Contexte Malgré l'ambiguïté des résultats
des essais contrôlés randomisés, les médecins sont
en général partisans du dépistage et du traitement des
troubles thyroïdiens infra-cliniques chez les individus
âgés.
Objectif Déterminer si le dysfonctionnement thyroïdien
infra-clinique doit être traité chez les personnes très
âgées et établir les conséquences à long
terme d'un dysfonctionnement thyroïdien sur les capacités
fonctionnelles et la survie dans le grand âge.
Plan expérimental, cadre et participants Etude d'observation
prospective réalisée au sein de la population de la
municipalité de Leiden, Pays-Bas (étude Leiden
85-Plus). L'étude a porté sur 87 % des individus nés
en 1912-1914. Au total, 599 participants ont été suivis de
l'âge de 85 ans à celui de 89 ans (suivi moyen [écart
type]: 3,7 [1,4] ans).
Principaux critères de jugement Bilan thyroïdien initial
complet; incapacité dans les activités de la vie quotidienne,
symptômes dépressifs, fonction cognitive et mortalité de
85 à 89 ans.
Résultats Aucune association n'a été
observée entre les taux plasmatiques de thyréostimuline (TSH) ou
de thyroxine libre (T4L) et l'incapacité dans les activités de
la vie quotidienne, les symptômes dépressifs ou la
détérioration cognitive, ni au départ ni au cours du
suivi. L'augmentation du taux de TSH était associée à une
diminution de la mortalité, cette association persistant après
ajustements sur l'incapacité et l'état de santé initiaux.
Le rapport des risques instantanés (RRI) pour la mortalité
était de 0,77 pour chaque augmentation de 2,71 mUI/l (1 écart
type) de TSH, (intervalle de confiance [IC] à 95 %: 0,63-0,94;
p = 0,009). Le RRI pour la mortalité augmentait 1,16 fois pour
chaque augmentation de 0,21 ng/dl (2,67 pmol/l) (1 écart type) de T4L
(IC à 95 %: 1,04-1,30; p = 0,009).
Conclusion Dans la population générale très
âgée, les individus qui ont des taux anormalement
élevés de TSH n'ont pas d'effets indésirables et ont
peut-être un allongement de la durée de vie. Cependant, seuls des
arguments apportés par un essai clinique bien conçu,
randomisé et contrôlé contre placebo pourraient justifier
de ne pas traiter les individus âgés.
JAMA. 2004;292:2591-2599.