Contexte Bien que les traitements de reperfusion, l'aspirine, les
bêtabloquants et les inhibiteurs de l'enzyme de conversion diminuent la
mortalité lors d'une utilisation précoce chez les patients
présentant un infarctus aigu du myocarde (IDM), la mortalité et
la morbidité restent élevées. Aucun antithrombotique ou
un traitement récent antiplaquettaire n'a démontré de
réduction de la mortalité dans les IDM aigus.
Objectif Evaluer les effets de la réviparine, une
héparine de bas poids moléculaire, en cas d'instauration
précoce et administrée pendant 7 jours en plus du traitement
habituel sur le critère composite principal qui comprenait les
décès, les récidives d'infarctus ou les accidents
vasculaires cérébraux (AVC) aux 7e et 30e
jours.
Schéma, environnement et patients Essai randomisé, en
double aveugle, contre placebo, l'essai CREATE (Clinical Trial of
Reviparin and Metabolic Modulation in Acute Myocardial Infarction Treatment
Evaluation) portant sur 15570 patients ayant un sus-décalage du
segment ST ou un nouveau bloc de branche gauche, se présentant dans les
12 heures après le début des symptômes dans 341
hôpitaux de l'Inde et de la Chine entre juillet 2001 et juillet
2004.
Traitement Réviparine ou un placebo administrés deux
fois par jour pendant 7 jours.
Principal critère de jugement Critère composite
principal comprenant les décès, les infarctus du myocarde ou les
AVC aux 7e et 30e jours.
Résultats Le critère composite principal a
été significativement réduit de 854 (11,0 %) sur 7790
patients dans le groupe placebo à 745 (9,6 %) sur 7780 dans le groupe
réviparine (risque relatif [RR], 0,87; IC 95 %, 0,79-0,96; p =
0,005). Ces bénéfices ont persisté au 30e jour
(1056 [13,6 %] vs 921 [11,8 %] patients; RR, 0,87; IC 95 %,
0,79-0,95; p = 0,001) avec des réductions significatives de la
mortalité à 30 jours (877 [11,3 %] vs 766 [9,8 %]; RR,
0,87; IC 95 %, 0,79-0,96; p = 0,005) et des récidives
d'infarctus (199 [2,6 %] vs 154 [2,0 %]; RR, 0,77; IC 95 %,
0,62-0,95; p = 0,01), sans différences significatives des AVC
(64 [0,8 %] vs 80 [1,0 %]; p = 0,19). Le traitement avec la
réviparine a été significativement meilleur lorsqu'il a
été instauré très précocement au
7e jour après le début des symptômes (< 2
heures: RR, 0,70; IC 95 %, 0,52-0,96; p = 0,03; 30/1000
événements prévenus; 2 heures à moins de 4 heures:
RR, 0,81; IC 95 %, 0,67-0,98; p = 0,03; 21/1000
événements prévenus; 4 heures à moins de 8 heures:
RR, 0,85; IC 95 %, 0,73-0,99; p =0,05; 16/1000
événements prévenus et moins de 8 heures: RR, 1,06; IC 95
%, 0,86-1,30; p = 0,58; p = 0,04 pour la tendance). Il y a
eu une augmentation des hémorragies menaçant le pronostic vital
au 7e jour avec la réviparine et le placebo (17 [0,2 %]
vs 7 [0,1 %], respectivement; p = 0,07), mais l'excès
absolu a été faible (1 de plus pour 1000) vs
réductions du critère principal (18 de moins pour 1000) ou de la
mortalité (15 de moins pour 1000).
Conclusions Chez les patients ayant un IDM avec sus-décalage
du segment ST ou bloc de branche gauche récent, la réviparine
diminue la mortalité et les récidives d'infarctus sans
augmentation importante des taux globaux d'AVC. Il y a eu un faible
excès absolu des hémorragies menaçant le pronostic vital,
mais les bénéfices dépassent les risques.
JAMA. 2005;293:427-436.