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Effets d'une intervention coronarienne percutanée dans le cas des ischémies silencieuses après un infarctus du myocardeL'essai randomisé, contrôlé SWISSI II
Paul Erne, MD;
Andreas W. Schoenenberger, MD;
Dieter Burckhardt, MD;
Michel Zuber, MD;
Wolfgang Kiowski, MD;
Peter T. Buser, MD;
Paul Dubach, MD;
Therese J. Resink, PhD;
Matthias Pfisterer, MD
RÉSUMÉ
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Contexte L'effet d'une intervention coronarienne percutanée
(ICP) sur le pronostic à long terme chez des patients présentant
une ischémie silencieuse après un infarctus du myocarde n'est
pas connu.
Objectif Déterminer si une ICP permet, comparativement
à un traitement médicamenteux, d'améliorer les
résultats à long terme des patients asymptomatiques
présentant une ischémie silencieuse après une IM.
Conception, cadre et participants Essai ouvert, randomisé,
contrôlé (SWISSI II, Swiss Interventional Study on Silent
Ischemia Type II ou Etude Interventionnelle Suisse sur l'Ischémie
Silencieuse de Type II) conduit du 2 mai 1991 au 25 février 1997 dans
trois hôpitaux publics suisses sur 201 patients après un
infarctus du myocarde récent, une ischémie myocardique
silencieuse vérifiée par imagerie à l'épreuve
d'effort, et une maladie coronarienne mono ou bitronculaire. Le suivi avait
pris fin le 23 mai 2006
Interventions Intervention coronarienne percutanée visant une
revascularisation complète (n=96) ou un traitement intensif par
médicaments anti-ischémiques (n=105) Tous les patients avaient
reçus 100mg/j d'aspirine et une statine
Résultat principal relevé La survie, sans
événements cardiaques indésirables majeurs définis
comme étant le décès cardiaque, un IM non fatal, et/ou
une revascularisation sur motivations symptomatologiques. Les résultats
secondaires relevés incluaient l'ischémie induite par l'effort,
et la fraction d'éjection ventriculaire gauche au repos pendant le
suivi.
Résultats Sur une durée de suivi moyenne de 10.2 ans
(SD=2.6), 27 événements cardiaques indésirables majeurs
s'étaient produits dans le groupe ICP et 67 dans le groupe recevant un
traitement par médicaments anti-ischémiques (rapport de risque
ajusté 0.33, intervalle de confiance 95%, 0.20-0.55, P= .001), ce qui
correspond à une réduction absolue du taux
d'évènements à 6.3% par an (intervalle de confiance 95%,
3.7%-8.9%, P= .001). Les patients du groupe ICP montraient un taux
d'ischémie moins élevé (11.6% vs 28.9% chez les patients
du groupe médicaments anti-ischémiques au suivi final, P=.03)
bien que recevant moins de médicaments. La fraction d'éjection
ventriculaire gauche était préservée chez les patients du
groupe ICP (moyenne 53.9% [SD=9.9%] en valeur initiale et 55.6% [8.1%] au
suivi final) et diminuait de façon significative (P=.001) chez les
patients du groupe traitement médicamenteux (moyenne 59.7% [SD=11.8%]
en valeur initiale et 48.8% [SD=7.9%] au suivi final).
Conclusion Parmi les patients atteints d'IM récent,
d'ischémie myocardique silencieuse vérifiée imagerie
à l'épreuve d'effort, et de maladies coronariennes mono ou
bitronculaire, l'IPC, comparativement aux médicaments
anti-ischémiques, diminuait le risque à long terme
d'évènements cardiaques majeurs.
Numéro d'enregistrement de l'essai
clinicaltrials.gov
Identifier: NCT00387231
JAMA.
2007;297:1985-1991
L'ischémie silencieuse a été montrée
comme un indicateur de pronostic défavorable chez des patients ayant
subi infarctus du myocarde
(IM)1, un
pontage
coronarien2
ou une intervention coronarienne percutanée (ICP) avec ou sans pose de
stent.3-6
Malgré ces résultats, il y a peu de données prospectives
étayants sans ambiguïté le bénéfice
pronostique d'un traitement anti-ischémique chez les patients
présentant une ischémie
silencieuse7.
