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Maximilien Luce, 1858-1941, Baigneuses de Saint-Tropez, 1897, Suisse
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Né en Suisse en 1858, Maximilien Luce est très tôt attiré par le dessin et dès quil le peut suit les cours de lAcadémie de Suisse et sinitie aux techniques de la peinture sur bois avant de fréquenter latelier de Carolus Duran.
A ses débuts, vers 1885, Maximilien privilégie le thème du paysage de banlieue. Remercions-le, car ces paysages que nous ont laissé les peintres de ce nouveau courant impressionniste tel Claude Monet et tous ces nouveaux peintres de la lumière que les critiques appellent alors, en se moquant joyeusement, les peintres du soleil levant, nexistent plus aujourdhui !
Le tournant a lieu pour Maximilien en 1885, à Lagny-sur-Marne lorsquil découvre les recherches « pointillistes » de Georges Seurat. Il adopte et pratique cette technique du divisionnisme.
Mais cest après le Salon des indépendants, auquel il participe en 1887, que son talent est reconnu, dabord par Pissaro, qui lintègre au groupe des néo-impressionnistes. « Luce est et sera toujours un tempérament avant dêtre un théoricien » écrit, à loccasion du Salon des Artistes Independants, Felix Feneon où beaucoup dartistes louent alors son talent.
Du Quai à Camaret (peint en 1894) à la Citadelle de Saint-Tropez (peint 1892) : la couleur sous le pinceau pour expression !
En 1895, à Charleroi, il découvre le « pays noir », lunivers de la sidérurgie et de la mine. Il voue dès lors son art à sa sensibilité sociale : il peint les ouvriers dans lenfer des usines. Ce monde le touche profondément. Il dessine aussi, dans des revues anarchistes, témoignant de lindustrialisation, un monde en mutation violente. Il revendique ouvertement une sensibilité sociale. Brève période divisionniste de son œuvre alors quil fréquente Seurat, Signac et le pointillisme.
Au début du XXe siècle, il abandonne ce pointillisme pour explorer un nouveau style plus classique. Il se tourne vers la nature et adoucit son style : cest la quête de léquilibre dans son œuvre.
La scène peinte dans le tableau que nous présentons : « Les baigneuses de Saint Tropez », montre à quel point le charme du paysage, la douceur de la lumière et des couleurs, lélégance des gestes et des mouvements qui composent la toile offrent une telle sensualité que lon se sent à laise dans cette atmosphère. Cette peinture est symbolique dune harmonie retrouvée. Un lieu daccueil propice au rêve ou encore une échappatoire au quotidien. Une sieste ici simpose, bien méritée pour ces baigneuses innocentes. La vie est faite de joies dans un monde apaisant et notre peintre nous le fait sentir mieux que quiconque ! Maximilien Luce, qui a pris la liberté toute sa vie de dessiner et de peindre les scènes de la vie courante nous émeut, par sa sensibilité à rendre les délicats paysages de Provence. Il faut aussi évoquer ladoucissement des traits du corps des femmes, qui apparaissent dans toute leur simplicité, sous des pins parasols, évoquant la distinction et la grâce de jeunes filles rêvant au bord de la mer.
A lépoque des procès des trente, ayant réalisé des dessins politiques, il est arrêté et enfermé à Mazas. « Cette lutte que mènent les hommes pour leurs libertés, elle fut la sienne, a écrit Jean Texier en 1947. Libre, il le fut toute sa vie, il le montre en épousant à lâge de 82 ans Ambroisine Bouin.
Il meurt en Provence, en 1941 à laube dun monde bien loin du sien.