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PAGES DU PRATICIEN
Ce patient, présentant un épanchement péricardique a-t-il une tamponnade cardiaque?
Christopher L. Roy, MD;
Melissa A. Minor, MD;
M. Alan Brookhart, PhD;
Niteesh K. Choudhry, MD, PhD
RÉSUMÉ
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Contexte La tamponnade cardiaque est une défaillance
hémodynamique causée par la compression du coeur par
l'accumulation de liquide dans l'espace péricardique L'examen clinique
peut aider à la décision de recourir à la
péricardiocentèse chez des patients où une tamponnade
cardiaque est diagnostiquée par l'échocardiographie.
Objectif Examiner systématiquement la précision de
l'anamnèse, l'examen physique, et les tests de diagnostic de base dans
le diagnostic de la tamponnade cardiaque.
Sources de données Recherche d'articles de langue anglaise,
publiées entre 1966 et 2006 sur MEDLINE, références
citées dans ces articles et les références citées
dans les ouvrages appropriés.
Choix des études Nous avions inclus les articles comparant
des aspects de l'examen clinique à une référence standard
dans le diagnostic de la tamponnade cardiaque et exclus les études de
moins de 15 patients. Sur 787 études identifiées avec cette
stratégie de recherche, 8 étaient inclus dans l'analyse
finale.
Extraction des données Deux auteurs avaient
évalués indépendamment les articles sur les
résultats présentés et la qualité. Un
troisième évaluateur agissait comme médiateur.
Synthèse des données Toutes les études
portaient sur des patients avec un cas de tamponnade connu ou dirigés
vers la péricardiocentèse avec un cas d'épanchement
connu. Cinq particularités s'observent chez la majorité des
patients ayant une tamponnade: la dyspnée (seuil de sensibilité,
87%-89), une tachycardie (sensibilité pondérée, 77%,
limite de confiance [LC] 95%, 69%--85%), un pouls paradoxal
(sensibilité pondérée, 82%, LC 95%, 72%-92%), une
pression veineuse jugulaire élevée (sensibilité
pondérée, 76%, LC 95%, 62%-90%), une cardiomégalie en
radiographie thoracique (sensibilité pondérée, 89%, LC
95%, 73%-100%). Basée sur une étude, la présence de pouls
paradoxal supérieur à 10 mm Hg chez un patient ayant un
épanchement péricardique accroît la vraisemblance d'une
tamponnade (rapport de vraisemblance, 3.3, LC 95%, 1.8-6.3), tandis qu'un
pouls paradoxal de 10 mm Hg ou inférieur réduit de
manière importante la vraisemblance (rapport de vraisemblance, 0.03, LC
95%, 0.01-0.24).
Conclusions Une proportion minoritaire de patients ayant une
tamponnade cardiaque ne présentera pas de dyspnée, de pression
veineuse jugulaire élevée, ou de cardiomégalie à
la radiographie thoracique. Un pouls paradoxal supérieur à 10 mm
Hg chez des patients ayant un épanchement péricardique aide
à différencier ceux ayant une tamponnade des autres. Une
certitude diagnostique sur la présence d'une tamponnade
nécessite des tests complémentaires.
JAMA.
2007;297:1810-1818
CAS DE FIGURE CLINIQUES
Cas 1
Une femme de 55 ans ayant une maladie pulmonaire obstructive chronique se
présente à votre cabinet pour une dyspnée progressive
depuis deux semaines. On lui a diagnostiqué et traité un cancer
du sein plus de 10 années auparavant et elle ne montre aucun signe
évident de rechute. Elle s'était rendue aux urgences une semaine
auparavant et parmi les tests subis, un échocardiogramme avait mis en
lumière un épanchement péricardique
circonférentiel modéré (épaisseur maximale de 15
mm) sans preuve échocardiographique de tamponnade cardiaque. Pendant
l'examen, vous constatez une tachycardie et un assourdissement des bruits du
coeur. Un pouls paradoxal de 6 mm Hg est présent, avec une pression
sanguine de 100/60 mm Hg; la pression veineuse jugulaire n'est pas
élevée et l'auscultation pulmonaire révèle un
murmure vésiculaire diminué. Vous obtenez une radiographie
thoracique identique aux précédentes, montrant une
hyperinflation pulmonaire, avec des champs clairs et sans élargissement
de la silhouette cardiaque. Vous vous doutez que les symptômes du
patient sont imputables à sa maladie pulmonaire, mais est-il
nécessaire d'évaluer la présence de tamponnade?
