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CELEBRATION DES 125 ANS
Massage cardiaque externe : les progrès mesurés par les exceptions
Commentaire par Myron L. Weisfeldt, MD, et Joseph P. Ornato, MD
JAMA. 2008;300(13):1582-1584
RÉSUMÉ
RESUME DE LARTICLE ORIGINAL Massage cardiaque externe W.B. Kouwenhoven, Dr Ing ; James R. Jude, MD ; G. Guy Knickerbocker, MSE JAMA. 1960;173(10):1064-1067
La réanimation cardiaque après un arrêt cardiaque ou une fibrillation ventriculaire a été limitée par la nécessité dune thoracotomie ouverte et le massage cardiaque interne. Suite à une expérimentation animale une méthode de massage cardiaque transthoracique a été développée. Des mesures de réanimation immédiate peuvent maintenant être introduites pour donner non seulement une respiration artificielle par le bouche à nez mais aussi par un massage cardiaque adéquat sans thoracotomie. Lutilisation de cette technique sur 20 patients a donné un taux de survie en général permanent de 70%. Nimporte qui, nimporte où, peut maintenant prodiguer les procédures de réanimation cardiaque. Tout ce qui est nécessaire sont deux mains.
Voir www.jama.com pour le texte complet de larticle JAMA original.
Il existe peu de publications médicales qui aient une importance aussi pratique et durable quelles peuvent affecter la vie, la carrière et les compétences de secourisme de virtuellement tous les professionnels de santé. « Le Massage Cardiaque Externe » de Kouwenhoven et al.1 est un tel ouvrage parce quil a décrit une percée dans la technique de réanimation qui pourrait être appliquée par tout individu formé sans équipement spécial et il a sauvé les vies dinnombrables patients en arrêt cardiaque. Sladen2a fourni de remarquables détails et vignettes de lintroduction de la réanimation cardiorespiratoire (CPR en anglais) à lHôpital John Hopkins au moment de la première réédition de cet article dans la publication pour les 100 ans du JAMA en 1984.
Posez la question à nimporte quel professionnel de santé et il ou elle vous décrira un « sauvetage » par réanimation qui fut particulièrement mémorable. Par exemple, en 1967, lun de nous (M. L . W.) était un médecin résident envoyé avec dautres résidents pour répondre à un appel pour arrêt cardiaque dans lascenseur au huitième étage du bâtiment de la faculté de médecine adjacent à lhôpital dans lequel nous travaillions. Le patient, sans pouls et apnéique, était un homme bien habillé dont nous avons appris quil était le nouveau président du département à son premier jour de travail. Nous avons frénétiquement commencé à appliquer la technique relativement nouvelle de massage cardiaque externe décrite par Kouenhoven et al1 quelques années auparavant et avons transporté le patient vers le service durgence pendant un trajet qui nous semblait terriblement long depuis lascenseur et le long de nombreux couloirs. Après environ 30 minutes de réanimation sans succès, le résident principal était sur le point dannoncer le décès du patient, mais nous avons insisté et poursuivi nos tentatives de réanimation pendant encore 10 minutes. A notre grande satisfaction (et surprise) la réanimation fut un succès et le patient survécut sans séquelles neurologiques. En 1 mois, le tout nouveau président de département du centre médical était de retour au travail, saluant ses résidents tous les jours dans la salle à manger.
Lefficacité des compressions cardiaques était claire dans ce cas et dans un nombre indicible de cas similaires de patients qui avaient reçu une seconde chance de vie après avoir reçu une compression externe, souvent en conjonction avec une respiration artificielle, une défibrillation, et dautres formes de réanimation et de soins de post-réanimation. Cependant, de tels cas représentent lexception à la règle, vu quà ce jour, presque 50 ans après la publication de cet article point de repère,1 seule une minorité de patients en arrêt cardiaque survivent à la sortie dhôpital sans séquelles neurologiques. Ceci est vrai, que larrêt cardiaque se produise dans lhôpital,3 où le taux de survie est en moyenne de 17%, ou en dehors de lhôpital,4,5où le taux de survie dans la plupart des communautés est de seulement 2 à 6%, lorsque tous les accidents darrêts cardiaques, non seulement les cas les plus traitables (ex. arrêt constaté, le témoin réalisait la CPR, fibrillation ventriculaire de rythme initial, et utilisation par le témoin dun défibrillateur externe automatique dans un cadre public comptabilisé pour moins de 20% du total), sont utilisés comme le dénominateur pour lanalyse. Mais les cas exceptionnels qui résultent en une survie sans séquelles neurologiques sont notables parce quils apportent la confirmation de ce qui est nécessaire dans une stratégie de traitement complet qui (1) optimise le flux sanguin et larrivée de loxygène aux organes vitaux pendant la réanimation ; (2) minimise le temps quil faut pour restaurer la circulation spontanée efficace ; et (3) maximise la post-réanimation neurologique et le rétablissement dautres organes vitaux.
