhibiteurs des glycoprotéines Gp IIb/IIIa; texte et
bibliographies des articles de journaux.
Sélection des études et recueil des données
Nous avons revu les essais ayant comparé après randomisation une
administration précoce au moment du contact initial (Service des
Urgences ou ambulance) et une administration tardive (laboratoire de
cathéterisation) d'inhibiteurs Gp IIb/IIIa dans les STEMI. Les
données concernant les résultats devaient être disponibles
à la fois sur la perméabilité de l'artère
responsable évaluée par les degrés de flux TIMI
(Thrombolysis in Myocardial Infarction) lors de l'admission et sur la
mortalité. Deux auteurs ont revu de façon indépendante
les résumés ou les articles complets. Six études ont
répondu aux critères d'inclusion. Le recueil indépendant
des données a été réalisé par deux
relecteurs et confirmé par consensus.
Synthèse des données Les six études ont inclus
931 patients ayant un STEMI traités par abciximab (3 essais) ou
tirofiban (3 essais) en association à une PCI primaire. Des flux TIMI
de degré 2 ou 3 (41,7 % [194/465 vs 29,8 % [139/466]) de
même que des flux TIMI de degré 3 (20,3 % [84/413] vs
12,2 % [51/418]) étaient significativement plus fréquents dans
le groupe administration précoce que dans le groupe administration
tardive (odds ratio [OR]: 1,69; intervalle de confiance à 95 % [IC]:
1,28-2,22; p < 0,001; et OR: 1,85; IC 95 %: 1,26-2,71; p
< 0,001, respectivement). L' administration précoce d'inhibiteurs Gp
IIb/IIIa était associé à une réduction de la
mortalité de 28 % passant de 4,7 % à 3,4 %, non significative,
mais compatible avec les tendances similaires de récidive d'infarctus
et avec le critère d'évaluation composite portant sur
l'ischémie.
Conclusions Dans une méta-analyse de 6 essais
randomisés, l'administration précoce d'inhibiteurs Gp IIb/IIIa
dans les STEMI semble améliorer la perméabilité
coronarienne avec des tendances pronostiques favorables. Ces observations sont
en faveur d'une stratégie utilisant la PCI facilitée. D'autres
essais ayant de larges effectifs pour avoir une puissance suffisante sont
nécessaires pour confirmer le bénéfice clinique de cette
stratégie.
JAMA. 2004;292:362-366.
|