Contexte Les hormones endogènes sont la cause primaire de
cancer du sein. L'adiposité affecte les hormones circulantes, en
particulier chez les femmes ménopausées et peut être un
facteur de risque modifiable de cancer du sein.
Objectif Evaluer les associations entre la modification
pondérale chez l'adulte depuis l'âge de 18 ans et
après la ménopause et le risque de cancer du sein chez des
femmes ménopausées.
Schéma, environnement et participants Etude prospective de
cohorte issue de la Nurses'Health Study. Au total, 87143 femmes
ménopausées, âgées de 30 à 55 ans sans
cancer, ont été suivies pendant 26 ans (1976-2002) pour
évaluer leur modification pondérale depuis l'âge de
18 ans. La modification après la ménopause a été
évaluée chez 49514 femmes suivies pendant 24 ans.
Principal critère de jugement Incidence du cancer du sein
invasif.
Résultats Globalement, 4393 cas de cancer du sein invasif ont
été enregistrés. Par rapport à celles ayant
conservé un poids constant, les femmes qui avaient pris 25 kg ou plus
depuis l'âge de 18 ans avaient une augmentation du risque de cancer
du sein (risque relatif [RR], 1,45; intervalle de confiance à 95 %
[IC], 1,27-1,66; p < 0,001 pour la tendance), avec une forte
association chez les femmes qui n'avaient jamais pris d'hormones
après la ménopause (RR, 1,98; IC 95 %, 1,55-2,53). Par rapport
à un poids resté constant, les femmes qui avaient pris 10 kg ou
plus après la ménopause avaient une augmentation du risque de
cancer du sein (RR, 1,18; IC 95 %, 1,03-1,35; p = 0,002 pour la
tendance). Les femmes qui n'avaient jamais utilisé d'hormones
après la ménopause, perdu 10 kg ou plus après la
ménopause et conservé leur poids présentaient un risque
plus faible que celles qui avaient conservé le même poids (RR,
0,43; IC 95 %, 0,21-0,86; p = 0,01 pour la tendance liée
à la perte pondérale). Globalement, 15,0 % (IC 95 %, 12,8 %-17,4
%) des cas de cancer du sein au sein de cette population peuvent être
attribués à une prise pondérale de 2 kg ou plus
après l'âge de 18 ans et 4,4 % (IC 95 %, 3,6 %-5,5 %)
étaient attribuables à un gain pondéral de 2 kg ou plus
après la ménopause. Chez les femmes qui n'avaient
utilisé pas d'hormones après la ménopause, les
risques attribuables dans cette population étaient de 24,2 % (IC 95 %,
19,8 %-29,1 %) pour un gain de poids après l'âge de 18 ans
et de 7,6 % (IC 95 %, 5,9 %-9,7 %) pour un gain de poids après la
ménopause.
Conclusions Ces données suggèrent qu'un gain
pondéral au cours de la vie adulte, en particulier après la
ménopause, augmente le risque de cancer du sein chez les femmes
ménopausées, tandis que la perte de poids après la
ménopause est associée à une diminution du risque de
cancer du sein. En conséquence, en plus des bénéfices
connus d'un poids équilibré, nos résultats plaident
en faveur d'une autre raison chez les femmes approchant la
ménopause pour conserver leur poids ou en perdre, si
nécessaire.
JAMA. 2006;296:193-201.