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Relation dose-réponse entre l'activité et la condition physiqueMême un peu, c'est bien, mais plus c'est mieux
I-Min Lee, MBBS, ScD
Le concept de dose est important en médecine clinique. Lors
du traitement pharmacologique de nombreuses conditions, les médecins
commencent en général par prescrire une dose qu'ils estiment
être la dose efficace mimimale. Si le patient ne réagit pas,
cette dose initiale pourra être amenée par titration progressive
jusqu'à la dose maximale au-delà de laquelle les effets
secondaires du médicament deviennent inacceptables pour le traitement.
Donc, tous les médicaments distribués sur le marché
exigent des données d'efficacité et de tolérance.
L'activité physique peut, bien qu'elle n'en soit pas un, se
comporter comme un médicament—elle provoque dans le corps de
nombreux changements physiologiques dans le corps (souvent
bénéfiques pour la
santé)1,
elle aide à prévenir le développement de nombreuses
maladies
chroniques,2
et elle constitue un adjuvant utile au traitement pharmacologique de beaucoup
de maladies, notamment les maladies cardiovasculaires, le cancer et les
diabètes3,4.
On encourage les professionnels de la santé, médecins y compris,
à prescrire une activité physique pour la
santé3,4.
Il est probable qu'une dose minimum d'activité physique soit
bénéfique à la santé, que ce
bénéfice pour la santé augmente quand la dose
d'activité augmente et qu'au-delà d'une certaine dose, les
effets adverses (p. ex. blessures
musculo-squelettiques5
et mort
subite6
l'emportent sur les effets bénéfiques.
À l'encontre des médicaments délivrés sur
ordonnance, on ne connaît pas bien la dose minimale de l'activité
physique ni sa dose de réponse ni sa dose de tolérance maximale.
Chargé d'évaluer les données de la relation
dose-réponse, un panel d'experts s'est déclaré, en 2000,
incapable de décrire cette relation en raison de la rareté des
données2.
Depuis lors, plusieurs
investigateurs7-9
ont tenté de se pencher sur les aspects dose-réponse de
l'activité physique dans le cadre de plusieurs études
individuelles. Il est cependant difficile de synthétiser les
données relevées par ces diverses études parce que les
investigateurs ont mesuré l'activité physique de diverses
manières et ont classifié cette activité physique selon
différents schémas posologiques qu'il n'est pas facile de
comparer directement. Une méta analyse évaluant la relation
dose-réponse entre les niveaux d'activité, la bonne condition
physique et le risque de maladie cardiovasculaire, n'a pas tenté
d'établir une cohérence entre les nombreuses définitions
et classifications différentes des doses d'activité physique.
Les experts ont préféré catégoriser
l'activité physique selon la distribution des patients de ces
études (soit 20e percentile de la population au lieu de, p. ex. 210
calories/semaine d'énergie dépensée).
Les questions de posologie reliées à l'activité
physique sont-elles de simples considérations académiques? Pas
du toutces questions ont des implications pratiques tant pour les patients que
pour les médecins. Sur la base des meilleures données
disponibles, divers groupes d'experts ont, au fil des ans et concernant
l'activité physique, formulé diverses recommandations et
émis des directives requérant des doses différentes
d'activité physique. Dans les années 1970 et 1980, on a
recommandé des exercices vigoureux et ininterrompus (tels que la
course) pendant 20 minutes et 3 jours par
semaine11.
Dans les années 1990, on a suggéré d'accumuler au moins
30 minutes par jour d'activité modérée à intense
(p. ex. de marche rapide) la plupart des jours de la
semaine12-14.
Dans les années 2000, on a prôné au moins 60 minutes par
jour d'activité
modérée15-16.
Bien entendu, chez de nombreux patients et médecins, la confusion
règne quant à la dose nécessaire d'activité
physique17.