Cas 2
Un homme de 34 ans, auparavant en bonne santé se présente aux
urgences avec une dyspnée depuis les 3 derniers jours.
Il apparaît qu'il a un pouls paradoxal de 18 mm Hg avec une pression
sanguine de 130/70 mm et un rythme cardiaque de 90 battements/minute. Le reste
de l'examen présente peu d'intérêt. La radiographie
thoracique montre un élargissement de la silhouette cardiaque.
L'échocardiogramme que vous demandez montre un épanchement
péricardique circonférentiel avec une fraction d'éjection
ventriculaire gauche de 65%. L'examen est limité par sa constitution
morphologique et par des respirations rapides; l'oreillette droite et le
ventricule droit sont peu visibles. Les résultats de l'examen physique
modifient-ils votre évaluation de l'épanchement
péricardique de ce
patient?
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Figure 1.. Relation entre la pression de remplissage intracardiaque, la pression
intrapéricardique et le débit cardiaque dans le cas d'une
tamponnade
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POURQUOI L'EXAMEN CLINIQUE POUR LA DETECTION DE TAMPONNADE CARDIAQUE EST-IL IMPORTANT?
Une tamponnade cardiaque se produit lorsque le liquide retenu dans l'espace
péricardique comprime le coeur et affecte le débit cardiaque.
Les conséquences d'une tamponnade cardiaque vont d'effets presque
indétectables à un effondrement hémodynamique grave.
Quand l'épanchement péricardique est suffisamment important ou
évolue suffisamment vite pour avoir un retentissement
hémodynamique, des symptômes et des signes facilement observables
indiquent l'imminence d'un collapsus circulatoire nécessitant une
intervention thérapeutique urgente.
La méthode invasive de référence standard pour le
diagnostic d'une tamponnade cardiaque fait appel à la mesure
simultanée des pressions intrapéricardique et intracardiaque. La
pression intrapéricardique, pression auriculaire gauche, pression
artérielle pulmonaire diastolique et pression capillaire pulmonaire
sont toutes élevées et équivalentes dans le cas d'une
tamponnade cardiaque. En absence d'autres maladies (ex: péricardite
constrictive avec épanchement), une péricardiocentèse
normalisera les pressions et améliorera le débit cardiaque,
confirmant ainsi le
diagnostic.4
L'échocardiographie est le test de diagnostic le plus
fréquemment utilisé pour évaluer une tamponnade cardiaque
lorsque celle-ci est cliniquement suspectée. Bien que
l'échocardiographie soit la méthode non invasive de
référence standard pour diagnostiquer un épanchement
péricardique, la simple présence d'un épanchement ne
suffit pas à indiquer une tamponnade cardiaque. Plusieurs
résultats échocardiographiques, y compris un collapsus
systolique de l'oreillette droite, un collapsus diastolique du ventricule
droit, une pléthore veineuse (veine cave inférieure) et des
variations respiratoires importantes de la vitesse du flux à travers
les valves tricuspide et flux mitral, sont des indicateurs de cet état
physiologique et permettent de poser le diagnostic de façon
quasi-certaine lorsque la probabilité initiale est
élevée. Parce que la tamponnade cardiaque se traduit par un
continuum d'effets hémodynamiques, les résultats de
l'échocardiogramme peuvent être trop sensibles et diagnostiquer
à tort une tamponnade cardiaque chez des patients ne montrant qu'une
faible évidence de défaillance
hémodynamique.4,6,7
Néanmoins, sa précision élevée et sa nature non
invasive fait de l'échocardiographie un composant essentiel de
l'évaluation.8-11
Il y a plusieurs cas de figure où un examen clinique ciblant la
tamponnade cardiaque pourrait être utile. Si l'examen peut
écarter avec un niveau élevé de certitude
l'hypothèse d'une tamponnade, il permettrait de se soustraire à
la nécessité d'une échocardiographie chez certains
patients et permettre au clinicien de procéder à d'autres
investigations diagnostiques. D'un autre part, le clinicien est parfois mis en
présence de résultats échocardiographiques
suggérant une tamponnade cardiaque, rendant nécessaire une
corrélation clinique pour aider à la décision de
procéder à une péricardiocentèse
d'urgence.6,12
Physiopathologie de la tamponnade cardiaque
Le sac péricardique est constitué de 2 feuillets. Un
péricarde pariétal externe et un péricarde
