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  Vol. 298 No. 9, 5 septembre 2007 TABLE OF CONTENTS
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Mortalité dans les hôpitaux de vétérans sur les deux premières années suivant la réforme de l'ACGME sur les heures de travail des résidents.

Kevin G. Volpp, MD, PhD; Amy K. Rosen, PhD; Paul R. Rosenbaum, PhD; Patrick S. Romano, MD, MPH; Orit Even-Shoshan, MS; Anne Canamucio, MS; Lisa Bellini, MD; Tiffany Behringer, MS; Jeffrey H. Silber, MD, PhD


RÉSUMÉ

Contexte Un règlement limitant les heures de travail pour les médecins en formation aux Etats-Unis a été élaboré par l'Accreditation Council for Graduate Medical Education (ACGME) et mis en vigueur le 1er juillet 2003. L'association entre ces changements et la mortalité hospitalière n'est pas clairement établie.

Objectif Déterminer si le changement affectant les heures de travail a été associé à des variations de la mortalité dans des hôpitaux du département des vétérans américain (DV) impliqués de façon inégale dans la formation.

Conception, cadre, et patients Une étude descriptive de patients uniques (N=318 686) admis en soins de courte durée dans des hôpitaux du DV (N=131) par analyse de séries temporelles interrompues avec des données allant du 1er juillet 2000 au 30 juin 2005. Tous les patients avaient un diagnostic principal d'infarctus aigu du myocarde (IAM), d'insuffisance cardiaque congestive (ICC), de saignement gastro-intestinal, d'accident cérébrovasculaire ou une classe DRG (Diagnosis related group) regroupant la chirurgie générale, orthopédique, ou vasculaire. La variation de la mortalité entre les hôpitaux fortement impliqués dans la formation et ceux moins impliqués, avant (année académique 2000-2003) et après (année académique 2003-2005) la réforme sur les heures de travail a été analysée par régression logistique, avec des ajustements sur les comorbidités, tendances temporelles communes, et le site concerné.

Critère d'évaluation principal Mortalité sur les 30 jours suivant l'admission, tous sites confondus.

Résultats Pour l'année 1 post-réforme, aucune variation associée significative n'a été observée, aussi bien pour les patients médicaux que chirurgicaux. Sur l'année 2, les patients médicaux ont connu une baisse significative du risque de mortalité dans les hôpitaux ayant une importante activité de formation. Entre un hôpital ayant un rapport résident/lit de 1 et un hôpital où le rapport est de 0, le risque de mortalité a été réduit pour les patients ayant un IDM (rapport des cotes [RC] 0.48; intervalle de confiance [IC] 95%, 0.33-0.71), pour les quatre pathologies réunies (RC 0.74; IC 95%, 0.61-0.89), et pour les trois pathologies sans l'IAM (RC, 0.79; IC 95%, 0.63-0.98). Comparés à des hôpitaux dans le 25e percentile du niveau d'activité de formation, il y a eu une amélioration absolue de la mortalité de 0.70 point de pourcentage (réduction relative 11.1%) et de 0.88 point de pourcentage (réduction relative 13.9%) de l'année 1 avant la réforme à l'année post-réforme 2, respectivement pour des hôpitaux du 75ème et 90ème centile, pour la combinaison des pathologies.

Conclusions La réforme de l'ACGME sur les heures de travail a été associée à une amélioration significative de la mortalité hospitalière pour 4 pathologies courantes dans les hôpitaux du DV ayant les plus fortes activités dans la formation, 2 ans après la reforme.

JAMA. 2007;298(9):984-992


L'ACGME (Accreditation Council for Graduate Medical Education) a introduit le 1er juillet 2003 de nouvelles réglementations sur les heures de travail pour tous les programmes de résidanat (médecin en formation de spécialité) dépendant de son accréditation suite aux décès liés aux erreurs médicales. Ces réglementations limitent le nombre d'heures de travail par semaine, la fréquence des appels à domicile, et imposent un intervalle de temps minimum entre les heures de service.

En l'absence de données concrètes en faveur du système de régulation adopté, la façon dont il est conçu fait l'objet de nombreuses critiques. Parmi les préoccupations figure son impact sur la continuité des soins qui pourrait contre-balancer tout le bénéfice d'une réduction de la fatigue sur la mortalité. La plupart des études portant sur la durée de travail ne se sont pas intéressées à son impact sur la qualité des soins et se sont uniquement appuyées sur des sondages et les constats des résidents sur la conséquence de la réforme. Les études récentes analysant les corrélations entre des variations de la mortalité et le niveau de formation après la mise en place de la régulation, ont soit manqué de puissance statistique, soit utilisé des sources de données pouvant mettre en doute la validité des résultats. C'est pourquoi nous avons analysé l'association entre la réforme horaire de l'ACGME et les variations de la mortalité. Les tendances pour la mortalité ajustée pour le risque entre des établissements ayant des niveaux d'activité de formation différents ont été comparées afin d'évaluer l'existence d'une amélioration différentielle en réponse à cette régulation. Nous avons utilisé des données provenant d'un spectre très large de profils cliniques parmi les patients du système de soins du département des vétérans américain (VA) qui est l'unique fournisseur majeur de programmes d'internats aux Etats-Unis.


METHODES

L'étude a reçu l'approbation des comités d'éthique du Philadelphia Veterans Affairs Medical Center, l'hôpital des enfants de Philadelphie, et l'université de Pennsylvanie, en Philadelphie.