Dans ce numéro du JAMA, l'essai clinique randomisé
rapporté par Church et ses
collègues18
clarifie un peu les questions reliées à la relation
dose-réponse de l'activité physique. Dans cet essai, 464 femmes
sédentaires postménopausées affichant un indice de masse
corporelle moyen de 31,8 et une pression systolique moyenne de 139,8 mmHg ont
été réparties au hasard entre un groupe de contrôle
et 3 groupes exécutant diverses doses d'exercice de 4, 8 ou 12
kilocalories par semaine. L'assiduité aux exercices (observés
directement) et le suivi au cours des six mois de l'intervention se sont
révélés excellents. En moyenne, les groupes
d'activité ont effectué des exercices d'intensité
modérée (vélo et marche) d'une durée respective de
72, 136 et 192 minutes par semaine. Ce qui correspond approximativement
à 50 %, 100 % et 150 % de la recommandation du chef du service
fédéral de la santé publique (30 minutes par jour la
plupart des jours de la semaine, soit 5 jours par semaine en
général, pour un total de 150 minutes par
semaine13,
un programme par ailleurs comparable aux recommandations d'autres
experts12,14.
Bien que le nombre total des minutes d'exercice équivalait à 50
%, 100 % ou 150 % de la recommandation, le nombre de sessions par semaine a
été inférieur au nombre recommandé: de 2,6
à 3,1 au lieu de 5. Dans les 3 groupes d'activité, le
critère principal de bonne condition physique a affiché une
dose-réponse linéaire et des augmentations significatives de la
consommation maximale d'oxygène: 4,2 % pour le groupe de 4
kilocalories, 6,0 % pour celui de 8 kilocalories et 8,2 % pour celui de 12
kilocalories par semaine. Par contre, on n'a relevé aucune
amélioration significative des autres facteurs de risque
cardiovasculaire—pression artérielle, profil des lipides et
poids—pour aucune des doses d'exercice.
Une conclusion intéressante de cet essai permet de relever que
même une activité correspondant à 50 % des recommandations
semble suffisante pour améliorer quelque peu la condition physique.
Cette amélioration pourrait-elle être due non seulement aux 72
minutes de vélo et de marche observées par semaine (une dose
très modeste), mais aussi à une activité physique
supplémentaire déployée en dehors de l'intervention par
ces femmes nouvellement motivées? Cela est peu probable, car les
pédomètres portés par les participantes ont
indiqué qu'au cours de l'essai, leurs déplacements quotidiens se
situaient aux alentours de 5 000 pas par jour. Ce résultat de meilleure
condition physique avec seulement 72 minutes d'exercice par semaine
complète bien les données de l'étude << Women's Health
Study >> évaluant un critère clinique (la condition physique
en tant que facteur de risque): des femmes marchant seulement de 1 à
1,5 heure par semaine, ce qui correspond également à 50 % de la
recommandation du chef du service fédéral de la santé
publique, ont diminué de moitié leur risque de maladie coronaire
comparativement à des femmes
sédentaires8.
Ces données devraient encourager les personnes sédentaires, car
elles indiquent qu'une dose réalisable d'activité physique peut
être suffisante pour commencer à récolter des effets
bénéfiques.
L'essai mené par Church et ses collègues a également
permis de conclure que la race et le poids n'influencent pas de manière
significative des améliorations de la condition physique grâce
à l'exercice. Ces données correspondent aux conclusions d'autres
évaluations de critères cliniques. Les études <<
Women's Health Study >> et << Women's Health Initiative >> rapportent
des réductions comparables des risques de maladie cardiaque ou
cardiovasculaire chez des femmes de diverses adiposités et races
grâce à l'activité
physique8,9.
Les investigateurs rapportent également que l'activité n'a
pas amélioré d'autres facteurs de risque
cardiovasculaire-pression artérielle, profil des lipides et poids (on a
relevé une amélioration très faible du glucose à
jeun). Donc, les relations dose-réponse entre l'activité
physique et divers effets bénéfiques pour la santé
varient. En particulier, en ce qui concerne l'obésité, un
problème majeur de santé publique au plan
mondial19,
les personnes sédentaires souffrant d'embonpoint ou
d'obésité ne devraient pas se laisser induire en erreur et
croire que 72 minutes d'activité physique par semaine vont
améliorer leurs problèmes de surpoids. Même à 192
minutes d'activité par semaine, la dose maximale, les participantes
à qui on n'a pas demandé de changer leur régime
alimentaire n'ont pas perdu du poids (bien qu'il y eût diminution des
tours de taille). C'est pourquoi, étant donné le régime
alimentaire américain, il est probable que, pour beaucoup de personnes,
il est plus approprié de suggérer 60 minutes ou plus
d'activité physique
quotidienne15,16
si la perte de poids est l'objectif principal. C'est d'ailleurs ce que
recommandent les programmes de contrôle de poids.