Il existe quelques preuves indirectes d'une évolution plus favorable
après des ICP répétées pour une resténose
silencieuse.6
Chez des patients avec un IM récent, l'étude ACIP (Asymptomatic
Cardiac Ischemia Pilot study ou étude pilote sur l'ischémie
cardiaque asymptomatique) avait apporté des données montrant un
bénéfice à court terme des traitements par
médicaments anti-ischémiques et par ICP chez des patients ayant
des épisodes d'ischémies silencieuses ou
symptomatiques.8-11
Cependant, il y a peu de données sur les résultats à long
terme chez les patients asymptomatiques et il n'est pas connu si l'ICP,
associé à des mesures préventives secondaires, est plus
efficace que les médicaments anti-ischémiques chez ces patients.
De ce fait, l'étude SWISSI II avait été initiée il
y a 15 ans dans l'objectif de comparer les effets de l'ICP avec le traitement
médicamenteux. Chaque groupe de traitement avait également
reçu des conseils préventifs, et un traitement à
l'aspirine et à la statine pour déterminer le résultat
à long terme chez des patients avec un IM récent et une
épreuve d'effort sans symptômes mais une ischémie
myocardique silencieuse vérifiée par imagerie à
l'épreuve d'effort.
METHODES
Participants et mise en place
Trois centres médicaux suisses avaient participé et
présélectionné les patients éligibles. Les
patients atteints d'un premier IM avec élévation du segment ST
ou un IM sans élévation du segment ST au cours des trois
derniers mois et non touchés par une tumeur maligne étaient
éligibles. Ils devaient remplir les critères d'inclusion
suivants: subir une épreuve d'effort maximale ou limitée par les
symptômes et sans douleur thoracique, avoir un sous-décalage
significatif du segment ST comme indicateur d'ischémie silencieuse,
l'ischémie silencieuse devant être confirmée par imagerie
à l'épreuve d'effort, et montrant une maladie coronarienne mono
ou bitronculaire à la coronarographie, justifiant une ICP Les patients
étaient ensuite admis dans l'essai à long terme s'ils
fournissaient leurs consentements éclairés par écrit. Le
protocole d'étude avait été approuvé par les
comités d'éthique de chacun des 3 établissements
participants et était conforme aux principes énoncés dans
la déclaration d'Helsinki. Tous les participants avaient
déposé leurs consentements éclairés par
écrit.
Dépistage de l'ischémie silencieuse
Tous les participants étaient soumis à une épreuve
d'effort sur cycloergomètre, limitée par les symptômes,
commençant à 50W et augmentant de 25W toutes les 2 minutes
jusqu'à l'épuisement.
L'ischémie asymptomatique était définie comme un
décalage horizontal ou vers le bas, de 1mm ou plus, du segment ST, dans
une ou plusieurs des 12 dérivations de l'électrocardiogramme,
mesurées 80 millisecondes après le point J.
Les patients ayant ce résultat étaient demandés de
subir une imagerie à l'épreuve d'effort (scintigraphie
myocardique de perfusion à l'effort, échocardiographie de
stress, ou une angiographie isotopique d'effort) Ces tests d'imagerie
étaient réalisés selon les techniques standards et
l'ischémie était diagnostiquée uniquement en
présence d'un défaut de perfusion explicitement
réversible ou une anomalie nouvellement déclarée de la
cinétique pariétale. L'ischémie silencieuse avait
été confirmée par la scintigraphie myocardique de
perfusion à l'effort chez 98 patients, par l'échocardiographie
de stress chez 91 patients et par angiographie isotopique d'effort chez 12
patients.
