Contexte Compte tenu du contexte actuel des disparités
raciales dans le domaine de la santé et des soins médicaux et du
contexte historique d'eugénisme, les disparités raciales dans
l'utilisation du dépistage d'une susceptibilité
génétique ont été largement anticipées.
Toutefois, à notre connaissance, il n'existe pas d'étude
publiée ayant évalué l'importance et les facteurs
déterminants des différences raciales dans l'utilisation du
dépistage de cette susceptibilité génétique.
Objectifs Evaluer la relation entre la race et l'utilisation du
counseling BRCA1/2 chez les femmes ayant des
antécédents familiaux de cancers du sein ou de l'ovaire et
déterminer la contribution, à ces différences raciales
d'utilisation, des caractéristiques socio-économiques, de la
perception et de la peur du risque de cancer, des attitudes vis-à-vis
du dépistage génétique et des interactions avec les
médecins de soins médicaux primaires.
Schéma, environnement et participants Etude cas-témoin
(décembre 1999-août 2003) chez 408 femmes ayant des
antécédents familiaux de cancers du sein ou de l'ovaire, parmi
lesquelles 217 ont eu un conseil génétique en faveur d'un
dépistage de BRCA1/2 (cas) et 191 n'ont pas eu de conseil
génétique (témoins). Les participantes recevaient des
soins médicaux primaires au sein d'une importante organisation dans le
<< Grand Philadelphie >>, Pennsylvanie, Etats-Unis.
Principaux critères de jugement La probabilité
d'être porteuse d'une mutation BRCA1/2, les
caractéristiques socio-économiques, la perception du risque de
cancer du sein ou ovarien, l'inquiétude vis-à-vis du cancer du
sein ou de l'ovaire, les attitudes sur le dépistage BRCA1/2,
et la discussion du médecin de soins primaires sur le dépistage
BRCA1/2 ont été évalués avant de
pratiquer un conseil génétique BRCA1/2 pour les cas et
au moment de l'inclusion pour les témoins.
Résultats Les femmes afro-américaines ayant des
antécédents familiaux de cancer du sein ou de l'ovaire avaient
significativement moins de probabilité de bénéficier d'un
conseil génétique de dépistage BRCA1/2 que les
femmes blanches ayant des antécédents familiaux de cancer du
sein ou de l'ovaire (odds ratio, 0,22; intervalle de confiance à 95%,
0,1,2-0,40). Cette association persistait après ajustement sur la
probabilité d'une mutation BRCA1/2, sur les
caractéristiques socio-économiques, la perception et
l'inquiétude vis-à-vis du risque de cancer du sein et de
l'ovaire, les attitudes sur les risques et bénéfices d'un
dépistage BRCA1/2 et sur la discussion avec le médecin
de soins médicaux primaires du dépistage BRCA1/2 (odds
ratio ajustés pour les afro-américaines vs les femmes blanches,
0,28; intervalle de confiance à 95%, 0,09-0,89).
Conclusions Les disparités raciales d'utilisation d'un
conseil génétique de dépistage BRCA1/2 sont
importantes et ne semblent pas être expliquées par des
différences des facteurs de risque d'être porteuse d'une mutation
BRCA1/2, des facteurs socio-économiques, de la perception du
risque, des attitudes et des recommandations du médecin de soins
médicaux primaires. Le bénéfice d'un dépistage
génétique prédictif ne sera pas pleinement
réalisé à moins que ces disparités puissent
être résolues.
JAMA. 2005;293:1729-1736.