Principaux critères d'évaluation

Le critère d'évaluation principal était le décès dans les 30 jours suivant l'admission pour tous patients admis pour un infarctus aigu du myocarde (IDM), de saignement gastro-intestinal, d'insuffisance cardiaque chronique (ICC), chirurgie générale, chirurgie orthopédique, ou chirurgie vasculaire. Ces conditions constituent un sous-groupe d'indicateurs AHRQ (Agency for Healthcare Research and Quality) pour lesquels le pronostic fatal est non négligeable et des preuves existent pour une variation notable de la mortalité entre les différents établissements et une corrélation entre une mortalité élevée et une déficience qualitative des soins. Bien que les indicateurs AHRQ ne prennent en compte que la mortalité hospitalière, nous avons analysé tous les décès hospitaliers ou post-hospitaliers 30 jours après l'admission afin d'éliminer le biais apporté par la différence de la durée de séjour pour différents établissements ou périodes.

Echantillon étudié

L'échantillon a été constitué avec tous les patients admis en soins de courte durée dans les hôpitaux du DV entre le 1er juillet 2000 et le 30 juin 2005, et ayant un diagnostic principal d'IAM, d'ICC, de saignement gastro-intestinal, d'accident cérébrovasculaire, ou ayant une classe DRG (diagnosis related group) de chirurgie générale, orthopédique, ou vasculaire. L'échantillon initial incluait 459 321 hospitalisations réparties sur 132 hôpitaux et fournissant des données sur la totalité des 5 années. Les admissions hors des 50 états ou Washington DC (n=8524), les transferts en provenance d'hôpitaux non DV (n=6337), les transferts rapprochés d'une admission initiale qualifiable (afin de ne pas l'inclure deux fois en moins de 30 jours) (n=4103), et les hospitalisations à cheval sur juin et juillet 2003 (n=1729), ou ayant des dates de sortie antérieures aux dates de décès (n=2) ont été exclues. Ont été également exclus les patients de plus de 90 ans (n=2388); la proportion de ces patients recevant des soins intensifs pouvant varier dans le temps d'une manière non appréciable par les données administratives. Parmi les patients ayant eu un IDM ou un accident cérébrovasculaire, ceux qui ont survécu et quitté l'hôpital en moins de 2 jours (n=5231) ont été exclus, car le diagnostic initial est douteux. Ces exclusions ont abouti à un total de 431 007 patients provenant de 131 hôpitaux.

L'hospitalisation index était définie comme la première hospitalisation éligible entre juillet 2000 et juin 2005 et pour laquelle la pathologie ou la classe chirurgicale considérée n'a pas fait l'objet d'une hospitalisation antérieure dans les 5 dernières années (en remontant jusqu'au 1er juillet 1995). Ceci permet de s'assurer que chaque patient n'était représenté qu'une seule fois dans chaque analyse. La première hospitalisation sur les 5 dernières années était choisie pour chaque patient de manière à éviter de sélectionner des cas pour lesquels la mortalité post-réforme serait plus élevée pour des raisons autres que la réforme horaire. Pour des patients ayant eu de multiples hospitalisations, toute hospitalisation précédente correspondait à une hospitalisation à laquelle ils auraient survécu. L'inclusion de multiples hospitalisations aurait amené de ce fait un biais de confusion lié au temps, biais dans lequel les hospitalisations avec issue fatale auraient eu plus de probabilité de survenir après la réforme.

En utilisant cet index, l'échantillon était de 318 636 pour 131 hôpitaux. Plus de 90% des patients pour chaque pathologie ont eu une première hospitalisation remplissant ces critères sauf pour l'ICC, pour lequel la proportion était d'environ 88%. Pour cette raison, nous avons évalué la stabilité de cette approche chez des patients ayant eu de multiples hospitalisations en recherchant l'association avec la réforme horaire pour les patients ayant un ICC et qui ont connu une deuxième ou une troisième hospitalisation à moins de 6 mois de la première.

Ajustement sur le risque et valeurs de contrôle pour les hôpitaux.

L'ajustement sur le risque a été réalisé selon la méthode d'Elixhauser, incluant les 29 comorbidités originelles sauf les troubles hydro-électrolytiques et les troubles par coagulopathie. Des ajustements sur l'âge et le sexe ont également été réalisés. Pour les patients IAM, nous avons évalué la sensibilité de l'inclusion de la localisation anatomique de l'IDM (Classification internationale des maladies, 9ème révision [ICD-9]: antérieur 410.00-410.19, inféro-latéral 410.20-410.69, sous-endocardique 410.7x, autre 410.80-410.99.)

Pour les patients chirurgicaux, nous avons également fait des ajustements sur les classes DRG, regroupées pour inclure des groupes associés avec ou sans complications ou comorbidités. Rétrospectivement, nous avons analysé les données d'hospitalisation relatives aux diagnostics secondaires 180 jours après l'hospitalisation index afin d'avoir une compréhension plus poussée des comorbidités qu'avec l'étude de l'hospitalisation index seule.

Données

Les données caractéristiques des patients ont été obtenues à partir du registre des soins de la VA qui inclut des informations sur le diagnostic principal et secondaire, l'âge, le sexe, et la disposition de sortie. La mortalité a été obtenue à partir du registre des soins pour les décès en milieu hospitalier et du registre des décès de la base BIRLS (Beneficiary Identification and Record Locator System) de la VA pour les décès en dehors de l'hôpital. Les caractéristiques des hôpitaux ont été obtenues à partir du Veterans Health Administration Account Level Budgeter Cost Center, une base de données administrative renfermant des informations sur le personnel soignant, et des Veterans Health Administration Support Service Center Occupancy Rate Reports qui recensent le nombre de lits par établissement.