Randomisations et interventions
Les patients ayant une ischémie silencieuse confirmée avaient
subi une angiographie coronarienne de diagnostic S'ils avaient une maladie
coronarienne mono ou bitronculaire pouvant être l'objet d'une ICP, ils
étaient randomisés à l'angioplastie à ballonnet
(groupe ICP, n=96) ou à la prise en charge médicamenteuse
(groupe de traitement intensif aux médicaments anti-ischémiques,
n=105). La randomisation était générée
informatiquement. Les traitements affectés individuellement avaient
été placés dans des enveloppes scellées qui
avaient été distribuées aux centres participants par lots
de 36 enveloppes. L'ICP, (suivant les techniques standards mais sans pose de
stent durant cette période) était réalisée dans
l'objectif d'atteindre une revascularisation complète, sans
sténoses coronaires résiduelles de plus de 75% Le traitement
médicamenteux anti-ischémique consistait, soit de 5 à 10
mg/jour de bisoprolol, ou de 5 à 10mg/jour d'amlopidine, ou de 4
à 12mg de molsidomine, deux fois par jour, ou des combinaisons de ces
médicaments, visant à faire disparaître ou à
réduire l'ischémie silencieuse pendant l'épreuve sur
cycloergomètre. La décision de commencer par un
médicament donné et d'augmenter la dose ou de passer à
une thérapie combinée était laissée au
médecin traitant et pour la suite du suivi. Les inhibiteurs de l'enzyme
de conversion de l'angiotensine avaient été recommandés
comme traitement hypotensif. En outre, les deux groupes de patients avaient
reçu des conseils préventifs concernant le contrôle
pondéral, les habitudes alimentaires, le sevrage tabagique, les
activités physiques quotidiennes, et 100mg/jour d'aspirine et d'une
statine.
Suivi et résultats
Le suivi était similaire pour tous les groupes et pour tous les
centres participants Les patients étaient suivis en consultation
externe pour les trois centres, à 3, 6 et 12 mois, puis annuellement
jusqu'au suivi final à 10 ans. Les suivis avaient pris fin le 23 mai
2006. Les évaluations de suivi comprenaient une épreuve d'effort
au cycloergomètre combinée à des tests d'imageries
(scintigraphie myocardique de perfusion à l'effort,
échocardiographie de stress, ou une angiographie isotopique d'effort)
pour noter les évènements ischémiques ou une
ischémie résiduelle afin d'orienter la suite du traitement vers
une modification des traitements anti-ischémiques ou vers l'ICP. Les
patients exempts d'évènements fatals étaient suivis
jusqu'au dernier point de suivi planifié. Les patients perdus de vue
étaient censurés au dernier contact médical. Le
critère d'évaluation principal de cette étude
était la survie, exempte d'évènements cardiaques
indésirables majeurs. Les événements cardiaques
indésirables majeurs étaient définis comme étant
le décès cardiaque (décès dont la cause n'est pas
clairement établie comme non cardiaque), un IM non fatal
(récurrent), et/ou une revascularisation sur motivations
symptomatologiques (ICP ou un pontage coronarien). L'IM était
diagnostiqué par la présence de douleurs thoraciques, une
élévation du segment ST à l'électrocardiogramme,
et/ou typiquement une augmentation et une diminution des enzymes cardiaques
selon les définitions la Société Européenne de
Cardiologie.12
L'IM silencieux était diagnostiqué par la présence de
nouvelles ondes Q sur l'électrocardiogramme au repos, appuyée
par des anomalies de la cinétique pariétale sur
l'échocardiogramme au repos, avec une diminution de la fraction
d'éjection ventriculaire gauche (FEVG) de 5% ou plus et/ou une
réduction de 10% ou plus de la FEVG par rapport à un
échocardiogramme précédent. Les critères
d'évaluation secondaires incluaient chaque composant du critère
d'évaluation principal ainsi que la mortalité non cardiaque, la
mortalité globale, et un angor qui ne conduisait pas à une
revascularisation. Tous les critères d'évaluation étaient
examinés par une commission, formée de deux cardiologues (M.Z et
W.K), en insu des groupes de traitements. En cas de désaccord, un
troisième cardiologue était consulté. De plus,
l'ischémie induite par l'effort (sous-décalge ST significatif)
et le FEVG au repos étaient notées tout au long du suivi en tant
que résultats supplémentaires à relever. Pour
accroître la validité de ces résultats additionnels, les
patients remplissant le critère d'évaluation principal
étaient censurés à partir du moment de réalisation
de ce critère.