viscéral interne (épicarde) qui est réfléchi
directement à la surface du coeur. En condition normale, le liquide
compris entre les deux feuillets ne dépasse pas les 15 à 30 mL,
avec une pression approchant la pression pleurale ou approximativement 5 mm Hg
plus bas que la pression veineuse
centrale.13,14
Lorsque le liquide péricardique s'accumule lentement, la compliance
du péricarde pariétal s'accroît. Une augmentation
liquidienne induit une augmentation de la pression intrapéricardique,
tandis que la pression veineuse centrale réagit par un accroissement
pour maintenir un gradient permettant le remplissage cardiaque. Lorsque la
compliance péricardique atteint sa limite, la pression
intrapéricardique s'égalise d'abord avec la pression diastolique
du ventricule droit, puis celle du gauche. A ce stade, le débit
cardiaque s'effondre et la circulation n'est maintenue que par un
accroissement du rythme cardiaque, de la contractilité et de la
vasoconstriction artériolaire
périphérique.14-16
Grâce à la compliance péricardique, une large
quantité de liquide peut s'accumuler avant la manifestation de
conséquences hémodynamiques ostensibles. Une accumulation rapide
(de quelques minutes à quelques heures) de liquide peut avoir raison de
la capacité d'extension du péricarde; auquel cas, la pression
péricardique augmente rapidement et le remplissage cardiaque s'en
trouve altéré, avec souvent une chute spectaculaire du
débit cardiaque.
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Figure 2.. Echocardiogramme d'une femme de 62 ans avec un cancer pulmonaire
avancé et un épanchement péricardique malin provoquant
une tamponnade cardiaque.
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Les causes d'une tamponnade cardiaque
L'étiologie de la tamponnade cardiaque chez les patients admis en
soins hospitaliers reflète les diverses conditions responsables de
l'épanchement péricardique. L'absence d'une évaluation de
l'incidence de la tamponnade dans la population et le manque de données
concernant la fréquence à laquelle un épanchement
péricardique conduit à la tamponnade empêche
l'établissement d'estimations de la probabilité pré-test.
On sait, par contre, que la tamponnade cardiaque est très peu
fréquente et que le diagnostic ne devrait être envisagé
que dans un cadre approprié. Du fait de
l'hétérogénéité de la population de
patients, du cadre d'exercice, et de la portée de l'évaluation
entreprise, les incidences rapportées pour les diverses
étiologies de l'épanchement péricardique
varient.17-19
Dans la plus large série publiée, SagristàSauleda et
al18 avaient
étudié les dossiers médicaux de 322 patients espagnols
présentant un épanchement modéré ou volumineux.
Les diagnostics communément posés étaient la
péricardite idiopathique aiguë (20%), l'épanchement
d'origine iatrogénique (16%), une tumeur maligne (13%), un
épanchement idiopathique chronique (9%), un infarctus aigu du myocarde
(8%), une insuffisance rénale terminale (6%), une insuffisance
cardiaque congestive (5%), une collagénose vasculaire (5%), et une
tuberculose ou une infection bactérienne (4%). L'épanchement
péricardique, résultant souvent d'une maladie cardiaque
primaire, apparaît chez 14% des patients ayant eu une insuffisance
cardiaque congestive, 21% de patients ayant une cardiopathie valvulaire et 15%
des patients ayant eu un infarctus du
myocarde.20
Un épanchement, suite à une opération du
coeur21 est
extrêmement fréquent, même si les épanchements
volumineux, provoquant une tamponnade sont rares dans cette
situation.22
Quand et comment mener un examen clinique pour la détection d'une tamponnade cardiaque.
Dans une situation non urgente, la tamponnade cardiaque n'est pas
systématiquement considérée sauf causes sous-jacentes,
avec les symptômes concernés ou des signes indicateurs.
L'épidémiologiste clinique perspicace déduira fort
justement que l'étude de la tamponnade cardiaque s'était fait,
jusqu'à présent, essentiellement chez les patients à
risque, sur la base de symptômes et des signes. De fait, la
littérature récente est presque entièrement
centrée sur les patients ayant un épanchement
péricardique déterminé par l'échographie. Ces
études tendent à surestimer la sensibilité des
symptômes et des signes chez les patients non
sélectionnés.