Le nombre de résidents dans chaque hôpital a été obtenu auprès du VA Office of Academic Affiliations qui supervise tout ce qui est en rapport avec la formation médicale postuniversitaire au sein de la VA et qui prend en charge la rémunération des résidents. Le financement l'enseignement médical est lié au nombre de résidents dans chaque hôpital du système de la VA, encourageant les établissements à faire des rapports compréhensifs dont les données sont régulièrement auditées.

Le critère primaire pour le niveau d'activité de formation a été le rapport résident/lit, calculé à un temps défini comme le nombre d'internes et de résidents divisé par le nombre moyen de lits opérationnels. Ce rapport a été utilisé dans de précédentes études pour faire la différence entre les hôpitaux ayant une activité de formation forte, faible, ou nulle.

Des comparaisons transversales de la qualité des soins dans les hôpitaux ayant ou non une activité de formation ont montré des résultats comparables en utilisant le rapport résident/lit ou des méthodes de mesure de l'American Hospital Association. Les hôpitaux de formation étaient définis comme ayant des rapports résident/lits non nul; les hôpitaux à forte activité et à très forte activité de formation étaient ceux avec des rapports de 0.25 à 0.599 et 0.6 ou plus.

Afin de confirmer la validité de ce rapport en tant qu'indicateur du niveau d'activité, nous avons vérifié que les hôpitaux de la VA ayant des rapports élevés avaient non seulement plus de résidents, mais également un programme de formation plus vaste. Par exemple, des hôpitaux du tertile inférieur pour le rapport résident/lit (0-0.179) avaient une moyenne de 2.5 pour le programme de résidanat sur les différentes spécialités; les hôpitaux du second tertile (0.180-0.551) une moyenne de 19.5, et les hôpitaux du tertile supérieur (>0.552) une moyenne de 26.7.

Nous avons utilisé le rapport résident/lit en tant que variable continue afin d'avoir plus de puissance statistique par rapport à une catégorisation arbitraire des hôpitaux. Il a été maintenu fixe en prenant le niveau sur l'année 1 pré-réforme afin que les éventuelles mesures de changement du nombre de résidents prises par les hôpitaux face à la réforme horaire ne soient pas une source de confusion pour l'estimation de l'impact réel de la réforme. Le rapport a peu varié dans le temps. La variation moyenne entre l'année 3 avant réforme et l'année 2 avant réforme était de -0.001, et de l'année 2 avant réforme à l'année 1 avant réforme de 0.001. L'année 3 avant réforme incluait l'année académique 2000-2001 (1er juillet 2000 au 30 juin 2001); l'année 2 avant réforme, l'année académique 2001-2002; l'année 1 avant réforme, l'année académique 2002-2003; l'année 1 après réforme, l'année académique 2003-2004; et l'année 2 après réforme, l'année académique 2004-2005.

Analyses statistiques

Nous avons utilisé la méthode des séries temporelles multiples, également connue sous le nom de différence des différences, afin d'évaluer si le changement des heures de travail était associé à une variation de la tendance sous-jacente du pronostic des patients des hôpitaux d'enseignement. Cette démarche réduit les biais potentiels venant de variables non quantifiées. La méthode des séries temporelles multiples compare chaque hôpital avec lui-même, avant et après la réforme, avec des ajustements pour les différences observées pour les facteurs de risque, mettant en contraste les variations pour les hôpitaux ayant beaucoup de résidents par rapport celles des hôpitaux ayant peu ou pas de résidents. Des ajustements sur les variations des résultats sur le temps (tendances), communes pour tous les hôpitaux, ont également été faits.

Cette démarche permet d'éviter des biais ayant 3 sources possibles. D'abord, une différence stable dans le temps entres les hôpitaux ne peut être considérée à tort comme un effet de la réforme, car chaque hôpital est comparé à lui-même, avant et après la réforme. Pour cela, des indicateurs d'effets fixes pour les hôpitaux ont été utilisés dans le modèle logistique. Ensuite, des variations dans le temps affectant tout les hôpitaux de la même manière (ex: évolution de la technologie) ne peuvent être considérées à tort comme des effets de la réforme. Pour cela, des indicateurs pour les années ont été utilisés dans le modèle logistique. Enfin, des variations de la population de patients des différents hôpitaux, si elles sont correctement reflétées dans les facteurs de risque mesurés, ne peuvent pas être considérées à tort comme des effets de la réforme, car le modèle logistique est ajusté sur ces facteurs de risque. Bien que la méthode de différence des différences offre ces avantages, elle a des limites. Toute divergence des tendances pour la mortalité entre les hôpitaux à forte activité et faible activité de formation, dans le temps et déjà amorcée avant ou coïncidant avec la réforme peut être considérée à tort comme un effet de la réforme; et ce, même si nous avons fait des évaluations poussées pour des similitudes entre les tendances pré-réforme pour les hôpitaux à forte activité et faible activité de formation et fait des ajustements sur toute différence sous-jacente observée dans les tendances pré-réformes.

Les hôpitaux à faible activité de formation, y compris sans, ont servi comme groupe de contrôle primaire pour les hôpitaux à forte activité, car soumis aux mêmes impératifs du système de la VA d'amélioration de la technologie et de la qualité des soins, ils ont une diversité géographique et de larges populations de patients, et ont des données de sortie de patients comparables. Le groupe de contrôle ne pouvait être constitué uniquement par les hôpitaux sans activité de formation, car seulement 15% des hôpitaux de la VA le sont. Des données allant du 1er juillet 2000 au 30 juin 2003 ont été prises pour la période de pré-réforme et des données allant de 1er juillet 2003 au 30 juin 2005 ont été utilisées pour la période post-réforme.