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Figure 1.. Profil d'essai
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Taille de l'échantillon et analyse statistique
La taille de l'échantillon avait été établie
à partir de l'hypothèse la plus exigeante pour détecter
l'effet de l'ICP sur le critère d'évaluation principal, se
basant sur les publications disponibles en 1992. La taille calculée
était de 72 patients par groupe, utilisant une significativité
de .05, une puissance statistique de 80% et une incidence du critère
d'évaluation principal de 30% dans le groupe traitement
médicamenteux et 10% dans le groupe ICP au bout de 2 ans.
Les dates sont exprimées en pourcentages et moyennes (SD). Les
variables continues étaient comparées par le test t,
considérant les distributions normales ou par le test de Mann-Whitney
pour les variables avec une distribution anormale. Les variables dichotomiques
étaient comparées par le test de2, ou le test
exact de Fisher quand il y avait moins de cinq cellules. Dans tous les tests,
une valeur de P =.05 était considérée comme
statistiquement significative. Le model à risques proportionnels de Cox
était utilisé pour calculer les rapports de risque, une
intervalle de confiance de 95% pour la comparaison des taux
d'évènements dans le groupe ICP et le groupe traitement
médicamenteux, après ajustement pour l'âge, le sexe, et
d'autres affectations qui avaient montré une possible influence sur le
résultat de l'analyse univariable (poids, dyslipidémie,
diabètes, nombre de vaisseaux malades, nombre de lésions >
75%, lésions dans l'artère circonflexe, FEVG et la pression
ventriculaire gauche en fin de
diastole).13
Les déviations à partir des risques proportionnels
supposés avaient été testées en analysant le test
global des résidus de Schoenfeld. Les temps jusqu'à
évènement avaient été représentés
par l'estimation de la survie par les estimateurs de Kaplan-Meier. Les
analyses des critères d'évaluation primaire et secondaires
avaient été réalisées selon le principe de
l'intention de traitement. Les analyses statistiques avaient été
réalisées avec le logiciel Staga version 8.2 (StataCorp, College
Station, Tex).
RESULTATS
Sélection des patients, valeurs et observations initiales et traitement initial
Figure 1 montre le processus
de sélection et de randomisation des patients Sur 1057 patients en
présélection, 201(19.0%) avaient remplis le critère
d'inclusion et avaient été randomisés entre le 2 mai 1991
et le 25 février 1997. Seuls 9 patients (4.5%) avaient
été considérés comme perdus de vue. Sur ces 9
patients, 4 avaient retiré leurs consentements, 3 avaient
déménagé et 2 étaient trop faibles pour participer
aux examens de suivi. Le suivi avait été complété
pour les 192 patients restants (95.5%) et sans données manquantes. A
l'initiation de l'étude, les deux groupes de traitement étaient
bien équilibrés au regard de l'âge, du sexe, des facteurs
de risques pour une coronaropathie, l'étendue de la dépression
ST pendant l'effort et l'implication des vaisseaux coronaires
(TABLE 1) Cependant, la
dyslipidémie était plus fréquente chez les patients du
groupe ICP. De plus, la FEVG au repos (un facteur pronostic important)
était plus faible chez les patients su groupe ICP. Les
caractéristiques de base des patients de l'étude
n'étaient pas significativement différentes des patients
présélectionnés mais pas inclus (données
disponibles sur demande aux auteurs) L'intervention coronarienne
percutanée avait été effectuée sur une moyenne de
2 (SD=1) lésions dans le groupe ICP et la revascularisation
complète avait été réalisée dans 91
patients (94.8%). Dans le groupe traitement médicamenteux, 95 patients
(90.5%) avaient initialement reçus un? -bloquant, 56 patients (53.3%)
un bloqueur des canaux calciques et 66 patients (62.9%) une nitrate à
libération prolongée. Le traitement par médicaments
anti-ischémiques avait été modifié ou accru selon
les résultats de l'électrocardiographie à l'effort
pendant le premier suivi à 3 mois et/ou si les symptômes
s'étaient produits.
