Contexte Le manque de sommeil est associé à une
augmentation du risque d'erreurs médicales et d'accidents
automobiles chez les internes. Le Conseil d'Accréditation pour
l'éducation médicale des diplômés (ACGME) a
introduit en 2003 des standards d'heures de travail pour diminuer
celles-ci.
Objectif Evaluer l'observance des internes aux standards des
heures de travail du ACGME.
Schéma, environnement et participants Etude nationale
prospective de cohorte avec des évaluations mensuelles ayant pour base
Internet sur le travail des internes et les heures de sommeil à
l'aide d'un instrument validé, menée avant son
implantation (juillet 2002 jusqu'en mai 2003) et après
implantation (juillet 2003 à mai 2004) des standards ACGME. Les
participants étaient au nombre de 4015 parmi environ les 37 253
internes des programmes de résidence aux Etats-Unis dans toutes les
spécialités au cours de cette période; ils ont rempli 29
477 rapports sur leur travail et les heures de travail.
Principal critère de jugement Taux globaux et mensuels
d'observance aux standards ACGME.
Résultats Après mise en place, 1 068 (83,6 %;
intervalle de confiance à 95 % [IC], 81,4 %-85,5 %) internes sur 1 278
ont rapporté travailler en violation des standards durant un mois ou
plus. Des périodes de travail plus importantes que les 30 heures
consécutives ont été rapportées par 67,4 %
(intervalle de confiance à 95 %, 64,8 %-70,0 %). Pendant une moyenne de
4 semaines, 43,0 % (IC 95 %, 40,3 %-45,7 %) ont rapporté travailler
plus de 80 heures hebdomadaires et 43,7 % (IC 95 %, 41,0 %-46,5 %) ont
rapporté ne pas avoir un jour de repos sur 7. Des violations ont
été rapportées pendant 3 765 (44,0 %; IC 95 %, 43,0
%-45,1 %) périodes sur 8 553 internesmois évaluées
après mise en place (y compris les vacances et les rotations
ambulatoires), et pendant 2 660 périodes (61.5 %; IC 95 %, 60,0 %-62,9
%) sur 4 327 internes-mois au cours desquelles les internes avaient
travaillé exclusivement dans des contextes hospitaliers. Après
mise en place, 29.0 % (IC 95 %, 28,7 %-29,7 %) des semaines de travail
rapportées comportaient plus de 80 heures de travail par semaine, 12,1
% (IC 95 %, 11,8 %-12,6 %) travaillaient 90 heures ou plus par semaine et 3,9
% (IC 95 %, 3,7 %-4,2 %) 100 heures ou plus par semaine. En comparant les
réponses avant mise en place par rapport aux réponses
après mises en place, la durée rapportée moyenne du
travail avait diminué de 5,8 % à 70,7 (IC 95 %, 70,-70,9) heures
à 66,6 (IC 95 %, 66,3-66,9) heures par semaine (p < 0,001),
et la durée moyenne rapportée de sommeil avait augmenté
de 6,1 % (22 minutes) à 5,91 (IC 95 %, 5,88-5,94) heures à 6.27
(IC 95 %, 6,23-6,31) heures par nuit (p < 0,001). Toutefois, la
durée moyenne de sommeil rapportée au cours des périodes
prolongées de travail avait diminué de 4,5 %, à 2,69 (IC
95 %, 2,66-2,73) heures à 2.57 (IC 95 %, 2,52-2,62) heures (p
< 0,001).
Conclusion Au cours de la première année suivant la
mise en place des standards d'heures de travail de l'ACGME, les
internes rapportaient fréquemment une absence d'observance de ces
standards.
JAMA. 2006;296:1063-1070.