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UTILISATION POTENTIELLEMENT INAPPROPRIÉE DES TRAITEMENTS CHEZ LES PERSONNES ÂGÉES TRAITÉES À DOMICILE EN EUROPE
Daniela Fialová, PharmD;
Eva Topinková, MD, PhD;
Giovanni Gambassi, MD;
Harriet Finne-Soveri, MD, PhD;
Pálmi V. Jónsson, MD;
Iain Carpenter, MD, FRCP;
Marianne Schroll, DrScM;
Graziano Onder, MD, PhD;
Liv Wergeland Sørbye, RN;
Cordula Wagner, MD, PhD;
Jindra Reissigová, RNDr;
Roberto Bernabei, MD; for the AdHOC Project Research Group
RÉSUMÉ
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Contexte Des critères concernant l'utilisation
potentiellement inappropriée des médicaments chez les patients
âgés ont été employés au cours de la
dernière décennie dans des enquêtes
épidémiologiques aux Etats-Unis pour identifier les populations
à risque et en particulier pour cibler les stratégies de prise
en charge à risque. En comparaison, en Europe, on dispose de peu
d'informations sur l'utilisation potentiellement inappropriée des
médicaments et on ne se base que sur des études à faible
échelle n'ayant qu'une possibilité faible de
généralisation.
Objectif Evaluer la prévalence et les facteurs
associés d'utilisation potentiellement inappropriée de
médicaments chez les patients âgés traités à
domicile en Europe.
Schéma, environnement et participants Etude
rétrospective transversale concernant 2 707 patients âgés
recevant des soins à domicile (âge moyen [DS], 82,2 [7,2]
années) inclus pour leur représentativité dans des zones
métropolitaines de la République Tchèque, du Danemark, de
la Finlande, de l'Islande, de l'Italie, des Pays-Bas, de la Norvège et
du Royaume-Uni. Les patients étaient évalués
prospectivement entre septembre 2001 et janvier 2002 en utilisant comme outil
le Minimum Data Set in Home Care.
Principaux critères de jugement La prévalence de
l'utilisation inappropriée des médicaments était
documentée à l'aide de tous les critères d'un panel
d'experts destinés aux personnes âgés vivant chez elles
(Beers et McLeod). Les caractéristiques des patients associées
indépendamment à l'utilisation inappropriée de
médicaments étaient identifiées grâce à un
modèle de régression logistique.
Résultats En combinant les trois sets de critères,
nous avons trouvé que 19,8 % des patients de l'échantillon total
utilisaient au moins un traitement inapproprié; à l'aide de
critères plus anciens de 1997 ce chiffre était ramené
entre 9,8 % et 10,9 %. Des différences substantielles ont
été mises en évidence entre l'Europe de l'Est (41,1 % en
République Tchèque) et l'Europe de l'Ouest (moyenne 15,8 %,
extrêmes allant de 5,8 % au Danemark à 26,5 % en Italie).
L'utilisation potentiellement inappropriée de médicaments
était associée à une mauvaise situation économique
du patient (risque relatif ajusté [RR], 1,96; IC 95 %, 1,58-2,36),
à une polymédication (RR, 1,91; IC 95 %, 1,62-2,22), à
une utilisation d'anxiolytiques (RR, 1,82; IC 95 %, 1,51-2,15) et à la
dépression (RR, 1,29; IC 95 %, 1,06-1,55). Les facteurs associés
négativement étaient un âge de 85 ans ou plus (RR, 0,78;
IC 95 %, 0,65-0,92) et le fait de vivre seul (RR, 0,76; IC 95 %, 0,64-0,89).
Les risques d'utilisation potentiellement inappropriée augmentaient
significativement avec le nombre de facteurs associés (p <
0,001).
Conclusions Des différences substantielles d'utilisation
potentiellement inappropriée de médicaments existent entre les
pays européens et peuvent être la conséquence de mesures
réglementaires différentes en pratique clinique ou
d'inégalités de l'environnement socio-économique. Les
ressources financières et les caractéristiques
spécifiques du patient associées à ces prescriptions, aux
stratégies particulières d'information et aux
réglementations devraient refléter ces facteurs destinés
à améliorer la qualité des prescriptions chez les
personnes âgées en Europe.
JAMA. 2005;293:1348-1358.
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