Contexte Dans les régions endémiques du paludisme, les
stratégies pour contrôler le paludisme au cours de la grossesse
reposent sur la gestion de chaque cas de paludisme et d'anémie, des
mesures de prévention comme les moustiquaires traitées par
insecticide et un traitement intermittent préventif (IPT).
Objectif Déterminer l'effet d'une augmentation de la
résistance à la sulfadoxine-pyrimethamine sur
l'efficacité de l'IPT au cours de la grossesse en Afrique.
Sources des données et sélection des études Les
6 bases de données MEDLINE, EMBASE, SCOPUS, LILACS, Cochrane CENTRAL,
et la base de données de la bibliothèque sur le paludisme durant
la grossesse comprenant le registre des essais et les références
bibliographiques ont été étudiées concernant les
études pertinentes indépendamment de la langue, publiées
entre 1996 et décembre 2006. La liste des références de
tous les essais identifiés a été examinée et les
chercheurs ont été contactés pour les données
intéressantes. Neuf essais sur l'IPT par sulfadoxine-pyrimethamine au
cours de la grossesse en Afrique ont été identifiés et
appariés selon l'année et la localisation avec les études
thérapeutiques sur la sulfadoxine-pyrimethamine chez des enfants
symptomatiques.
Recueil des données Les données sur
l'efficacité de l'IPT avec la sulfadoxine-pyrimethamine sur le
paludisme placentaire et périphérique, le poids de naissance et
le taux d'hémoglobine/anémie ont été extraites
indépendamment par deux investigateurs. Une résistance à
la sulfadoxine-pyrimethamine était définie par le pourcentage
d'échecs totaux de traitement chez les enfants symptomatiques au
14ème jour.
Synthèse des données Quatre essais ont comparé
deux doses d'IPT par sulfadoxine-pyrimethamine à la prise en charge du
cas ou au placebo chez les femmes au cours de leur première ou
deuxième grossesse. L'IPT diminuait le paludisme placentaire (risque
relatif [RR], 0.48; IC 95%, 0.35-0.68), un faible poids de naissance (RR,
0.71; IC 95%, 0.55-0.92), et l'anémie (RR, 0.90; IC 95%, 0.81-0.99).
L'effet ne variait pas en fonction des niveaux de résistance à
la sulfadoxine-pyrimethamine (extrêmes, 19%-26%). L'efficacité de
l'IPT par sulfadoxine-pyrimethamine était plus faible chez les femmes
utilisant des moustiquaires traitées par insecticide. Trois essais ont
comparé deux doses avec un IPT mensuel par sulfadoxine-pyrimethamine au
cours de la grossesse. Chez les femmes positives pour le VIH au cours de leur
première ou deuxième grossesse, le IPT mensuel a donné
moins de paludisme placentaire (RR, 0.34; IC 95%, 0.18-0.64) et un poids de
naissance plus élevé (différence moyenne, 112 g; IC 95%,
19-205 g) pour le panel évalué de résistance à la
sulfadoxine-pyrimethamine (8%-39%). Chez les femmes VIH négatives, il
n'y a pas eu d'effet concluant supplémentaire du dosage mensuel (2
essais; résistance 24% et 39%).
Conclusions Dans les zones où 1 traitement sur 4 par
sulfadoxine-pyrimethamine n'est pas efficace chez les enfants au 14ème
jour, les deux doses d'IPT avec sulfadoxine-pyrimethamine continuent
d'apporter un bénéfice substantiel aux femmes enceintes
semi-immunes négatives pour le VIH. Toutefois, un dosage plus
fréquent est nécessaire chez les femmes positives pour le VIH
n'utilisant pas de prophylaxie par cotrimoxazole contre les infections
opportunistes.
JAMA.
2007;297:2603-2616