Ce message apparaît peut-être en raison d'une inadaptation de votre moteur de recherché aux références internet requises. Comprenez la raison de l'apparition de ce message et ce que vous pouvez faire pour mieux connaître le site.


Recherche avancée

Institution: STANFORD Univ Med Center  | Mon compte | s'inscrire


  Vol. 300 No. 11, 17 septembre 2008 TABLE OF CONTENTS
  Couverture
 Cet Article
 •PDF
 •Sauvegarder dans Citation Manager
 •Permissions
 Contenu en rapport
 •Articles similaires dans ce journal

La cueillette


Figure 1
Pierre Auguste Renoir (1841- 1919), © RMN, La cueillette, 1910, français

Renoir, l’un des plus célèbres peintres français, né à Limoges, est difficilement classable. Il a appartenu à l'école impressionniste, bien que plus intéressé par la peinture de portraits et le nu féminin que par celle des paysages. Il élabore une façon de peindre caractéristique, influencée par la peinture française du XVIIIe (Fragonard, Boucher). Mais il est aussi influencé par Ingres, Courbet, Manet, Monet, ou les fresques de Raphaël.

Pendant environ soixante ans il aura peint à peu près six mille tableaux, ce qui est un record avant Picasso !

Plus inspiré par les nus féminins que les paysages ? Cette certitude nous abandonne devant « la Cueillette », nous remontons un petit sentier tortueux qui s’offre joliment à nous. Après avoir quitté les bords de la Seine, grimpé et remonté sur la terre durcie par le soleil et les cailloux râpeux, nous sommes transportés dans un havre de lumière, de quiétude et de douceur de vivre. Ce chemin est inspiré par le désir de quiétude et pas par le désir d’évasion. La luxuriance de la végétation adoucit et parfume sous nos pas la promenade romantique et pleine de volupté.

Cueillette ? Pourquoi pas ? Les multiples fleurs s’offrent si généreusement sur la toile qu’on les emporterait à pleines brassées.

Les gestes des personnages sont d’une douceur exquise et la conception du temps est aussi très subtile et suggérée dans le tableau. « La Cueillette » est un monde d’apparences et de parfums où l’on observe d’un regard contemplatif la suspension du temps, la douceur d’une autre époque, et l’on s’y plonge avec émotion.

Le tableau nous éblouit par la magie du pinceau et l’harmonie des couleurs.

Renoir a raison. Toutes les couleurs, les parfums et les mouvements appartiennent profondément à la nature et il est impossible de remettre ce monde en question.

Au-delà du regard, ce tableau détient des secrets que l’on aimerait percer. Pierre Auguste Renoir s’est appliqué à les rendre perceptibles : le silence palpable, les couleurs qui frémissent, se choquent et s’estompent pour nous plonger dans un monde de calme et de plénitude.

Pierre Auguste Renoir communique cette sensation d’être moderne à son époque, car il cultive le mouvement. Les personnages sont dans leur élan, tout à leur cueillette ! C’est un monde contrasté fait d’une extrême poésie mais aussi d’une extrême nostalgie. Ce tableau est symbolique et émouvant, représentant probablement une partie de l’enfance vécue par Pierre Auguste Renoir qui a connu ces scènes simples de la vie quotidienne.

Issu d’une famille plutôt modeste. Il prend la route à 13 ans pour travailler dans des ateliers de porcelaines ; il suit en même temps des cours de dessins. A l’âge de 17 ans, pour gagner sa vie, il peint des éventails et colorie des armoiries pour son frère Henri, graveur en héraldique !

En 1862, Renoir réussit le concours pour être admis à l’école des Beaux Arts et entre dans l’atelier de Charles Glèvre où il rencontre Monet, Fréderic Bazille et Sisley. La première œuvre qu’il expose au salon (l’Esméralda, 1864) connait un véritable succès, mais après l’exposition, il la détruit. Les œuvres de cette période sont marquées par l'influence d'Ingres dans les portraits, de Courbet également (particulièrement dans ses natures mortes). Il emprunte certains thèmes à Delacroix (les femmes orientales par exemple). En 1865, « Portait de William Sisley » et « Soir d’été » sont acceptés au Salon, ce qui est plutôt de bon augure.

Le modèle important de cette époque est sa maîtresse, Lise Tréhot : c'est elle qui figure dans le tableau « Lise à l'ombrelle, (1867) » qui figure au salon de 1868, et qui suscite un commentaire très positif de la part d'un jeune critique, Emile Zola. Le séjour que Renoir fait avec Monet à La Grenouillère près de Bougival, est décisif dans sa carrière. Il peint véritablement en plein-air. C’est un bouleversement qui change sa palette et fragmente sa touche (Monet va beaucoup plus loin dans ce domaine). Il apprend à rendre les effets de la lumière, et à ne plus forcément utiliser le noir pour les ombres. C'est à partir de là que commence sa période véritablement impressionniste.

En 1910, Pierre Auguste Renoir connaît une immense notoriété, il est célèbre dans le monde entier et expose ses toiles partout, notamment aux Etats-Unis, faisant déplacer des foules, participe aux Salons d'Automne à Paris.

Parti de presque rien, il vit sans jamais perdre le goût des choses simples qu’il conserve jusqu’au bout. L'aisance matérielle qu'il acquiert ne lui fait pas perdre le sens des réalités. Il continue à peindre dans son petit univers quasi-rustique. Il teste de nouvelles techniques, comme la sculpture (à la demande d'un nouveau marchand, alors même que ses mains ne peuvent quasiment plus bouger et sont complètement déformées par les rhumatismes).

Sa femme meurt en 1915 et ses fils sont blessés pendant la guerre. Malgré tout Renoir continue de peindre, jusqu'à sa mort en 1919. Il aurait d'ailleurs, sur son lit de mort, demandé une toile et des pinceaux pour peindre le bouquet de fleurs qui se trouvait sur le rebord de la fenêtre. En rendant pour la dernière fois ses pinceaux à l'infirmière, il aurait déclaré : « je crois que je commence à y comprendre quelque chose » ce qui résume la grande humilité avec laquelle Renoir appréhendait la peinture, et la vie.

Emma Guerlain







Accueil | Numéro Actuel | Numéros Précédents | Page du Patient | Le JAMA-français
Conditions d'utilisation | Politique de confidentialité | Contactez-nous (Anglais)
 
Copyright© 2008 American Medical Association. Tous Droits Réservés.