Symptômes
Les symptômes d'importance incluent la dyspnée, les douleurs
thoraciques ou la sensation de plénitude
thoracique.15,23
Les patients peuvent faire état de nausées ou de douleurs
abdominales résultant d'une congestion hépatique et
viscérale ou de dysphagie due à la compression de
l'œsophage.15,23
Des syndromes non spécifiques, comme la léthargie,
fièvre, toux, faiblesse musculaire, fatigue, anorexie et palpitations
peuvent avoir
lieu.23 Les
patients ayant une tamponnade cardiaque aiguë sont dans un état
critique et souvent sous le choc et il n'est pas toujours possible d'obtenir
l'histoire clinique.
Signes
L'examen physique commence avec une évaluation des signes vitaux, et
selon le degré de défaillance hémodynamique, peut
révéler une tachycardie, une hypotension et une
tachypnée. Les résultats classiques en présence de
tamponnade furent décrits en 1935 par Claude Schaeffer
Beck,24 un
du chirurgien thorax. La triade de Beck se caractérise par une
diminution de la pression artérielle, une augmentation de la pression
veineuse jugulaire et un coeur petit et silencieux. Cette triade était
observée chez des patients chirurgicaux présentant une
tamponnade aiguë résultant d'une hémorragie
intrapéricardique, suite à un traumatisme ou une rupture
myocardique ou aortique. Cette "tamponnade chirurgicale"
diffère de celle observée chez des patients médicaux,
où l'épanchement péricardique se développe
lentement et chez lesquels la triade de Beck n'est pas forcément
présente.25
Certains patients médicaux, en particuliers, ceux ayant une
hypertension préexistante, peuvent effectivement être hypertendus
en cas de
tamponnade.26
Une fièvre, associée à un épanchement
péricardique, indique une étiologie infectieuse mais
peut-être également associée à une maladie à
médiation immune du tissu conjonctif, comme le lupus
érythémateux systémique.
Le pouls paradoxal
L'examinateur médical doit évaluer la présence de
pouls paradoxal; un phénomène décrit à l'origine
par Adolf Kussmaul en 1873, comme étant une diminution du pouls radial
en inspiration, chez des patients présentant une tamponnade
cardiaque28.
Le pouls paradoxal n'a rien d'un paradoxe, mais une exagération de la
baisse de la pression sanguine en inspiration. Cette baisse se produit
à cause de l'accroissement du retour veineux et du remplissage du coeur
droit provoqués par une pression intrapleurale négative en
inspiration, et qui résultent par un déplacement du septum vers
la gauche, réduisant le remplissage du coeur gauche. Dans le coeur
normal, la conséquence de ce phénomène, connu sous le nom
d'interdépendance ventriculaire, est une diminution
modérée du volume d'éjection systolique et de la pression
sanguine pendant l'inspiration. Des changements contraires se produisent
pendant l'expiration. Dans le cas d'une tamponnade cardiaque,
l'interdépendance ventriculaire est exagérée du fait
d'une pression péricardique élevée qui comprime le coeur
entier durant l'inspiration, le remplissage du coeur gauche est
considérablement restreint par le remplissage du coeur
droit.29
Le pouls paradoxal peut se détecter par palpation du pouls radial et
la constatation d'une diminution inspiratoire du pouls durant une respiration
normale. Il est communément mesuré à l'aide d'un
tensiomètre (FIGURE 3).
30,31Pendant
une respiration normale, l'examinateur laisse le brassard du
tensiomètre se dégonfler doucement tout en écoutant les
premiers bruits de Korotkoff. Ces bruits sont d'abord intermittents et
dépendants du cycle
respiratoire,32
audibles à l'expiration et inaudibles à l'inspiration. En
dégonflant le brassard davantage, les bruits de Korotkoff deviennent
audibles tout le long du cycle respiratoire. Le clinicien note la pression
systolique à laquelle les bruits de Korotkoff deviennent audibles et la
pression systolique à laquelle ils sont perceptibles durant tout le
cycle. La présence d'un pouls paradoxal peut également
être détectée en observant la diminution inspiratoire du
pouls périphérique, utilisant un cathéter artériel
ou un oxymètre de pouls.
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Figure 3.. Mesure et mécanisme de sensibilité du pouls
paradoxal.9,33
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La plupart des manuels définissent le pouls paradoxal comme une
différence supérieure à 10 mm Hg entre la
détection initiale de bruits à l'expiration et la perception
constante des bruits, à chaque battement, tout le long du cycle.
