Contexte Les erreurs médicales sont associées à
des sentiments de détresse chez les médecins, mais on sait peu
de choses de l'importance et du cadre de ces associations.
Objectif Evaluer la fréquence des erreurs médicales
spontanément perçues chez les médecins résidents
et déterminer l'association de l'auto-perception des erreurs
médicales à la qualité de vie des résidents,
à leur fatigue, leur dépression et leur empathie en utilisant
des paramètres validés.
Schéma, environnement et participants Etude prospective
longitudinale de cohorte chez des résidents en médecine interne
par catégorie et de façon préliminaire à la Mayo
Clinic à Rochester. Les données étaient fournies par 184
(84 %) résidents sur 219 éligibles. Les participants ont
commencé leur formation au cours des années universitaires
2003-2004, 2004-2005, et 2005-2006 et ont répondu aux enquêtes
trimestrielles jusqu'à mai 2006. Ces enquêtes comprenaient
une auto-évaluation des erreurs médicales et une
évaluation linéaire sur une échelle analogique de la
qualité de vie tous les trios mois, ainsi que l'utilisation du
Maslach Burnout Inventory (dépersonnalisation, épuisement
émotionnel, et réalisation personnelle), l'index de
réactivité interpersonnelle et un outil de dépistage
validé de la dépression tous les six mois.
Principaux critères d'évaluation La
fréquence des erreurs médicales auto-perçues était
enregistrée. Les associations d'une erreur avec la qualité
de vie, la fatigue, l'empathie et les symptômes de
dépression étaient déterminées à
l'aide d'équations généralisées
d'évaluation pour les mesures répétées.
Résultats Trente-quatre pour cent des participants ont
rapporté au moins une erreur médicale majeure au cours de leur
période d'étude. La survenue d'une erreur
médicale au cours des trois mois précédents était
rapportée par en moyenne 14,7 % des participants pour chaque trimestre.
Les erreurs médicales spontanément perçues étaient
associées à une diminution marquée de la qualité
de vie (p = 0,02) et une aggravation des mesures dans tous les
domaines de fatigue (p = 0,002 pour chaque). La perception
spontanée d'erreurs médicales s'associait à un
rapport de cote positif pour le dépistage de la dépression pour
une mesure de 3,29 (intervalle de confiance à 95 %, 1,90-5,64). De
plus, une augmentation de tous les domaines de fatigue et une diminution de
l'empathie étaient associées à une augmentation du
risque d'erreurs médicales spontanément perçues au
cours des trois mois suivants (p = 0,001, p < 0,001, et
p = 0,02 respectivement pour la dépersonnalisation,
l'épuisement émotionnel et une réalisation
personnelle plus basse; p = 0,02 et p = 0,01 pour
l'empathie affective et cognitive respectivement).
Conclusions Les erreurs médicales spontanément
perçues sont fréquentes chez les résidents en
médecine interne et sont associées à une détresse
personnelle marquée survenant ultérieurement. La détresse
personnelle et la diminution de l'empathie sont également
associées à une augmentation des chances de futures erreurs
spontanément perçues, suggérant que la perception
d'une erreur et la détresse peuvent entrer dans un cycle de
réciprocité.
JAMA. 2006;296:1071-1078.