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  Vol. 297 No. 22, 13 juin 2007 TABLE OF CONTENTS
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Paul-Elie Ranson (1861-1909)

Jean Gavaudan, MD

Il est amusant de constater lorsqu'on étudie les Nabis que ce mouvement de courte durée a vu sa vie limitée par les historiens de l'art à une période finissant brutalement avec le 20ème siècle et l'on trouve dans certains livres sur les nabis les dates de 1891-1899 ou 1888-1900, comme si ce mouvement ne devait pas survivre à un autre siècle, celui de l'art nouveau, du symbolisme et de l'expressionisme.

Le terme de nabi vient de l'hébreu Nebiim qui signifie: prophète, illuminé ou celui qui reçoit les paroles de l'au-delà, ou l'inspiré de Dieu comme l'a proposé le poète Auguste Cazalis.

La démarche artistique des nabis est un retour vers des sources sacrées. L'art tel qu'on le pratiquait au Moyen-Âge, en réaction au matérialisme et à l'impressionnisme, mais aussi et surtout en réaction à l'Académisme dont le 19ème siècle avait si bien su nous gaver. C'est autour de deux personnages que prend forme le mouvement. Sérusier rencontre Gauguin à Pont-Aven, en Bretagne, pendant l'été 1888 et leur entente marque le début du mouvement nabi. Mais, s'ils essaient de proposer un nouvel élan spirituel de l'art, leurs ambitions n'ont jamais trouvé un écho comparable à leur réflexion intellectuelle.

Car, ces peintres, ces poètes ou ces musiciens, détachés du christianisme, se rapprochent de philosophies orientales, d'orphisme, d'ésotérisme, de théosophie. Bref un mélange un peu confus de personnalités qui se cherchent dans des pays et brumes ou soleils lointains. Gauguin partira vers ces pays, les autres resteront et peindront la lumière qu'ils ont dans les yeux à défaut de la voir directement. Une lumière qu'ils voudront spirituelle, annonçant le symbolisme.

Durant toute la durée de leur court mouvement, pourtant influent à cette époque, les nabis seront marqués par la personnalité de Gauguin. Dans tout groupe émerge un gourou. Ce fut Gauguin, mais sans doute cette lourde responsabilité lui pesait trop, lui qui a cherché au bout du monde le repos de son âme.

Les Nabis peignaient en utilisant de grands aplats de couleurs, sans mélange, par le cerne, souvent sans perspective ou en la faussant. La ligne d'horizon des paysages était souvent haute. Intéressés par toute forme d'art, les nabis ont fait des incursions dans d'autres domainres et marquent de leur empreinte, tapisseries, vitraux, tissus et papiers peints, décors de théâtre, illustrations de livres, affiches, cette démarche s'inscrivant dans une volonté de revaloriser l'artisanat. Toujours ce désir d'élever les objets à un rang plus 'sacré'. Lorsque les nabis signaient dans leurs lettres: << En Ta Paume Mon Verbe Et Ma Pensée >> comment ne pas penser à la bible où le mot verbe désigne tout l'homme et sa pensée?

Les peintres nabis les plus influents ont été Pierre Bonnard, Ker Xavier Roussel, Félix Vallotton, Maurice Denis et Edouard Vuillard. Paul Ranson ou Paul-Elie Ranson fut l'un d'entre eux, pas le plus connu, mais il est parmi les premiers à joindre le mouvement et à lui créer un langage propre. Né à Limoges en 1864, il étudie d'abord à l'Ecole des Arts Décoratifs avant d'aller à Paris à l'Académie Julian en 1886 où il y rencontre Paul Sérusier qui joue le rôle de lien dans ce groupe, d'abord avec Gauguin puis avec Ranson et bien d'autres encore. A l'Académie Julian, Ranson rencontre également Pierre Bonnard, Maurice Denis avec lequel il se lie d'amitié et avec lequel il partage, outre son attrait pour la peinture de Gauguin, une admiration pour les peintres du Moyen-Âge.

Pourquoi Ranson est-il moins connu que les autres peintres nabis? Difficile de répondre à cette question. Beaucoup lui ont reproché de ne pas avoir suffisamment approfondi le sens de la démarche nabi et d'avoir sacrifié à la forme plutôt qu'au fond. En somme, d'avoir été plus décorateur que peintre. D'un autre côté, certaines de ses peintures laissent songeur, comme Le Paysage Nabique (1890) ou Christ et Bouddha (1890). On le classe alors dans la catégorie des peintres mystérieux, indéchiffrables. Il restera au fond un peintre inégal. Peut-être n'est-il pas allé jusqu'au bout de la recherche ésotérique qui amènera le symbolisme, mais en avait-il les moyens? Ses fréquentations en dehors de la peinture le feraient presque classer comme symboliste. Il partageait pourtant avec les nabis cette vision désenchantée du monde 'moderne' de ce siècle en transition. Un siècle qui, pour beaucoup, apportait le progrès, mais qui, aux yeux des autres, était aussi la fin d'un monde. Comment alors ne pas penser à A. Schnitzler ou S. Zweig quand Paul Natanson, Directeur de la Revue Blanche, écrit, sur le doute et l'inquiétude et dit à propos de Ranson: "Paul Ranson aussi était gai mais c'était d'une de ces gaietés qui ont bien, parfois, l'air d'un rideau tiré sur la mélancolie et paraissent délibérées".

Les peintres nabis se dispersent en 1900, leur mouvement s'éteint. Ranson fait une dernière tentative en créant en 1908 avec sa femme, Marie-France, l'Académie Ranson, mais il meurt l'année suivant en février 1909 à Paris.

Avec Ranson, le nabi plus japonard que le nabi japonard, disparaissait définitivement le mouvement nabi.







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