Certains experts suggèrent d'interpréter la valeur absolue du
pouls paradoxal comme un pourcentage de la pression pulsée ou un
pourcentage de la pression systolique à
l'expiration.15,33,34
Une abolition du pouls, également appelé "total
paradox", est définie comme la disparition du pouls brachial et
radial à l'inspiration et une disparition totale des bruits de
Korotkoff.25
Beaucoup de conditions peuvent occulter la présence de pouls
paradoxal, parmi lesquelles l'hypotension, l'adhérence du
péricarde, la régurgitation aortique, la communication
interauriculaire et l'hypertrophie ventriculaire
droite.23 De
la même façon, d'autres peuvent en être la cause, comme la
maladie pulmonaire obstructive, une insuffisance cardiaque congestive, une
sténose mitrale, une embolie pulmonaire massive, un choc
hypovolémique sévère, l'obésité et une
ascite
tendue.13,23
Autres signes
Un examen au chevet des malades ayant une tamponnade cardiaque montre
souvent une pression veineuse jugulaire élevée, mais la
sensibilité de ce résultat peut être
atténuée par la constitution morphologique du patient ou,
théoriquement, dans un tableau d'hypovolémie. Le signe de
Kussmaul, une augmentation inspiratoire de la pression veineuse jugulaire, ne
devrait être visible, sauf dans le cas d'une maladie constrictive
sous-jacente.
L'examinateur peut constater des assourdissements des bruits du coeur
à l'auscultation cardiaque, même si ce résultat s'observe
également chez des patients avec une large poitrine ou une maladie
pulmonaire obstructive chronique. Souvent estimés ne se produire qu'en
cas de péricardite et d'épanchements relativement petits, les
frottements péricardiques sont présents chez certains patients
ayant une tamponnade
cardiaque.8,25,35
Une étude avait démontré que le frottement peut avoir
lieu dans le cas d'épanchements très volumineux, ce qui en fait
un indicateur peu utile pour la taille de
l'épanchement.36
L'électrocardiogramme et la radiographie thoracique
L'électrocardiogramme et la radiographie thoracique assistent au
diagnostic des épanchements péricardiques volumineux aboutissant
à une tamponnade. Les résultats de l'électrocardiogramme,
indicateurs d'un épanchement péricardique volumineux incluent un
voltage faible du complexe QRS, une alternance électrique (variations
des amplitudes ou profils des ondes P, QRS et ST-T entre deux battements, dues
à un mouvement de balancier du coeur dans le liquide
péricardique), une arythmie atriale, et dans le cas d'inflammation
péricardique, une élévation su segment ST et une
dépression du segment PR. Dépendant de la taille de
l'épanchement, la radiographie thoracique peut être normale ou
mettre en lumière une silhouette cardiaque élargie et globulaire
et/ou un épaississement de la couche graisseuse épicardique
(« epicardial fat stripe » ou « double lucency" sign)
sur l'incidence de profil.
METHODES
Recherche bibliographique et recueil de données
Nous avions effectué une recherche structurée sur MEDLINE
(1er janvier 1966 au 31 décembre 2006) pour identifier les articles de
langue anglaise se rapportant à l'examen clinique de patients ayant une
tamponnade cardiaque. Les mots clés utilisés incluaient: examen
physique, recueil de l'anamnèse, valeur prédictive,
méthodes d'aide à la décision, théorème de
Bayes, auscultation cardiaque, compétence professionnelle,
sensibilité et spécificité, reproductibilité des
résultats, variation liée à l'observation, tests de
diagnostique, routine, électrocardiographie, péricarde, maladie
du péricarde, péricardite, épanchement
péricardique, tamponnade péricardique, tamponnade et tamponnade
cardiaque. Deux auteurs (C.L.M, M.A.M) avaient analysé
indépendamment les résumés des résultats et
récupéré les articles potentiellement pertinents. Pour
identifier des articles supplémentaires, nous avions passé en
revue les références citées dans les articles
récupérés et les références des ouvrages de
cardiologie et de diagnostic physique.
