Contexte La fonction coordinatrice des soins médicaux
primaires se base sur une information intensive et peut être
perturbée par des informations cliniques manquantes. Cependant,
l'absence de ces informations cliniques n'a pas fait l'objet d'une
investigation explicite dans le contexte des soins médicaux
primaires.
Schéma, environnement et participants Enquête
transversale menée dans 32 consultations de soins primaires au sein du
réseau Pratiques Ambulatoires et Partenaires (SNOCAP), de l'état
du Colorado, un consortium comprenant un réseau de recherche ayant pour
base la pratique participant à l'étude Applied Strategies
for Improving Patient Safety medical error reporting study. Deux cent
cinquante trois praticiens ont participé à l'enquête au
cours de 1614 consultations entre mai et décembre 2003. Pour chaque
consultation au cours d'une session d'une demi-journée, chaque
praticien remplissait un questionnaire sur les caractéristiques du
patient et de la consultation et établissait si une importante
information clinique manquait. Les caractéristiques du praticien
était également enregistrées.
Principaux critères de jugement Rapports sur la
fréquence des informations cliniques, leur type, et leur localisation
présumée; perception de la probabilité des effets
indésirables, des retards dans les soins et des services
supplémentaires et temps passé à la recherche des
informations manquantes. Une analyse multivariée était
menée pour évaluer la relation entre l'information manquante et
le patient, la consultation ou les caractéristiques du praticien, avec
ajustement sur les facteurs de confusion potentiel et les effets de
regroupement (clustering).
Résultats Les praticiens ont rapporté que des
informations manquaient dans 13,6 % des consultations; ces informations
manquantes incluaient les résultats biologiques (6,1 % de toutes les
consultations), lettres/dictée (5,4 %), les résultats
radiologiques (3,8 %), antécédents et examen clinique (3,7 %) et
les traitements (3,2 %). Ce manque d'information clinique a été
fréquemment rapporté comme se situant à
l'extérieur du système de soins, mais aux Etats-Unis (52,3 %),
comme ayant au moins une certain probabilité d'affecter
négativement le patient (44 %) et de pouvoir entraîner un retard
dans les soins ou la nécessité de services
supplémentaires (59,5 %). Un temps significatif passé à
rechercher sans succès ces informations cliniques a été
rapporté (5-10 minutes, 25,6 %; > 10 minutes, 10,4 %). Après
ajustement, ce manque d'information clinique avait plus de probabilité
d'exister lorsque les patients étaient des immigrants récents
(odds ratio [OR], 1,78; IC 95 %, 1,06-2,99), des nouveaux patients (OR, 2,39;
IC 95 %, 1,70-3,35) ou avaient des problèmes médicaux multiples
par rapport à l'absence de problème (un problème: OR,
1,09; IC 95 %, 0,69-1,73; 2-5 problèmes: OR, 1,87; IC 95 %, 1,21-2,89;
> 5 problèmes: OR, 2,78; IC 95 %, 1,61-4,80). Il y avait une
probabilité plus élevée de rencontrer ce manque
d'information clinique dans les pratiques rurales (OR, 0,52; IC 95 %,
0,29-0,92) et lorsque les praticiens individuels rapportaient avoir des
dossiers informatisés complets (OR, 0,40; IC 95 %, 0,17-0,94).
Conclusions Les médecins de soins primaires rapportent que le
manque d'informations cliniques est fréquent, protéiforme et
peut être source de perte de temps et d'utilisation d'autres ressources.
Il peut affecter négativement les patients. D'autres travaux sur ces
informations manquantes sont nécessaires en se focalisant sur les
perceptions des praticiens et en menant des études prospectives de ses
causes et conséquences.
JAMA. 2005;293:565-571.