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  Vol. 298 No. 9, 5 septembre 2007 TABLE OF CONTENTS
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Odilon Redon (1840-1916) La pêcheuse, 1900.

J. Gavaudan, MD

Odilon Redon fut l'un de nos plus grands peintres symbolistes et le parcours de sa vie emprunte des voies qui restent jusqu'à aujourd'hui imprégnées de mystère.

Né dans un siècle de bouleversements et de progrès, le jeune Odilon Redon a connu des événements forts dans son enfance et sa jeunesse qui ont définitivement marqué son caractère.

Si l'on dit souvent qu'à six ans, tout est joué, ce fut bien son cas et son appartenance à un monde sombre et ésotérique, empreint de rêve, vient sans aucun doute des premières années de sa vie.

Né à Bordeaux, il est le fils d'un couple que l'on qualifierait aujourd'hui de « mixte ». Son père avait épousé sa mère, une créole de la Nouvelle-Orléans, en Amérique. Ils ne reviendront en France que 5 à 6 ans plus tard. Odilon Redon, enfant d'une sensibilité particulière et très précoce, restera à jamais un apatride dans l'âme.

Extrêmement doué pour le dessin, il dessine avant de savoir écrire, et s'oriente naturellement vers l'expression artistique. Les premières années du jeune Odilon sont celles d'une douloureuse adaptation au monde de l'école qu'il ne suit qu'avec difficulté.

A 7 ans, le voilà à Paris, accompagné d'une vieille bonne. Paris, c'est la découverte des musées et des toiles des maîtres qui frappent le jeune enfant. Les grandes toiles, mettant en scène les drames historiques, sont la révélation du monde de l'art et de ce que l'on peut exprimer avec un pinceau et une palette.

Il tient sa vocation et se consacrera à la peinture dont il deviendra un des coloristes majeurs.

Après des séjours en atelier, d'abord chez Stanislas Gorin, puis chez le « baron » Gérôme avec lequel les rapports sont difficiles, il découvre petit à petit la richesse d'un siècle qui s'ouvre à la liberté après des siècles de royauté et d'Empire.

Très tôt, il imprègne son art de sa personnalité et apprend la technique de l'eau forte et de la lithographie. Après un voyage en Belgique et en Hollande, il publie en 1879 un premier album de lithographie « Dans le Rêve » dans lequel il se montre comme un précurseur de la psychanalyse, cherchant à travers les rêves, une descente dans l'inconscient.

Son art sera désormais celui de l'exploration de l'imaginaire et de l'inconscient.

Les 15 années suivantes seront celles du pastel, de la peinture à l'huile, de la couleur et des rencontres avec les maîtres de l'époque. Suivre alors son itinéraire, c'est feuilleter les pages d'un catalogue de peinture et d'une anthologie de la littérature. Car ce siècle est riche de génies. Il rencontre, Gauguin, Maurice Denis, Fantin-Latour, Delacroix... Aujourd'hui des noms d'artistes accrochés dans tous les musées du monde, mais à cette époque, des contemporains de Redon, qui l'enrichissent sans influencer réellement son art. Il continue à voguer dans ses rêves et l'inconscient qui l'inspirent.

La fin du siècle arrive, un nouveau commence. Les nuages s'accumulent, les orages sont pour bientôt. Mais Redon, qui a déjà participé en tant que simple soldat aux combats de 1870 sur la Loire, n'a plus l'âge d'être enrôlé. Il est désormais connu. En 1903, la légion d'honneur lui est attribuée, honneur rare à cette époque, moins de nos jours. En 1904, une salle entière comportant 62 œuvres lui est consacrée au Salon d'Automne. En 1908, il part voyager à Venise avec sa femme et son fils.

A son retour, il passe quelque temps à Bièvres dans la villa de sa défunte belle-sœur, Juliette Dodu, créole de l'île de la Réunion, demi-sœur de sa femme, et elle-même héroïne de la « résistance » en 1870, décorée de la légion d'honneur. Sa belle-sœur, décédée en 1909 chez lui, s'était fait remarquer par son audace et sa détermination par ses transmissions secrètes des communications de l'armée prussienne à Pithiviers. Elle avait échappée de peu au peloton d'exécution lorsque, condamnée à mort par l'occupant ennemi, elle avait été sauvée de justesse par la signature de l'armistice.

Odilon Redon est désormais un peintre connu, dont les toiles font le tour du monde. Il est exposé aux Etats-Unis. New York, Chicago et Boston, lui font honneur.

Agé de plus de 70 ans, Odilon Redon reste dans le monde de l'imaginaire. Il rejoint ses rêves un 6 juillet 1916 et sera inhumé au cimetière de Bièvres, dans la région parisienne.

Avec lui disparaissait « l'âme du roi des mondes imaginaires » dont l'œuvre complète n'a pas été complètement décryptée. Le sera-t-elle un jour ? Sans doute puisque nous cherchons de nos jours une explication à toutes choses, mais le dernier mot n'appartient-il pas à Odilon Redon : « L'artiste vient à la vie pour un accomplissement qui est mystérieux. Il est un accident. Rien ne l'attend dans le monde social ». Tout est dit et le mystère demeure.







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