Nous avions inclus les articles publiant des résultats
d'études originales comparant l'utilisation de l'anamnèse,
l'examen physique, et les tests de diagnostic systématiques comme
l'électrocardiographie ou la radiographie thoracique, avec une
référence standard dans le diagnostic de la tamponnade
cardiaque. Les références standards acceptées incluaient
la péricardiocentèse avec cathétérisme du coeur
droit et l'échocardiographie. Nous avions exclus les études
portant sur les maladies du péricarde autre que la tamponnade cardiaque
ainsi que les études de patients victimes de tamponnade cardiaque
après une opération du coeur. Etaient également exclus
celles ayant moins de 15 patients; des exclusions similaires avaient
été pratiquées lors de précédentes
études publiées dans The Rational Clinical
Examination.42,43
Les articles étaient classés selon leur qualité
méthodologique.44
Les études de niveau 1 comparent de façon indépendante un
symptôme ou un signe à une référence standard
appropriée de diagnostic, sur un grand nombre de patients
consécutifs. Les études de niveau 2 remplissent les conditions
du niveau 1 mais ont moins de patients. Les études de niveau 3 portent
sur des patients non consécutifs qui sont suspectés d'avoir le
trouble considéré, mais à l'instar des niveaux 1 et 2,
l'identification des patients n'est pas subordonnée à la
référence standard et les résultats de la
référence standard sont interprétés sans
connaissance des signes et des symptômes. Les études de niveau 4
sont des comparaisons non indépendantes des signes et symptômes
avec un étalon or chez des patients ayant ou non le trouble
considéré. Les études de niveau 4 peuvent de ce fait
inclure des publications sur des études rétrospectives
implicites, sur petits groupes, et des séries de cas.
Analyse des données
Lorsque 3 études ou plus présentaient des données sur
un résultat particulier, on calculaient les sensibilités
pondérées et les limites de confiance (LC), utilisant un
modèle à effets aléatoires, sinon, on rapportaient le
point ou l'intervalle d'estimation. Les données étaient
analysées avec R version
2.2.0.45
RESULTATS
Caractéristiques d'étude
Sur les 787 études identifiées avec notre stratégie de
recherche, 8 qui incluaient un total de 300 patients avaient satisfaits
à nos critères d'inclusions.
(TABLE 1) Toutes les
études étaient de niveau 4. Aucune étude
n'évaluait la précision de l'examen clinique dans la
détection de la tamponnade cardiaque.
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Tableau 1.. Etudes évaluant la précision de l'examen clinique dans le
diagnostic de la tamponnade cardiaque*
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Six des 8 études prenaient le cathétérisme du coeur
droit et la péricardiocentèse comme référence
standard pour le diagnostic de la tamponnade cardiaque. Guberman et
al25
incluaient des patients ayant des résultats cliniques en relation avec
la tamponnade (pression veineuse jugulaire élevée et pouls
paradoxal) et une documentation échocardiographique ou autre de
l'épanchement péricardique. Gibbs et
al47
incluaient des patients diagnostiqués avec une tamponnade cardiaque par
méthode échocardiographique. Une étude incluait des
patients contrôles, indemnes d'épanchement péricardique,
pour évaluer la sensibilité et spécificité du
pouls paradoxal dans le diagnostic de la
tamponnade.9,33
Précision des symptômes dans la détection de la tamponnade cardiaque.
Aucune étude ne fournissait de données pour calculer les
rapports de vraisemblance (RV) des symptômes suggérant une
tamponnade cardiaque.
Cependant, 2 études portant sur 80 patients mentionnent les
sensibilités de l'histoire clinique chez des patients avec
épanchement péricardique, dirigés vers la
péricardiocentèse.
(TABLE
2)6,47
La plupart des patients avec une tamponnade cardiaque ont une dyspnée
(sensibilité, 87%-88%). Les douleurs thoraciques, toux, fièvre,
léthargie et palpitations se produisent chez 25% ou moins des
patients.
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Tableau 2.. Sensibilité de l'histoire clinique dans le diagnostic de la
tamponnade
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Précision de l'examen physique dans la détection de la tamponnade cardiaque.