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Tableau 1.. Caractéristiques de base
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Résultat principal pendant le suivi
Sur un temps de suivi moyen de 10.2 ans (SD=2.6) et un temps d'observation
total de 2067 personnes-ans, au moins un critère d'évaluation
principal s'était produit chez 94 patients. De ces 94 patients, 67
(64%) étaient du groupe traitement médicamenteux (7
décès cardiaques, 37 IM non fatals récurrents, et 23
revascularisations sur motivations symptomatologiques) et 27 (28%)
étaient du groupe ICP (1 décès cardiaque, 10 IM non
fatals récurrents, et 16 revascularisations sur motivations
symptomatologiques) Le décès cardiaque, l'IM non fatal, et les
revascularisations sur motivations symptomatologiques étaient tous, de
façon constante, plus fréquents dans le groupe de traitement
médicamenteux que dans le groupe ICP. Le même était vrai
pour l'angor ne conduisant pas à une revascularisation, alors que le
décès d'origine non cardiaque (n=3, respectivement due au
cancer, à une infection et le troisième non établi)
était uniquement observé dans le groupe ICP. La
FIGURE 2 montre les courbes de
survie, sans évènements cardiaques indésirables majeurs
pour les deux groupes de traitement. Bien que les courbes avaient
commencé à diverger dès le début, la
différence n'était devenue statistiquement significative
qu'après 2 ans. Après 10 ans, l'avantage était aux
patients du groupe ICP, avec un taux d'incidence d'évènements
cardiaques indésirables majeurs de 3.2% vs 9.5% pour les patients du
groupe de traitement médicamenteux (P=.001) Cela correspond à
une réduction absolue du taux d'évènements de 6.3% par an
(intervalle de confiance 95%, 3.7%-8.9%) en faveur du groupe ICP (P=.001).
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Figure 2.. Fonction de survie de Kaplan-Meier pour le décès cardiaque
infarctus du myocarde non fatal, et la revascularisation sur
critère symptomatologique
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Résultats secondaires relevés
La TABLE 3 résume les
principaux résultats secondaires relevés: l'ischémie
induite par l'effort, la FEVG au repos ainsi que les détails sur le
traitement médicamenteux et le contrôle de la pression sanguine.
Malgré l'atteinte d'une charge de travail plus importante à
chaque suivi, la prévalence et l'ampleur de l'ischémie
étaient moindres sur les patients du groupe ICP en
électrocardiogramme sur exercices répétés et leurs
FEVG au repos étaient préservées (moyenne initiale de
53.9% [SD=9.9%] à 55.6% [SD=8.1%] au suivi final chez 69 patients),
alors que la FEVG diminuait progressivement et de façon significative
(P=.001) chez les patients du groupe de traitement médicamenteux
(moyenne initiale de 59.7% [SD=11.8%] à 48.8% [7.9%] au suivi final
chez 35 patients). Il peut être intéressant de noter que ces
résultats proviennent de patients qui avaient reçu un traitement
intensif aux médicaments anti-ischémiques, comparativement aux
patients du groupe ICP chez qui un petit nombre seulement avait pris ces
médicaments.
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Tableau 3.. Résultats pendant le suivi
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COMMENTAIRES
Ceci est à notre connaissance, la première étude,
comparant le résultat à long terme d'une thérapie
invasive avec une thérapie intensive aux médicaments
anti-ischémiques, chez des patients asymptomatiques, présentant
une isché mie silencieuse après un IM récent. Nous avons
observé un bénéfice maintenu de l'ICP par rapport
à un traitement médicamenteux optimisé. Cet avantage est
devenu apparent après seulement deux années d'observations,
montrant des courbes de survie sans cesse divergentes jusqu'au suivi final
à 10 ans. L'avantage d'une revascularisation complète par ICP,
comparée à un traitement intensif par médicaments
anti-ischémiques ne se limitait pas seulement aux
évènements sérieux, comme le décès
cardiaque ou l'IM non fatal; des avantages touchant les besoins de
revascularisation, motivée par les symptômes (y compris des ICP
répétées pour des resténoses symptomatiques),
d'autres angines, ainsi que des signes objectifs d'ischémie et la
préservation à long terme de la FEVG, sont également
apparus. Un certains nombres d'études
rétrospectives1,14-16
et
prospectives17