La variable dépendante était le décès dans les 30 jours suivant l'admission dans l'établissement, utilisant la régression logistique pour ajuster sur les comorbidités, les tendances séculaires communes à tous les patients (ex: évolution technologique générale), et l'établissement impliqué. L'effet du changement dans les heures de travail a été estimé par l'interaction entre les coefficients pour le rapport résident/lit et des variables factices indiquant l'année 1 ou l'année 2 après réforme. Ces coefficients, présentés comme des rapports de cotes (RC), mesurent le changement affectant la mortalité entre les hôpitaux à forte activité et à faible activité de formation, après des ajustements pour les différences transversales dans la qualité de l'hôpital et celui des soins en général. Ils ont été mesurés séparément pour chaque année à cause de la possibilité d'un effet bénéfique tardif ou d'effets néfastes précoces. Les pathologies ont été évaluées indépendamment et ensemble en tant que groupes pathologiques et chirurgicaux combinés. Dans les modèles, une différence dans la valeur initiale de la mortalité a été autorisée entre les hôpitaux à forte et à faible activité de formation, et une tendance commune a été supposée jusqu'à l'instauration de la réforme, après quoi les divergences étaient autorisées. Afin d'évaluer si les tendances sous-jacentes pour la mortalité ajustée au risque étaient similaires entre les hôpitaux à forte et à faible activité de formation avant la réforme de l'ACGME, nous avons analysé si l'amplitude du changement affectant la mortalité variait entre les deux groupes d'hôpitaux pendant les 3 années avant réforme (test des contrôles). Ceci a été réalisé avec un test {chi}2 de Wald, qui évalue si les interactions entre l'année 1 avant réforme et l'année 2 avant réforme avec le rapport résident/lit étaient égales à 0. Un test statistiquement significatif des contrôles a suggéré une divergence de tendance pour la mortalité dans les 3 années précédant la réforme pour les hôpitaux de formations et non formateurs. Lorsque de telles divergences étaient mises en évidence par le test des contrôles pour une pathologie donnée, des analyses post hoc étaient menées pour comparer les résultats après réforme en prenant comme année initiale l'année 1 avant réforme plutôt que d'utiliser toutes les données de la période avant réforme de 3 ans.

Afin d'avoir des illustrations des effets de l'intensité de l'activité de formation, nous avons converti les coefficients de régression en probabilités estimées de la mortalité pour un patient type en utilisant les valeurs moyennes pour chacune des covariables et en remplaçant les indicateurs pour les hôpitaux par le rapport résident/lit. Nous avons évalué la stabilité des résultats médicaux et chirurgicaux en (1) éliminant les patients admis dans les hôpitaux de l'état de New York à cause de l'adoption de la loi Libby Zion; (2) éliminant les patients admis provenant de maisons de santé, susceptibles de ne pas avoir reçu des soins intensifs; (3) évaluant la robustesse des résultats des analyses faites sans ajustement sur les comorbidités afin de déterminer si les changements dans la fréquence des comorbidités codifiées peuvent expliquer ces effets; et (4) en estimant l'importance du changement affectant la mortalité chez des patients hospitalisés une seconde ou une troisième fois pour une ICC moins de 6 mois après l'index. Toutes les valeurs P ont été bilatérales, ou pour les tests {chi}2, multilatérales. La significativité statistique a été admise à P<0.05. Toutes les analyses ont été réalisées avec SAS version 9.1 (SAS Institute Inc, Cary, Caroline du Nord).


RESULTATS

Le nombre d'admission pour chaque condition a été relativement constant, variant de moins de 8% par an pour n'importe quelle condition (Tableau 1). Les hôpitaux de la VA étaient fortement impliqués dans la formation, avec 85% environ des hôpitaux ayant une activité de formation et plus de 50% une forte ou très forte activité (rapport résident/lit >0.25) (Tableau 2).


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Tableau 1.. Caractéristiques de la population étudiée3

aInclus 318 636 patients et 131 hôpitaux. Les années pré-réformes et post-réformes sont des années académiques (ex: année 3 pré-réforme correspond à l'année académique du1er juillet, 2000 au 30 juin 2001).



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Tableau 2.. Caractéristiques des hôpitaux du Département des Vétérans Américains

aLa somme des pourcentages ne font pas nécessairement 100 du fait de l'arrondissement. Inclus 131 établissements et 318 636 admissions.


Les taux de mortalité non ajustés pour la combinaison des pathologies ont évolué de façon comparable dans chaque quartile du rapport résident/lit, de l'année 3 pré-réforme à l'année 1 post-réforme (FIGURE 1). En revanche, une amélioration relative a été observé pour l'année 2 post-réforme pour les hôpitaux ayant les rapports résident/lit les plus élevés. Le RC non ajusté de mortalité pour la combinaison des pathologies pour l'année 1 post-réforme a été de 1.09 (IC 95%, 0.92-1.29) et de 0.74 (IC 95%, 0.62-0.89) pour l'année 2 post-réforme. Par opposition, aucune différence n'a été observée pour les patients chirurgicaux entre les hôpitaux ayant des rapports résident/lit différents (Figure 1). Le RC non ajusté pour la mortalité pour la combinaison des catégories chirurgicales dans l'année 1 post-réforme a été de 0.94 (IC95%, 0.72-1.23) et 1.05 (IC95%, 0.79-1.39) pour l'année 2 post-réforme.


Figure 1
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Figure 1.. Tendances non ajustées pour la mortalité dans les hôpitaux du département des vétérans américain pour les combinaisons des pathologies et les catégories chirurgicaux par quartile du rapport résident/lit.