Bien qu'il dénote une relation dose-réponse linéaire
entre l'activité physique et une meilleure condition physique avec des
effets bénéfiques observés dès les 72
minutes/semaine d'activité modérée, l'essai du Dr Church
et de ses collègues ne répond que de manière
limitée et indirecte aux questions que posent les autres modèles
d'activité physique. Bien entendu, en raison des coûts et de la
faisabilité, l'essai n'a retenu que 3 modèles d'activité
physique survenant dans le monde réel, alors qu'il y en a infiniment
plus. Par exemple, cet essai ne détermine aucunement si une
activité physique vigoureuse, telle que la course, pourrait
améliorer les facteurs de risque cardiovasculaire que n'ont pas
modifiés les activités modérées des participantes,
à savoir le vélo et la marche. S'agissant des modèles
habituels d'activité physique de la vie de tous les jours, notamment
les efforts de vélo et de marche consentis pour se rendre au travail ou
promener le chien, la condition physique s'améliorera-t-elle autant que
durant l'essai si l'activité est, non pas effectuée en une
session, mais répartie sur l'ensemble de la journée? Ou encore,
si, au lieu des 2,6 à 3,1 sessions pratiquées par semaine par
les participantes, l'activité est concentrée en 1 ou 2 sessions
pendant le weekend (les sports du dimanche) selon les loisirs dont disposent
les travailleurs adultes? Ces questions renvoient à la/aux dose(s)
d'activité physique et cette/ces dose(s) se réfère(nt)
à des composants d'activité autres que le composant de cette
étude, à savoir l'énergie totale dépensée
lors d'une activité modérée. Pour en revenir à
l'analogie avec les médicaments, l'étude ne répond pas
à une importante question: quelle est la dose-réponse des effets
secondaires—à partir de quel niveau d'activité, les effets
secondaires l'emportent-ils sur les effets bénéfiques pour la
santé?
Bien que l'état actuel des connaissances concernant la relation
dose-réponse entre l'activité physique et la santé reste
incomplet, l'étude de Church et de ses collègues fournit des
données importantes sur la dose d'activité nécessaire
pour améliorer la condition physique, un indicateur puissant des
maladies chroniques et de la mortalité
précoce20.
Pour les patients et les médecins, cette affirmation peut se
résumer comme suit: << Même un peu, c'est bien, mais plus est
peutêtre mieux! >>
Liens financiers : Le Dr. Lee déclare avoir reçu, en
tant qu'investigateur principal, une subvention de recherche initiée
par l'investigateur et un soutien financier des National Institutes of Health
(le National Heart, Lung, and Blood Institute et le National Cancer Institute)
ainsi qu'une subvention de coinvestigateur de Dow Corning Corp. Il
déclare également avoir reçu des honoraires pour ses
prestations de membre du conseil consultatif scientifique du Cooper Institute
et de consultant de Virgin Life Care Inc.
Affiliation de l'auteur: Division of Preventive Medicine,
Department of Medicine, Brigham and Women's Hospital and Harvard Medical
School and Department of Epidemiology, Harvard School of Public Health,
Boston.
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ARTICLE EN RAPPORT
Effets de différents niveaux d'activité physique sur la capacité cardiorespiratoire chez des femmes ménopausées hypertendues, sédentaires, en surpoids ou obèses: Une étude randomisée et comparative
Timothy S. Church, Conrad P. Earnest, James S. Skinner, et Steven N. Blair
JAMA. 2007;297:2081-2091.
Résumé
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