ont fait état de l'impact pronostique de l'ischémie myocardique
silencieuse suivant un IM. Plusieurs études ont fait état de
l'effet d'un traitement médicamenteux sur l'angor et sur l'ensemble de
la charge ischémique, mais les évènements cardiaques
pertinents, mis à part la revascularisation pour un angor
aggravé, n'étaient pas significativement
diminués.18-21
Une étude pilote, de taille réduite, avec une période de
suivi de un an avait montré qu'une thérapie médicale
intensive et une ICP étaient comparables dans la suppression de
l'ischémie chez des patients stables après un IM, bien qu'il
n'ait pas été précisé sil'ischémie
était silencieuse ou
non.22 La
seule étude antérieure, comparant l'effet d'un traitement par
médicament anti-ischémique et une thérapie par
revascularisation, chez des patients ayant une ischémie silencieuse
après un IM, a été l'ACIP (Asymptomatic Cardiac Ischemia
Pilot study ou étude pilote sur l'ischémie cardiaque
asymptomatique).8-11
Cependant, les patients pouvaient avoir une ischémie asymptomatique
ainsi que des épisodes d'ischémie symptomatique dans
l'étude. Après deux années de suivi, la
revascularisation, en particulier le pontage coronarien, avait réduit
le taux de décès ou IM non fatal (jusqu'à 4.7%, en
comparaison au 12.1% et 8.8% respectifs de la thérapie basée sur
l'angor et la thérapie basée sur l'ischémie) et le taux
de décès, IM ou hospitalisations pour raisons cardiaques
(jusqu'à 23.1% en comparaison aux 41.8% et 38.5% des groupes
thérapeutiques médicaux respectifs; P=.003 entre la
revascularisation et les traitements médicaux).
Les résultats actuels de SWISSI II étendent ces
résultats aux patients asymptomatiques et sur une période
d'observation plus longue de 10 ans. Les patients de la présente
étude avaient été rigoureusement
sélectionnés pour l'absence de symptômes et de rapports
mentionnant une ischémie silencieuse. Ceci les différencie de
beaucoup des patients qui avaient fait l'objet des rapports
précédents, comme ceux de l'étude ACIP qui
présentaient de l'ischémie silencieuse en même temps que
de l'ischémie symptomatique. De ce fait, ces résultats
révèlent le standard clinique dans la prise en charge des
patients présentant une ischémie silencieuse significative
après un IM. Des patients différents de la plupart de ceux qui
ont été enrôlés dans l'essai COURAGE (Clinical
Outcomes Utilizing Revascularization and Aggressive Drug Evaluation ou
Evaluation des résultats cliniques sur l'emploi de la revascularisation
et de médicaments
agressifs).23
Récemment, l'OAT (Open Artery Trial ou Essai sur l'artère
ouverte) avait fait état de l'inexistence de bénéfices
sur 4 ans, de l'ouverture d'une occlusion artérielle, associée
à l'infarctus après un IM. En contradiction avec cette
étude, SWISSI II incluait uniquement les patients ayant
l'ischémie d'intérêt et donc un myocarde viable. En fait,
les patients de l'étude OAT ayant des symptômes
modérés avaient également des bénéfices
faces à l'angor, comme les patients de SWISSI II. Regroupés, ces
résultats montrent la nécessité d'une ICP après un
IM, uniquement en présence d'ischémie symptomatique ou
silencieuse mais pas en son absence. Les résultats sont en faveur de
l'angioplastie, même si les patients du groupe ICP avaient
commencé avec une FEVG inférieure et n'avaient pas reçu
de stents.
Il y a plusieurs écueils possibles dans l'investigation actuelle.
Premièrement, l'essai n'était pas en aveugle. Afin de limiter le
risque de biais, nous avions fait appel à des résultats
objectifs et un comité d'éthique avait jugé les
critères d'évaluation, en insu des groupes de traitement, et
basée ses décisions sur des dossiers de cas hospitaliers
établis par d'autres médecins non impliqués dans
l'étude. Deuxièmement, seule une minorité des patients
étaient des femmes. Cependant, un premier IM est moins fréquent
chez les femmes que chez les hommes chez les moins de 60 ans. Le taux de 11%
à 13% dans cette étude n'est pas beaucoup plus bas que les 15%
observés chez des patients de l'essai TRIAL, âgés de 6 ans
de plus. Troisièmement, les interventions dans cette étude
représentent ce qui se faisait de mieux il y a 10 ans. Les
développements plus récents dans les thérapies
médicales et interventionnelles, comme le recours à de doses
élevées de statine et de clopidogrel ou encore l'emploi de
stents, pourraient avoir améliorés les résultats.