Les barres d'erreurs indiquent des intervalles de confiance à 95%, calculés selon une distribution binomiale. La régulation des heures de travail de l'Accreditation Council for Graduate Medical Education a été mise en place le 1er juillet 2003. L'année 3 pré-réforme incluait l'année académique 2000-2001 (1er juillet 2000 au 30 juin 2001); l'année 2 pré-réforme, l'année académique 2001-2002; l'année 1 pré-réforme, l'année académique 2002-2003; l'année 1 post-réforme, l'année académique 2003-2004; l'année 2 post-réforme, l'année académique 2004-2005. Pour la combinaison des pathologies, une divergence significative a été trouvée uniquement pour l'année 2 post-réforme (test {chi}2 de Wald, P =.001). Pour la combinaison des catégories chirurgicales, aucune divergence significative n'a été trouvée dans les deux années post-réformes. Le niveau de significativité évalue si la tendance de la période pré-réforme à l'année 1 et 2 post-réformes respectivement, différaient entre des hôpitaux de forte et de faible activité de formation.


Des analyses ajustées ont indiqué que, pour toutes les pathologies sur l'année 1 post-réforme, aucune variation statistique ment significative n'a été trouvé pour le risque de mortalité entre des hôpitaux de différents niveaux d'activité de formation (interaction entre l'année 1 post-réforme et le rapport résident/lit. Tableau 3).


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Tableau 3.. Risques ajustés de mortalité aprés la réforme horaire dans les hôpitaux à forte vs faible activité de formation

Abréviation: IC, intervalle de confiance.

aLes termes d'interaction (résident/lit X année 1 post-réforme) et (résident/lit X année 2 post-réforme) mesurent l'existence de variation relative pour le risque de mortalité entre les hôpitaux à forte et faible activité de formation. Les modèles sont également ajustés sur l'âge, le sexe, les comorbidités, les tendances temporelles communes, et le site d'hospitalisation.

bLes unités des rapports des cotes comparent les hôpitaux ayant un rapport résident/lit de 1 avec les hôpitaux ayant un rapport résident/lit de 0 (non formateurs).


Cependant, dans l'année 2 post-réforme, le risque de décès a baissé de façon plus notable dans les hôpitaux à forte activité de formation pour les IDM et pour la combinaison des 4 pathologies (interaction entre l'année 2 post-réforme et le rapport résident/lit Tableau 3). Parce que les IDM étaient la seule pathologie qui montrait indépendamment une réduction significative des risques de mortalité, nous avons réalisé une étude post hoc de la combinaison des 3 pathologies, sans l'IDM ; ce groupe a également montré une réduction significative des risques de mortalité pour les hôpitaux à forte activité de formation. Parmi les patients admis pour des chirurgies générales, orthopédiques, ou vasculaires, les risques de mortalité n'ont montré aucune variation significative pour des hôpitaux de différents niveaux d'activité de formation, que cela soit en année 1 ou 2 post-réformes (Tableau 3). Les statistiques C pour les modèles ont été compris entre 0.72 et 0.88.

Les RC du tableau 3 sont mis à l'échelle pour souligner le contraste entre des rapports résident/lit de 1 et 0, mais d'autres comparaisons possibles pour la combinaison des pathologies sont montrées dans le tableau 4. Par exemple, le risque de mortalité pour un patient admis dans un hôpital ayant un rapport résident/lit de 0.60 (forte activité) en année 2 post-réforme serait amélioré de 17% par rapport à une admission du même patient dans un hôpital non formateur, pour la même période, après ajustement sur les différences de résultats pour les valeurs initiales.


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Tableau 4.. Comparaison entre les variations des risques de mortalité entre la période pré-réforme et l'année 2 post-réforme pour la combinaison des pathologies et pour des hôpitaux de différents niveaux d'activité de formation.a

Abréviation: IC intervalle de confiance.

aChaque cellule indique le rapport entre la variation de la mortalité pour l'hôpital à plus forte activité de formation avec celle de l'hôpital à plus faible activité de formation. Par exemple, les hôpitaux à très forte activité de formation réduisent leurs risques de mortalité de 20% par rapport aux hôpitaux à faible activité de formation.


Pour chacune des pathologies, à l'exception des IDM, et pour chaque catégorie de chirurgie, le test des contrôles n'a montré aucune évidence pour une différence de tendance en période pré-réforme entre les hôpitaux de différent niveaux d'activité de formation. Cependant, pour les IDM, les résultats ont connu une amélioration plus rapide dans les hôpitaux à forte activité de formation, en pré-réforme, même si son importance était beaucoup plus faible par rapport à celle observée en année 2 post-réforme. Nous avons évalué la stabilité des résultats pour les IDM en cas d'ajustement sur ces tendances divergentes, en incluant les termes d'interaction entre l'année 2 pré-réforme et le rapport résident/lit et l'année 1 pré-réforme et le rapport résident/lit dans le modèle, et prenant l'année 1 pré-réforme comme l'année de référence ; nous n'avons trouvé aucune différence qualitative.

L'exclusion de l'analyse des patients admis dans des hôpitaux de l'état de New York ou des patients transférés de maisons de santé n'a pas affecté les résultats. Nous avons également analysé si les changements dans la codification des comorbidités pouvaient expliquer n'importe lequel de ces effets. Bien que nous ayons observé une augmentation relative de 2% à 4% dans la codification des comorbidités pour les hôpitaux à forte activité de formation par rapport aux autres pour l'année 2 post-réforme, des analyses de sensibilité sans ajustement pour les comorbidités ont produit des résultats similaires. Par exemple, le RC pour la combinaison des pathologies sans ajustement sur le risque a été de 0.74 (IC 95%, 0.62-0.89) vs 0.74 (IC 95%, 0.61-0.89) avec ajustement sur le risque. Dans les analyses de la combinaison des pathologies sans l'IDM, le RC en année 2 post-réforme, sans ajustement sur le risque a été de 0.82 (IC 95%, 0.66-1.01) vs (IC 95%, 0.63-0.98) avec ajustement des risques. Les différences significatives ont été également absentes sur l'importance de variation de la mortalité entre les hôpitaux à forte et faible activités de formation pour des patients avec IDM, avec un ajustement pour la localisation anatomique, ou pour des patients avec ICC qui ont connu une deuxième ou une troisième hospitalisation moins de 6 après la première.