Une étude avait évalué le pouls paradoxal chez des
patients ayant ou non une tamponnade cardiaque
(TABLE 3), en permettant de
façon commode le calcul des RV. Curtiss et al étudiaient 65
patients avec un épanchement péricardique connu, dirigés
vers la péricardiocentèse sur soupçon de tamponnade, et
utilisaient une augmentation de 20% ou plus du débit cardiaque
après la péricardiocentèse comme référence
standard. Le pouls paradoxal était mesuré en réalisant
simultanément un relevé de la pression brachiale ou
fémorale, un électrocardiogramme et une identification des
phases respiratoires par une thermistance. Le RV pour un pouls paradoxal
supérieur à 12 mm Hg était de 5.9 (LC 95%, 2.4-14) et
pour un seuil de partage supérieur à 10 mm Hg, de 3.3 (LC 95%,
1.8-6.3).33
Quand le pouls paradoxal était de 10 mm Hg ou inférieur, la
tamponnade cardiaque était peu probable (RV 0.03, LC 95%, 0.01-0.24) et
un résultat similaire pour un seuil de pouls paradoxal plus
élevé, à 12 mm Hg ou inférieur (RV, 0.03, LC 95%,
0-0.21).33
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Tableau 3.. Sensibilité, spécificité, rapports de vraisemblance
positif et négatif (RV) du pouls paradoxal dans le diagnostic de la
tamponnade.*
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Huit études portant sur 295 patients donnaient des informations sur
les sensibilités de divers éléments constitutifs de
l'examen physique dans la détection de la tamponnade cardiaque
(TABLE 4). Dans toutes les
études25
sauf une, les patients avec épanchement péricardique
étaient orientés vers une péricardiocentèse. Les
résultats les plus fréquents chez les patients ayant une
tamponnade cardiaque étaient la tachycardie, une pression veineuse
jugulaire élevée et un pouls paradoxal avec des
sensibilités pondérées allant de 76% à 82%.
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Tableau 4.. Sensibilité de l'examen physique dans le diagnostic de la
tamponnade
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L'hypotension et l'assourdissement des bruits du coeur n'étaient pas
sensibles. L'hypertension pouvait se produire chez des patients ayant une
tamponnade mais principalement chez des patients ayant une hypertension
préexistante (sensibilité, 33%, LC 95%,
11%-55%).26
Guberman et al avaient observé que la tachypnée était
fréquente dans leur étude portant sur 56 patients
(sensibilité, 80%, LC 95%, 70%-90%).
Précision de l'électrocardiographie et de la radiographie thoracique.
Les résultats électrocardiographiques pour la tamponnade
manquaient de sensibilité. La sensibilité pondérée
d'un microvoltage du QRS n'était que de 42% (LC 95%, 32%-53%), et 2
études font état d'une sensibilité de seulement 16%
à 21 % pour l'alternance électrique. Les arythmies atriales sont
peu fréquentes dans le cas d'une tamponnade cardiaque; de même
que les résultats associés à la péricardite
aiguë (dépression du segment PR et élévation du
segment ST).
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Table 5.. Sensibilité de l'électrocardiogramme dans le diagnostic de la
tamponnade
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La détection d'une cardiomégalie par radiographie thoracique
peut se révéler utile dans le diagnostic de la tamponnade
cardiaque, avec une sensibilité pondérée de 89% (LC 95%,
73% 100%) dans les quatre études sur 165 patients, qui avaient
évalué ce
résultat.
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Tableau 6.. Sensibilité de la radiographie thoracique dans le diagnostic de la
tamponnade
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RESOLUTION DES CAS DE FIGURE
Cas 1
Le patient a plusieurs résultats négatifs d'importance,
notamment l'absence de pouls paradoxal. Connaissant la sensibilité de
ces résultats, vous êtes rassuré de la nature peu probable
d'une tamponnade malgré un épanchement constaté et vous
envisagez d'autres possibilités pour expliquer les symptômes.
Cas 2
Le patient a un pouls paradoxal sur un tableau d'épanchement
péricardique connu et malgré un échocardiogramme non
diagnostique et des résultats, aux restants, normaux, ce
résultat suffit à accroître la vraisemblance de la
présence de tamponnade. Vous prenez des dispositions pour un
péricardiocentèse d'urgence, qui met en évidence une
pression intrapéricardique élevée et son
égalisation avec la pression intracardiaque. Un drainage de
l'épanchement amène à la résolution du pouls
paradoxal élevé et l'amélioration des
symptômes.