Quatrièmement, aucun médicament particulier ou une
thérapie médicamenteuse spécifique n'a été
testé mais plutôt un régime individualisé de
médicamenteux anti-ischémiques, dans l'objectif de faire
disparaître la dépression ST silencieuse, induite par l'effort,
comme validation de concept. Pour finir, malgré des calculs formels de
la puissance de l'étude, la taille de l'échantillon était
relativement petite.
CONCLUSIONS
Parmi les patients atteints d'IM récent, d'ischémie
myocardique silencieuse vérifiée par imagerie à
l'épreuve d'effort, et de maladies coronariennes mono- ou
bitronculaires, l'IPC, comparativement aux médicaments
anti-ischémiques, réduisait le risque à long terme
d'évènements cardiaques majeurs.
Nos résultats sont des arguments en faveur d'une approche recourant
à l'ICP pour cibler l'ischémie chez les survivants
asymptomatiques d'un IM.
Informations sur les auteurs
Correspondance: Paul Erne, MD, Division of Cardiology, Kantonsspital
Luzern, CH-6000 Luzern 16, Switzerland
(Paul.Erne{at}ksl.ch).
Contributions des auteurs: Les Drs Erne et Schoenenberger ont eu un accès complet à toutes les données de l'étude et acceptent la responsabilité de l'intégrité et de l'exactitude de l'analyse des données.
Conception et schéma de l'étude: Erne, Burckhardt, Zuber, Buser, Dubach, Pfisterer.
Recueil des données: Erne, Zuber, Buser, Dubach, Pfisterer.
Analyse et interprétation des données: Erne, Schoenenberger, Kiowski, Resink, Pfisterer.
Rédaction du manuscrit: Erne, Schoenenberger, Resink, Pfisterer.
Revue critique du manuscrit: Erne, Schoenenberger, Burckhardt, Zuber, Kiowski, Buser, Dubach, Resink, Pfisterer.
Analyse statistique: Erne, Schoenenberger, Kiowski.
Obtention du financement: Erne.
Aide administrative, technique ou matérielle: Erne, Schoenenberger, Zuber, Dubach, Resink.
Supervision de l'étude: Erne, Burckhardt, Buser, Pfisterer.
Liens financiers: Aucun déclaré.
Financement/Soutien: The Swiss Interventional Study on Silent Ischemia Type II a été financée grâce à une bourse de la von Muralt Stiftung/Swiss Heart Foundation, Berne, Suisse, et a bénéficié du soutien de bourses éducationnelles de Hoechst Pharma, Merck Pharma, et Pfizer, tous en Suisse. Le Dr Schoenenberger a bénéficié du soutien d'une bourse de la Robert Bosch Foundation, Stuttgart, Allemagne.
Rôle du sponsor: Aucune des organisations ayant finance ou des sponsors n'a joué un rôle dans le schéma et la conduite de l'étude, dans le recueil, la gestion, l'analyse et l'interprétation des données, ni dans la revue ou l'approbation du manuscrit.
Remerciements: Nous remercions Marcel Zwahlen, PhD, Department of Social and Preventive Medicine, University of Berne, Berne, Suisse, pour ses conseils sur l'analyse statistique. Le Dr Zwahlen n'a pas reçu de compensation financière pour ses conseils.
Affiliations des auteurs: Division of Cardiology, Kantonsspital
Luzern, Luzern, Switzerland; Division of Geriatrics, Department of General
Internal Medicine, University Hospital, Berne, Switzerland; Division of
Cardiology, Department of Research, University Hospital, Basel, Switzerland;
Department of Social and Preventive Medicine, University of Berne, Berne,
Switzerland; Heart and Vascular Center Zürich, Klinik im Park,
Zürich, Switzerland; Division of Cardiology, Rhätisches
Kantonsspital, Switzerland.
BIBLIOGRAPHIE
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