La Figure 2 montre les probabilités estimées de mortalité pour chaque année pour un patient type dans des hôpitaux situés dans le 25ème (rapport résident/lit de 0.07), 50ème (rapport résident/lit de 0.42), 75ème (rapport résident/lit de 0.65), et 90ème (rapport résident/lit de 0.87) percentiles pour le niveau d'activité de formation. Pour la combinaison des pathologies, les tendances pour la mortalité ajustée étaient comparables entre les hôpitaux de différents niveaux d'implication entre l'année 3 pré-réforme et l'année 1 pré-réforme. Cependant, une divergence significative s'observait en année 2 post-réforme. De l'année 1 pré-réforme à l'année 2 post-réforme, un patient type dans un hôpital du 90ème percentile aurait connu une baisse de la mortalité de 5.15% à 3.74%, une différence de 1.41 en point de pourcentage. Comparée au taux d'amélioration sous-jacent pour un patient type dans un hôpital du 25ème centile, pour lequel la mortalité baisse de 0.53 en point de pourcentage (de 6.29% à 5.76%), ceci représente une différence absolue de 0.88 en point de pourcentage (13.9% de réduction relative). Un patient type traité dans un hôpital du 75ème percentile devrait connaître une amélioration absolue de la mortalité de 0.70 point de pourcentage par rapport à une admission dans un hôpital du 25ème centile (11.1% réduction relative). Contrairement au cas des pathologies, nous n'avons trouvé aucune différence de tendance pour la mortalité entre les patients chirurgicaux d'hôpitaux ayant différents niveaux d'activité de formation.


Figure 2
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Figure 2.. Probabilités estimées de la mortalité pour un patient type pour la combinaison des pathologies et la combinaison des catégories chirurgicales par rapport résident/lit.

Les tracés montrent les variations de la mortalité pour un patient avec des valeurs moyennes pour toutes les comorbidités dans des hôpitaux avec un rapport résident/lit à chaque percentile du niveau d'activité de formation. Les barres d'erreurs indiquent des intervalles de confiance à 95%, calculés selon une distribution binomiale. La régulation des heures de travail de l'Accreditation Council for Graduate Medical Education a été mise en place le 1er juillet 2003. L'année 3 pré-réforme incluait l'année académique 2000-2001 (1er juillet 2000 au 30 juin 2001); l'année 2 pré-réforme, l'année académique 2001-2002; l'année 1 pré-réforme, l'année académique 2002-2003; l'année 1 post-réforme, l'année académique 2003-2004; l'année 2 post-réforme, l'année académique 2004-2005. Pour la combinaison des pathologies, une divergence significative a été trouvée uniquement pour l'année 2 post-réforme (test {chi}2 de Wald, P =.001). Pour la combinaison des catégories chirurgicales, aucune divergence significative n'a été trouvée dans les deux années post-réformes.



COMMENTAIRES

La réforme des heures de travail à été soutenue comme pouvant améliorer le pronostic des patients en réduisant la fatigue, alors que d'autres études suggéraient le contraire en raison de la dégradation de la continuité des soins. Nos résultats suggèrent des améliorations significatives de la mortalité chez les patients des hôpitaux de la VA les plus impliqués dans la formation pour 4 pathologies fréquentes, ayant une mortalité assez élevée, consécutives à l'instauration de ces régulations horaires. Ces résultats devraient être examinés en prenant en considération les autres études sur la réforme horaires et les résultats au niveau du patient. Une analyse parallèle que nous avons effectuée sur les bénéficiaires de Medicare à l'échelle nationale n'a montré aucune variation relative significative de la mortalité entre les hôpitaux à forte et à faible activités de formation, aussi bien pour les patients médicaux que chirurgicaux. Les causes possibles de ces résultats discordants sont détaillées dans l'étude mentionnée, mais très brièvement, elles incluent une moyenne beaucoup plus élevée du rapport résident/lit des hôpitaux de la VA par rapport aux hôpitaux de formations non VA ; une autonomie potentiellement plus large pour les internes des hôpitaux de la VA ; des différences dans la constitution des équipes soignantes et des volumes de fréquentation; une différence dans l'équilibre entre réduction de la fatigue et dégradation de la continuité des soins; et potentiellement des différences pour des facteurs confondants non pris en compte.

Une étude monocentrique comparant les résultats entre des établissements formateurs et non formateurs, avant et après la réforme des horaires n'a pas été suffisamment étendue pour avoir la puissance statistique nécessaire pour comparer les variations de la mortalité. Une étude plus importante se basant sur des échantillons du Nationwide Inpatient Sample (NIS) du Healthcare Cost and Utilization Project's (HCUP's) a observé une amélioration faible mais significative de la mortalité pour des patients médicaux mais pas chirurgicaux dans les hôpitaux de formation, par rapport aux hôpitaux non formateurs, consécutif à la réforme. Cependant, les hôpitaux et les états dans lesquels les échantillons du HCUP NIS sont prélevés changent tous les ans, avec des variations possibles des proportions de données provenant de chaque hôpital pour chaque période. Ceci peut affecter la validité de ces comparaisons sur le temps. Le HCUP NIS n'inclut pas une identification individuelle des patients, excluant la possibilité de faire la distinction entre admission unique et multiple admission pour un même patient, et acceptant un possible biais sur les mesures des variations relatives de la mortalité dans le temps. Il n'inclut pas non plus les informations sur les décès hors du milieu hospitalier, se limitant uniquement à la mortalité hospitalière et, de ce fait, permet à des différences sur les taux de sortie de l'hôpital de biaiser potentiellement la corrélation entre la mortalité hospitalière et l'incidence du décès sur une période donnée après l'admission. Notre étude évite ces écueils en incluant les données de tous les hôpitaux sur toute la période, limitant les participants à une seule hospitalisation éligible pour une pathologie donnée, et en mesurant la mortalité totale 30 jours après l'admission.