Pendant presque 2 décennies, la chaîne de survie de lAmerican Heart Association (AHA) a servi comme cadre organisationnel pour la formation et lorganisation des professionnels de santé, des travailleurs de sécurité publique, et les profanes en matière de systèmes de réanimation efficaces dans lhôpital et en dehors de lhôpital.5Plus récemment, un cinquième lien-le soin post-réanimation- a été proposé pour reconnaître sa capacité à augmenter la survie sans séquelles neurologiques. Des progrès substantiels ont été réalisés dans chacun de ces domaines mais des défis demeurent.
Accès Précoce
Lorsque Kouwenhoven et al1 ont publié leur article, il nexistait pas déquipes hospitalières codées ni pas de systèmes de services médicaux durgence organisés, (les techniciens médicaux durgence ne sont apparus quà partir de la fin des années 60/début 70), et il ny avait pas de numéro dappel durgence universel (i.e. le 911 aux USA, le 15 en France). Presque tous les Etats-Unis géographiques ont le service 911 et récemment, la technologie a permis le routage direct des appels faits par téléphone portable vers le point de réponse de sécurité publique par triangulation automatique du lieu approximatif de lappelant. Le grand défi qui demeure est de développer des stratégies efficaces ou des technologies qui peuvent réduire le grand pourcentage darrêts cardiaques qui sont actuellement sans témoins (en dehors de lhôpital, 14%).3De nombreux hôpitaux envoient maintenant des équipes durgence qui peuvent apporter aux patients à haut risque un accès précoce à des interventions de stabilisation avec pour but de prévenir une décompensation vers larrêt cardiaque.
CPR Précoce
Kouwenhoven et al1auraient difficilement imaginé un temps où des millions de professionnels de santé, de personnels de sécurité publique, et de profanes sauraient comment exécuter une CPR comme résultat defforts inlassables de la part dorganismes comme lAHA et la Croix-Rouge américaine. Des décennies de recherche ont prouvé que le massage cardiaque externe génère le flux sanguin par à la fois la compression cardiaque directe (pompe cardiaque comme assumé par Kouwenhoven et al.1) aussi bien que des changements cycliques de la pression intrathoracique (pompe thoracique).7
Wesifeldt et Becker8 ont émis la théorie quil existe 3 phases physiologiques de réanimation : électrique, circulatoire et métabolique. Lorsque larrêt cardiaque se produit à cause dune fibrillation ventriculaire (FV), les niveaux dadénosine triphosphate (ATP) myocardique commencent à chuter car les cellules myocardiques en fibrillation continuent de consommer de lATP à un taux presque normal. Pendant la phase électrique (les toutes premières minutes), inciter à la défibrillation est souvent le seul effort qui est requis pour restaurer la circulation. Les dépôts dATP myocardique diminuent bientôt à un niveau critique, au point quun choc de défibrillation terminera habituellement la FV seulement pour résulter en une asystolie ou une activité électrique sans pouls car les cellules manquent de « carburant » phosphate à haute énergie. Pendant cette phase circulatoire, une brève période (de 90 secondes à 3 minutes) de compression efficace de la cage thoracique avant la défibrillation peut booster lapport dATP myocardique et augmenter la probabilité quun rythme de perfusion résultera après un choc de défibrillation. Si le patient reste en arrêt cardiaque plus de 8 à 10 minutes, une lésion ischémique cellulaire croissante se développe pendant la phase métabolique de réanimation, ce qui indique que des mesures supplémentaires de protection cellulaire seront probablement nécessaires pour restaurer la fonction vitale dun organe. Ainsi, lapproche stratégique pour réanimer des sujets en arrêt cardiaque et FV a évolué depuis « choquer en premier et souvent » vers la séquence critique dans le temps de CPR de haute qualité, la défibrillation, et les soins de post réanimation.
