Contexte La surexpression du facteur de croissance
épidermique (EGF) dans le foie induit la transformation en un carcinome
hépatocellulaire dans les modèles animaux. Les polymorphismes du
gène de l'EGF modulent les taux d'EGF.
Objectif Evaluer la relation entre le polymorphisme à un seul
nucléotide du gène de l'EGF chez l'homme, l'expression de l'EGF
expression, et le risque de carcinome hépatocellulaire.
Schéma, contexte et participants Les mécanismes
moléculaires associant le polymorphisme de l'allèle
61*G et l'expression de l'EGF ont été examinés
dans les lignées cellulaires des carcinomes hépatocellulaires et
le tissu hépatique chez l'homme. Une étude cas-témoin
comprenant 207 patients atteints de cirrhose a été menée
au Massachusetts General Hospital (1999-2006) et une étude
cas-témoin de validation comprenant 121 patients atteints de cirrhose a
été menée à l'hôpital Hôpital Paul
Brousse (1993-2006). Un polymorphisme avec restriction de la longueur du
fragment a été utilisé pour déterminer le
génotype du polymorphisme du gène de l'EGF. Une analyse de
régression logistique a été utilisée pour
évaluer l'association entre le polymorphisme de l'EGF et le risque de
carcinome hépatocellulaire.
Principaux critères de jugement Les mécanismes par
lesquels le gène de l'EGF module les taux de l'EGF et les associations
entre le polymorphisme du gène de l'EGF, les taux de l'EGF, et le
carcinome hépatocellulaire.
Résultats Les transcripts de l'allèle EGF
61*G avaient une demi-vie supérieure à deux fois la
demi-vie de ceux de l'allèle 61*A, et la
sécrétion de l'EGF était 2,3 fois plus
élevée dans les lignées cellulaires du carcinome
hépatocellulaire G/G que dans les lignées A/A. Les taux
sériques de l'EGF étaient 1,8 fois supérieurs chez les
patients G/G que chez les patients A/A, et les taux hépatiques de l'EGF
étaient 2,4 fois supérieurs chez les patients G/G que chez les
patients A/A. Chez les 207 patients atteints de cirrhose de la population de
l'étude du Massachusetts, 59 avaient également un carcinome
hépatocellulaire. L'analyse de la distribution des fréquences
des allèles révélait qu'il y avait 4 fois plus de chance
de carcinome hépatocellulaire chez les patients G/G par rapport aux
patients A/A dans la population de l'étude du Massachusetts (rapport de
cotes, 4.0; intervalle de confiance à 95 [IC], 1.6-9.6; P=0.002). Une
analyse de régression logistique démontrait que le nombre de
copies de G était significativement associé au carcinome
hépatocellulaire après un ajustement sur l'âge, le sexe,
la race, l'étiologie, et la sévérité de la
cirrhose (G/G ou A/G vs A/A; rapport de risque, 3.49; IC 95%, 1.29-9.44;
P=0.01). L'association significative était validée par les
patients français atteints de cirrhose alcoolique et de carcinome
hépatocellulaire.
Conclusion Le génotype du polymorphisme du gène de
l'EGF est associé au développement du carcinome
hépatocellulaire dans la cirrhose du foie par une modulation des taux
de l'EGF.
JAMA.
2008;299(1):53-60