Bien que cette étude soit descriptive et qu'on ne puisse être certain que la baisse de la mortalité soit due à la réforme, ces résultats sont néanmoins rassurants. Quelques unes ou toutes les améliorations pourraient être dues aux efforts de réorganisation des établissements pour assurer le service en réponse à la réforme plutôt qu'à une réduction de la fatigue au sein du personnel soignant. Toutefois, des améliorations relatives ont été observées pour les patients médicaux dans les hôpitaux à très forte activité de formation. Ceci suggère que les initiatives qui auraient pu conduire à l'amélioration des résultats de l'hospitalisation pour tous les patients des hôpitaux à forte activité de formation n'ont pas perturbé nos résultats. Ces observations sont importantes car la VA est l'unique fournisseur majeur de programme de résidanat aux Etats-Unis, assurant au moins une partie de la formation du tiers environ de tous les résidents par an. Plus des deux-tiers des médecins aux Etats-Unis ont suivi une partie de leur formation dans un établissement de la VA.

La constatation d'une amélioration significative de la mortalité en année 2 post-réforme et pas en année 1 post-réforme est en concordance avec des travaux récents qui suggèrent une observance initialement faible du règlement, mais qui se serait améliorée pendant la première année post-réforme. Cependant, une étude de l'ACGME a montré que seulement 3,3% des résidents sondés en 2004-2005 (année 2 post-réforme) ont déclaré travailler plus de 80 heures par semaine sur le mois écoulé par rapport à 3.0% en 2003-2004. Des études observant les effets de la loi Libby Zion dans l'état de New York n'ont trouvé aucune différence de mortalité dans les hôpitaux de formation et les hôpitaux non formateurs ou au sein du même hôpital de formation. Les taux d'observance auraient pu cependant être très faibles. La raison de l'amélioration de la mortalité avec les programmes éducatifs médicaux mais pas chirurgicaux n'est pas claire dans les hôpitaux de la VA. Une explication possible est qu'en chirurgie, la réforme a résulté en la dégradation de la continuité des soins, annulant toute amélioration liée de la diminution de la fatigue. Les programmes de formation médicaux auraient également pu développer de meilleurs systèmes de roulements et une implication accrue des résidents en service pour compenser la baisse de continuité. Une autre possibilité est que les programmes médicaux des hôpitaux de la VA adhèrent plus à la réglementation que les programmes en chirurgie. Il est possible que les stagiaires en chirurgie aient été moins affectés par la nouvelle réglementation que les stagiaires en médecine, même si volume horaire plus important des stagiaires en chirurgie pour la période pré-réforme puisse suggérer le contraire. Des travaux plus poussés, faisant appel à des mesures et des données de différents types sur les réponses du milieu hospitalier à la réforme sont nécessaires pour arriver à une meilleure compréhension de cette différence.

Il est important de connaître les limites potentielles de notre étude. Nous avons recherché des liens avec la mortalité, mais d'autres effets de la réforme horaire pourraient avoir une importance clinique aussi bien sur les soins apportés aux malades que sur la formation des internes. Ces mesures sont en eux-mêmes importantes, mais peuvent également servir d'intermédiaires dans la recherche sur la mortalité. Notre étude pourrait être mieux qualifiée d'étude d'effectivité plutôt qu'une étude d'efficacité.

Nous n'avons pas d'information sur le nombre d'heures effectivement travaillées dans chaque hôpital, même si le risque de perdre l'accréditation de l'ACGME soit un facteur d'incitation à l'observation du règlement. Le système de la VA participe plus à la formation que les autres structures, avec une proportion beaucoup plus importante d'hôpitaux de formation et plus d'autonomie pour les résidents. De ce fait, les résultats pour la VA ne s'appliquent pas forcément aux autres environnements. Nous ne disposons peut-être pas de puissance statistique suffisante pour conclure à l'absence d'un effet de la réforme horaire sur les programmes de formation en chirurgie, malgré l'inclusion de plus de patients chirurgicaux que médicaux. Du fait d'un taux de mortalité beaucoup plus bas chez les patients chirurgicaux, une variation relative du risque de mortalité chez ces patients, similaire à celle des patients médicaux ne peut être exclue. Cependant, les estimations ponctuelles ne suggèrent pas une variation de la mortalité chez ceux-ci entre les hôpitaux plus impliqués et moins impliqués dans la formation. Si un tel effet existe, l'importance de la variation absolue sur la mortalité serait faible. Bien que des variations dans la codification des comorbidités sur le temps doit être pris en compte, les résultats étaient similaires avec ou sans ajustement pour les comorbidités. Par ailleurs, pendant les 5 années de l'étude, il y a eu peu de changement dans le nombre moyen de comorbidités, le nombre de patient avec 0, 1, 2 ou 3 comorbidités, ou l'âge moyen dans les hôpitaux à forte, moyen, ou faible activité de formation. Ceci suggère qu'il n'y a pas de variations majeures dans le temps du profil des patients pour des hôpitaux ayant des niveaux différents d'activité de formation.