Cette nouvelle stratégie met en valeur limportance de la CPR de haute qualité interrompue a minima pour maximiser loxygénation des tissus et les niveaux intracellulaires de phosphate à haute énergie. La CPR externe conventionnelle est au mieux une action dattente, apportant des changements hémodynamiques similaires à ceux vus dans le choc cardiogénique, avec une pression artérielle systémique basse, activité cardiaque manifestement réduite, et pression de remplissage ventriculaire gauche élevée. La qualité de la CPR (comprenant des facteurs comme la profondeur adéquate, la force, et la durée de la compression de la cage thoracique ; décompression complète de la paroi thoracique pendant la montée de pression ; compression thoracique interrompu imperceptiblement à un rythme denviron 100 par minute ; (et en évitant une hyperventilation) est dune façon critique le déterminant important dune survie sans séquelles neurologiques.9Les dernières directives de lAHA pour la CPR et les soins durgence cardiovasculaire soulignent limportance renouvelée de grande qualité de CPR et ont simplifié la technique pour faciliter lapprentissage et une meilleure conservation de la compétence du sauveteur.10De nombreuses communautés ont récemment documenté une amélioration significative dans la survie à un arrêt cardiaque en dehors de lhôpital après mise en œuvre des dernières directives et des derniers principes.11
Défibrillation Précoce
Une tachyarythmie ventriculaire est lévénement inaugural chez plus de 80% des patients qui développent un arrêt cardiaque primaire en dehors de lhôpital pendant le contrôle électrographique ambulatoire,12 et la survie décroît rapidement si la défibrillation nest pas réalisée dans les toutes premières minutes. En conséquence, la FV est le rythme se présentant dans seulement 22 à 35% des cas darrêts cardiaques en dehors de lhôpital lorsque le personnel des services médicaux durgence arrive.13 Une exception notable est représentée par les arrêts cardiaques qui se produisent dans des lieux publics comme les terminaux daéroports très fréquentés, les casinos, les centres commerciaux, et les grands rassemblements sportifs. Dans de tels cadres, il existe une forte fréquence de FV initiale et un doublement approximatif de la survie lorsque des sauveteurs profanes posent et utilisent rapidement un défibrillateur automatique externe.14
Soins Avancés Précoces et Soins Post-réanimation
Malgré que des études de laboratoire suggèrent un avantage à utiliser des vasoconstricteurs adrénergiques pendant la CPR et une médication anti-arythmique dans les cas de FV, aucun essai à grande échelle, randomisé, contrôlé par placebo na été conduit qui puisse définir définitivement la valeur de ces composés pendant la réanimation. LAHA inclut ces composés dans ses directives de CPR basées sur leur utilisation historique, la preuve expérimentale, et lexpérience dessai humain limitée.
Une expérience croissante suggère que des interventions métaboliques administrées après la réanimation, en particulier une hypothermie modérée induite pendant 24 à 48 heures, peut améliorer en général la survie et le résultat neurologique pour les patients en arrêt cardiaque en dehors de lhôpital avec un rythme initial de FV, bien quil y ait moins de certitude quant à lavantage chez les patients avec dautres rythmes initiaux.15 De plus, des soins de post-réanimation bien dirigés, menés selon un protocole, peuvent améliorer significativement les chances de survie sans séquelles neurologiques à la sortie de lhôpital.
Conclusion
Un grand deal de progrès a été fait en réanimation depuis la publication classique de Keuwenhoven et al,1et lacquisition de nouvelles connaissances et techniques saccélère. LInstitut du Cœur, Poumon et Sang a récemment créé un vaste réseau multicentrique dessais cliniques de réanimation (Resuscitation Outcomes Consortium, Consortium de Résultats en Réanimation, [ROC en anglais]) en partenariat avec lInstitut de Santé Respiratoire et Circulatoire des Instituts de Recherche de la Santé Canadiens et dautres partenaires fianceurs gouvernementaux et non gouvernementaux. Un but primaire de ROC est de fournir un laboratoire communautaire efficace capable daccélérer les tests et la transcription de techniques prometteuses de réanimation dans la pratique clinique de premiers secours dans la vie de tous les jours. De plus, 2 grands registres de réanimation prospectifs américains (le Registre National de CPR des cas darrêts cardiaques à lhôpital et le Chapitre ROC pour les arrêts cardiaques en dehors de lhôpital) existent maintenant grâce à un soutien financier de la part de lAHA. Chacun des ces registres génère de solides données épidémiologiques, aidant à suivre les progrès en sefforçant de faire de la survie à un arrêt cardiaque une règle et non une exception.
Informations sur les auteurs
Auteur correspondant: Jeremiah Stamler, MD, Département de Médecine Préventive, Ecole de Médecine de Feinberg, Northwestern University, 680 N Lake Shore Dr, Ste 1102-D335, Chicago, IL 60611-4402 (j-stamler{at}northwestern.edu).
Liens financiers : Le Dr Weisfeldt rapporte avoir travaillé en tant que chef détude, National Institutes of Health (NIH) Resuscitation Outcomes Consortium (ROC) ; et le Dr Ornato rapporte avoir travaillé en tant que membre du bureau de conseil scientifique, ZOLL Scientific, et en tant quassocié en cardiologie, NIH ROC.
Affiliations de l'auteur: Département de Médecine préventive, Ecole de Médecine de Feinberg, Northwestern University, Chicago, Illinois (Dr Stamler); Département de Biostatistiques, Ecole de la Santé Publique, University of Minnesota, Minneapolis (Dr Neaton).
BIBLIOGRAPHIE
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