CONCLUSIONS
Basée sur notre analyse de la littérature, on observe chez
70% ou plus des patients ayant un épanchement péricardique ou
une tamponnade cardiaque, une dyspnée, une tachycardie, une pression
veineuse jugulaire élevée, un pouls paradoxal ou une
cardiomégalie sur radiographie thoracique. Cependant, 50% ou moins,
manifesteront un assourdissement des bruits du coeur, une hypotension ou un
microvoltage à l'électrocardiogramme. Basée sur une
étude, la présence d'un pouls paradoxal supérieur
à 10 mm Hg accroît la vraisemblance d'une tamponnade cardiaque,
tandis qu'un pouls paradoxal de 10 mm Hg ou moins le fait
décroître. La présence et l'importance du pouls paradoxal
peuvent être utile dans la prédiction du degré de
défaillance hémodynamique en cas de tamponnade chez les patients
présentant un épanchement et chez qui la survenue est
suspectée. En général, très peu de preuves
soutiennent la précision diagnostique de l'examen clinique pour la
tamponnade, et il faut insister sur le fait que toutes les études
incluaient des patients chez qui la présence d'épanchement
péricardique a été précédemment
établie. Nous n'avions trouvé aucune étude
évaluant la fidélité interjuge des résultats
cliniques ou incluant des patients dont la présence ou la suspicion de
tamponnade n'était pas déjà établie. De ce fait,
nous ne sommes pas en mesure de débattre sur l'utilité ou non de
l'examen clinique dans d'autres cas de figure (ex: écarter la
tamponnade chez des patients qui n'ont pas effectué un
échocardiogramme). Par ailleurs, les études analysées ont
toutes eu lieu dans des établissements hospitaliers académiques,
soulevant des préoccupations sur le biais d'orientation et des
interrogations sur leur généralisabilité au niveau de la
population. Les preuves disponibles sont également limitées par
l'absence d'études évaluant la valeur prédictive d'une
combinaison de résultats. Pour finir, la tamponnade cardiaque se
traduit par un continuum d'effets hémodynamiques et le positionnement,
vraisemblablement hétérogène, dans ce continuum, des
patients inclus dans les études publiées, se traduit par une
variation de la sensibilité et spécificité des
résultats de l'examen clinique, en fonction de la
sévérité des cas étudiés.
Deux des études considérées avaient explicitement
appliqué un monitoring invasif (sonde intra-artérielle) à
la place d'un tensiomètre pour mesurer le pouls paradoxal. Bien qu'on
puisse s'attendre à plus de précision avec une méthode
invasive par rapport à une mesure manuelle, il y a peu d'études
publiées comparant la précision de ces deux méthodes.
Néanmoins, nous avons observé une sensibilité similaire
pour le pouls paradoxal dans d'autres études faisant appel à
d'autres méthodes de mesure.
Pour résumer, face a un patient ayant un épanchement
péricardique connu, l'examen clinique peut assister à
décider de la pertinence d'une prise en charge non interventionniste ou
d'une intervention invasive, plus urgente.
Informations sur les auteurs
Correspondance: Christopher L. Roy, MD, Division of General Medicine
and Primary Care, Hospitalist Service, Brigham and Women's Hospital, 75
Francis St, Boston, MA 02115
(croy{at}partners.org).
Voir aussi Page du Patient.
FMC en ligne disponible à
www.jama.com
Rédacteurs en chef de la section l'Examen Clinique Rationnel:
David L. Simel, MD, MHS, Durham Veterans Affairs Medical Center and Duke
University Medical Center, Durham, NC; Drummond Rennie, MD, Deputy Editor,
JAMA.
Contributions des auteurs: Le Dr Choudry a eu un accès
complet à toutes les données de l'étude et accepte la
responsabilité de l'intégrité des données et de
l'exactitude de l'analyse des données.
Conception et schéma de l'étude: Roy, Choudhry.
Recueil des données: Roy, Minor, Choudhry.
Analyse et intereprétation des données: Roy,
Brookhart, Choudhry.
Rédaction du manuscrit: Roy, Choudhry.
Revue critique du manuscrit: Roy, Minor, Brookhart, Choudhry.
Analyse statistique: Brookhart, Choudhry.
Aide administrative, technique ou matérielle: Roy, Minor,
Choudhry.
Supervision de l'étude: Choudhry.
Liens financiers: Aucun déclaré.
Remerciements: Nous remercions Robert L. Trowbridge, MD (Maine
Hospitalist Service, Maine Medical Center, Portland), et David H. Newman, MD
(Department of Emergency Medicine, St Luke's/Roosevelt Hospital Center, New
York, NY), pour leur commentaires utiles d'une version plus antérieure
de cet article. Les Drs Trowbridge et Newman n'ont reçu aucune
compensation financière pour leur contribution.
Affiliations des auteurs: Divisions of General Medicine and
Primary Care and Pharmaco-epidemiology and Pharmacoeconomics, Brigham and
Women's Hospital, Harvard Medical School, Boston, Mass; Hospitalist Service,
Brigham and Women's Hospital, Boston; Harvard Vanguard Medical Associates,
Boston.
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