Des facteurs de confusion non-mesurés doivent toujours être envisagés. L'utilisation de données administratives limite l'ajustement pour le risque, mais l'approche par séries temporelles multiples réduit la vraisemblance d'un facteur de confusion important non mesuré. Notre analyse est ajustée sur des différences des variations initiales entre les hôpitaux de forte et de faible activité de formation. C'est pourquoi, la confusion ne pourrait se produire que si la prévalence des facteurs de risque non mesurés variait à des taux différents en fonction de l'activité de formation de l'hôpital. La confusion provenant d'autres mesures d'amélioration de la qualité est peu susceptible de poser un problème dans un système VA, car ces améliorations se font généralement à l'échelle du système et sont imposés à l'ensemble des établissements.

Bien que notre étude suggère des améliorations relatives des résultats des patients médicaux dans le système VA suite à la réforme, le débat reste ouvert sur l'efficacité des mesures actuelles dans la régulation des heures de travail. D'autres travaux ont trouvé des taux erreurs significativement plus faibles pour des services de 16 heures par rapport à 24 à 36 heures. La question de l'effectivité et le rapport coût-efficacité des différentes approches de la régulation des heures de travail pour améliorer le pronostic des patients ne peut être résolu que par des explorations plus poussées, avec d'autres démarches couplées à une évaluation rigoureuse.

En conclusion, nous avons trouvé que la réforme des heures de travail était associée à une amélioration significative de la mortalité dans les hôpitaux plus impliqués dans la formation pour des patients médicaux. D'autre part, nous n'avons trouvé aucune augmentation de la mortalité liée à la nouvelle réglementation chez les patients chirurgicaux. Des évaluations plus poussées des répercussions de la réforme sur d'autres facteurs cliniques et éducatifs à la fois dans les hôpitaux de la VA et les autres structures sont préconisées avant toute modification du système horaire actuel.


Informations sur les auteurs

Correspondance: Kevin G. Volpp, MD, PhD, Center for Health Equity Research and Promotion (CHERP), Philadelphia Veterans Affairs Medical Center, 3900 Woodland Ave, Philadelphia, PA 19104-6021 (volpp70{at}wharton.upenn.edu).

Les affiliations des auteurs sont indiquées à la fin de cet article.

Contribution des auteurs : Le Dr Volpp a eu un accès complet à toutes les données de l'étude et accepte la responsabilité de l'intégrité des données et de l'exactitude de l'analyse des données.

Conception et schéma de l'étude : Volpp, Rosen, Rosenbaum, Romano, Bellini, Silber.

Recueil des données : Volpp, Even-Shoshan, Canamucio, Behringer, Silber.

Analyse et interpretation des données : Volpp, Rosen, Rosenbaum, Romano, Canamucio, Bellini, Silber.

Rédaction du manuscrit : Volpp, Rosenbaum, Canamucio, Silber.

Revue critique du manuscrit : Volpp, Rosen, Rosenbaum, Romano, Even-Shoshan, Bellini, Behringer, Silber.

Analyse statistique : Volpp, Rosenbaum, Romano, Canamucio, Silber.

Obtention du financement : Volpp, Rosen, Silber.

Aide dministrative, technique, ou matérielle : Volpp, Even-Shoshan, Bellini, Behringer, Silber.

Supervision de l'étude : Volpp, Rosen, Rosenbaum, Silber.

Liens financiers : Aucun déclaré.

Financement/Soutien : Ce travail a bénéficié principalement d'une bourse IIR 04.202.1 de la US Veterans Affairs Health Services Research and Development Service. Un soutien a également été reçu sous la forme de bourses R01 HL082637 du National Heart, Lung, and Blood Institute et SES-0646002 du National Science Foundation.

Rôle des sponsors : Les sponsors n'ont joué aucun rôle dans le schéma et la conduite de l'étude, dans le recueil, la gestion, l'analyse et l'interprétation des données, ni dans la préparation, la revue ou l'approbation du manuscrit.

Autres contributions : David Blumenthal, MD, Harvard Medical School; David Dinges, PhD, University of Pennsylvania School of Medicine; participants aux travaux de l'University of Chicago et de l'University of Pennsylvania; le comité ACGME pour l'amélioration de l'environnement de la formation a fait des commentaires sur les premières redactions. Liyi Cen, MS, Philadelphia Veterans Affairs Medical Center et University of Pennsylvania, a aide comme programmateur informatique statistique sur ce projet. Anee Lee, BA, Philadelphia Veterans Affairs Medical Center, a aide en tant qu'assistante de recherche employée sur ce project. Les Drs Blumenthal et Dinges n'ont reçu aucune compensation pour leur rôle en tant que membres du comité consultative de cette étude.

Affiliations des auteurs: Center for Health Equity Research and Promotion, Veterans Administration Hospital, Philadelphia, Pennsylvania; Center for Outcomes Research, The Children's Hospital of Philadelphia, Philadephia, Pennsylvania; Departments of Medicine and Pediatrics and Anesthesiology and Critical Care, University of Pennsylvania School of Medicine, Philadelphia; Departments of Health Care Systems and Statistics, The Wharton School, University of Pennsylvania, Philadelphia; The Leonard Davis Institute of Health Economics, University of Pennsylvania, Philadelphia; Department of Health Policy and Management, Boston University School of Public Health, Boston, Massachusetts, and Center for Health Quality, Outcomes and Economic Research, Veterans Administration Hospital, Bedford, Massachusetts; et Division of General Medicine and Center for Healthcare Policy and Research, University of California Davis School of Medicine, Sacramento.


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